Thèmes : Histoire de Joseon / Lutte armée / Colonisation japonaise / Romance
Féminisme : 80% / Romance : 80 % / Bromance : 70 % / Paternalisme : 0% *
"J'ai toujours aimé les choses dites inutiles. La lune, les étoiles, les fleurs et le vent. Les rires... Et les plaisanteries. Je veux seulement me laisser porter et mourir là où mon voyage s'arrête. Voilà mon rêve." (citation de l'un des personnages, épisode 10).
Mr.Sunshine se déroule entre la fin du 19e et le début du 20e siècle en Corée : le pays est une royauté et s'appelle encore Joseon. Sa position stratégique en fait un objet de convoitise pour d'autres pays comme les Etats-Unis, la Russie ou bien sûr le Japon, qui tente depuis des siècles d'en faire une colonie. Le drama nous plonge au cœur de la résistance coréenne, au milieu de ses militants qui luttent pour l’indépendance de leur pays.
En 1871, Choi Yu-jin, 9 ans, fils d’esclave, est obligé de fuir son pays après la mort de ses parents, assassinés. Presque 30 ans plus tard, le petit garçon est devenu Eugene Choi, capitaine des US Marine Corps. Il revient à Joseon pour une mission diplomatique et redécouvre cette terre qu'il avait banni de sa vie. Il croise la route de la jeune et belle Go Ae-shin, élevée dans des draps de soie et membre secrète de l'Armée Vertueuse, qui œuvre, fusil au poing pour l’indépendance de Joseon. De nombreux autres personnages gravitent autour d'eux. Il y en a beaucoup, très charismatiques, je ne citerai que quelques uns d'entre eux :
-Gu Dong-mae, un Coréen devenu yakuza, membre de la société de Musin, un groupe de crime organisé japonais,
-Lee Yang-hwa, qui fut mariée de force à un Japonais aujourd'hui décédé. Femme indépendante, elle est la propriétaire d’un hôtel dont elle assure seule la gestion,
-Kim Hee-sung, petit-fils du seigneur ayant ordonné la mort des parents d'Eugene, un jeune dandy à l'âme de poète, conscient des malversations de ses aînés et fiancé d'Ae-sin,
-Jang Seung Goo, qui a perdu son père en 1871 sur les champs de bataille et qui est devenu le maître d'arme de Ae-sin
Je suis encore sous le charme de ce drama, qui est un éblouissement total. Visuellement, tout est splendide, de la première à la dernière scène. La photographie, les plans, les décors, les costumes, tout est somptueux. Les dialogues et monologues sont une merveille et l'on se surprend à retourner au cœur des épisodes pour les écouter de nouveau. La bromance entre les trois personnages masculins principaux est formidable de drôlerie (grâce notamment de Hee-sung face aux deux autres). Et puis il y a les visages, la délicatesse des gestes, celle de la musique (l'OST vous hantera longtemps), l'amour entre Eugene et Ae-sin qui est d'une grande pureté, tout cela concourt à faire de Mr Sunshine un trésor de beauté.
Et il n'y a pas que le visuel qui fascine, il y a aussi les actes : les comédiens incarnent des personnages héroïques, altruistes, courageux, vertueux, comme l'Armée pour laquelle ils se battent. On reste fascinés par leur dévouement, leur intégrité, leur amour pour leur pays. On est aussi touchés par leur souffrance : Eugene, qui s'est senti trahi par Joseon et s'est choisi un autre pays d'adoption, Dong-mae l'écorché vif qui incarne la colère à l'état brut mais aussi la fidélité, Yang-hwa la femme forte qui ne rêve en réalité que de retrouver les bras de sa mère, Hee-sung encore, honteux de sa condition d'aristocrate, foncièrement bon et chaleureux, dévoué mais désenchanté...
J'ai adoré ce drama, tellement beau et puissant. Le fait que l'histoire se déroule peu de temps avant la colonisation japonaise m'a permis de découvrir aussi ce pan de l'histoire que je connaissais mal. Le sort du pays est scellé, le spectateur le sait et c'est à la fois puissant et poignant...
L'amour entre Eugene et Ae-sin est aussi délicat qu'une porcelaine, la tendresse et l'affection de Dong-mae pour Yang-hwa et pour Hotaru (la jeune diseuse de bonne aventure muette) sont attendrissantes. Yang-hwa est aussi un personnage incroyablement poignant. Mais mes deux personnages favoris restent le solide et patient Jang et surtout l'adorable Hee-sung, innocent, plein d'humour mais tragique, éternellement seul, courageux, avec ce côté puéril qui le rend tellement attachant...
Chaque personnage du drama présente une tendance à l'autodestruction, cette envie de brûler telle une flamme. Comme Ae-shin le dit : je ne veux pas me contenter de vivre, je veux brûler comme une flamme, puis m'éteindre. C'est tellement vrai pour chacun d'entre eux. Chacun combat, à sa façon
et la plupart tombe, tous avec honneur et dignité. Et leurs fins laissent le spectateur en larmes... Dong-ma entraîne avec lui autant de membre de Musin qu'il peut, mais cette fois-ci, il ne se relèvera pas. Hee-sung -mon chouchou- combat avec ses mots et ses photos et disparait brutalement (pour moi, la mort la plus violente du drama) en laissant derrière lui ces témoignages capitaux pour l'Histoire. Et entre le 1er et le dernier épisode, il aura tellement grandi... Yang-hwa, le personnage le plus mystérieux de la série, le moins "impliqué" finalement, se révèle être celle qui fera le plus grand bruit. Eugene se sacrifie pour Ae-shin, mais aussi pour sa cause. Enfin, Ae-shin restera le témoin, qui aura vu tomber tant de camarades. Celle qui pensait s'éteindre restera finalement une flamme ardente...
Un mot sur les comédiens qui, en chœur, interprètent une partition brillante. Mentions particulières à Kim Min‑jung (Lee Yang-hwa) et Byun Yo-han (Kim Hee-sung) qui sont bouleversants.
Bref, voilà plusieurs semaine que j'ai terminé Mr Sunshine et que je n'arrive pas à m'en défaire. Un joyau, une merveille, un brasier à la fin déchirante.
*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094