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Thèmes : Histoire de Joseon / Histoire de la Corée / Japon / Saga familiale

Romance : 15 % / Bromance : 0 % / Paternalisme : 0% / Féminisme : 70 % *

Les espoirs et les rêves d'une famille d'immigrants coréens passent sur quatre générations alors qu'ils quittent leur patrie dans une quête indomptable pour survivre et prospérer.

Voilà un drama magnifique, oeuvre hommage au peuple coréen. Tout est est juste, tout est profond.

Nous suivons d'un côté, la vie de Sun-ja, qui commence au début du 20e siècle à Joseon (le pays n'est pas encore devenu Corée), et de l'autre celle de son petit fils, Solomon, à la fin des années 1980 au Japon.

Petit rappel historique : Joseon devient officiellement une colonie japonaise en 1910, après des décennies d'occupation nippone. A partir des années 1920, de nombreux coréens émigrent au Japon car privés de leurs terres. Beaucoup reviennent ensuite, après la guerre et la capitulation japonaise, mais certains restent. On les appelle les Zainichi. En 2016, ils étaient un peu plus de 330 000. Les Zainichi ont subi historiquement et subissent encore aujourd'hui plusieurs discriminations liées au racisme anti-coréen dans la société japonaise.

A travers l'histoire de la vie de Su-ja et de Solomon, la série met donc en avant l'histoire douloureuse du peuple coréen. Ce n'est pas la première série à le faire bien sûr et je vous conseille bien sûr le joyau qu'est Mr Sunshine, dont les événements se déroulent entre 1875 et 1910, juste avant l'histoire de Pachinko.

Que dire de Pachinko ? Déjà la série alterne de manière extrêmement naturelle et fluide les passages de l'une à l'autre des époques, comme si les deux destins se jouaient en parallèle alors qu'ils s'orchestrent à soixante-dix ans d'intervalle. Le personnage de Solomon, né et élevé au Japon, fait partie de cette génération volontairement déconnectée de ses racines. Multilingue (anglais, japonais, coréen), il travaille pour une grande société sino-américaine et est chargé de convaincre des propriétaires de céder leurs biens moyennant une somme rondelette. Il est confronté à une vieille dame d'origine coréenne qui refuse de vendre. Cette rencontre va venir remettre en question son équilibre et bouleverser sa vie, d'autant plus qu'il va y mêler sa grand-mère (Sun-ja donc)...

En parallèle, la jeune Sun-ja, à peine vingt ans, se voit dans l'obligation de quitter son pays, sa mère et ses racines au milieu des années 1920, quittant son pays du matin calme pour celui du soleil levant...

C'est un drama magnifique visuellement, à la réalisation soignée et léchée, au récit limpide, aux acteurs impeccables. La jeune Kim Min-ha surtout, dans le rôle de la jeune Sun-ja, est impressionnante. A l'image de son héroïne, la série fait preuve d'une grande maturité et d'une grande intelligence dans son déroulé. Elle n'est jamais mélo, et l'émotion n'est jamais forcée. Les personnages ne sont jamais des caricaturaux, ils sont complexes. Je pense notamment à celui de Han-su (formidablement interprété par Lee Min-ho)... C'est incroyable de voir à quel point la série arrive à rester à l'équilibre en alternant les deux époques, sans perdre son authenticité et son harmonie. Même en consacrant un épisode complet à un unique personnage (et au tremblement de terre de 1923 au Japon et à sa terrible conclusion pour bon nombre de Coréens), rien ne vient égratigner un ensemble pudique, nécessaire et gorgé d'émotion.

Un chef d'oeuvre qui a non seulement l'ambition d'adapter un récit remarquable, mais également de mettre en avant la mémoire d'un peuple, une mémoire peu reconnue, refoulée, foulée au pieds. D'ailleurs, la fin de la saison met joliment en lumière les témoignages poignants de quelques femmes coréennes, parmi celles qui sont restée au Japon après la guerre.

Ah, et l'opening est une merveille.

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094