Impressionante de par son format hétérodoxe (24 épisodes d'1h 15 chacun), flamboyante par la richesse de ses décors et de ses costumes, qui reproduisent avec authenticité (réalisme je ne sais pas) la Corée des années 20, la série m'a totalement happé pendant près d'un mois. Je me suis en effet efforcé à ne regarder qu'un épisode par jour, le soir de préférence, pour ne pas me gâcher ce que je voyais bien venir, dès les premières minutes du premier épisode, comme une oeuvre sérielle hors du commun.
Car on ne regarde pas seulement Mr. Sunshine : on en profite, à fond, à chaque instant. Chaque plan porte la marque d'une extrême délicatesse et d'une sensibilité rares dans le vaste monde des séries télé. Naturellement, on se laisse porter, emporter par une intrigue complexe dans le contexte politique houleux et plutôt méconnu de la Corée de l'entre-deux-guerres. Un pays en déliquescence, attisant chaque jour un peu plus les convoitises de son voisin impérialiste, le Japon, et en recherche désespérée d'alliés pour lui permettre de conserver sa fragile souveraineté. C'est dans ce cadre que l'on suit les aventures d'un Coréen né esclave qui a fui son pays natal pour émigrer aux Etats-Unis. Là-bas, en dépit d'une enfance solitaire et difficile, il trouve dans l'armée américaine la clé de son émancipation : son courage et sa valeur au combat lui ouvrent les portes de la carrière d'officier, et bientôt de plénipotentiaire chargé de tenir en respect les ambitions japonaises au pays du Matin calme. Parallèlement, le capitaine du Marine Corps - Eugene Choi - rencontre Go Ae-Sin, une jeune femme issue d'une famille de très ancienne noblesse de la capitale coréenne, dont il va tomber amoureux...
Derrière ce scénario en apparence basique, la série déploie au fil des épisodes une galerie de personnages d'une grande profondeur, et, une fois encore, d'une grande sensibilité. Les sexes, les nationalités, les statuts sociaux et les intérêts se heurtent et se rencontrent sans cesse, donnant à l'intrigue une véritable impression qu'il n'y a pas de cause juste pour elle-même. La série peut se targuer d'acteurs de haute-volée, dont notamment le splendide Lee Byung-hun dans le rôle d'Eugene Choi, que j'avais pu déjà voir dans l'excellentissime J'ai rencontré le diable. Le tout est sublimé par une musique originale qui oscille entre le larmoyant et l'épique et dont certains thèmes vous hantent longtemps après votre visionnage.
J'ai beau chercher, je ne trouve pas de réel point faible à Mr. Sunshine. Pour mon premier drama il semblerait que j'aie décroché le gros lot. C'est un flot perpétuel de poésie et de douceur, qui parvient à combiner à cela les nombreux rebondissements liés à la riche intrigue qui sert d'ossature au tout. Ça fait sourire (beaucoup), rire (un peu), pleurer (pas mal) mais n'ennuie jamais, le tout dans une fresque historique dont le réalisme et le sens du détail n'ont rien à envier aux plus grosses productions ciné. On en ressort le coeur lourd - et léger à la fois... on en ressort changé !