Un an après le très surprenant Extracurricular, Kim Jin-min rempile avec un nouveau drama produit par et pour Netflix. Cette fois le bonhomme s’inspire de l’univers des gangs et des stups pour façonner une histoire qui sans être extrêmement originale parvient à nous tenir en haleine tout au long de ses huit épisodes. Réalisation soignée, acteurs convaincants et rebondissements multiples sont au programme de My Name, pour le moment le drama le plus satisfaisant que j’ai pu voir cette année.
Le scénario de la série est assez classique sur la forme, et n’est pas sans rappeler le premier Infernal Affairs, dans lequel un bandit se voyait infiltré dans la police afin de prévenir son boss des risques qui pouvaient menacer son trafic de drogue.
C’est surtout grâce aux rebondissements que l’intérêt se verra à plusieurs reprises relancé. Toutefois à mesure qu’avancera l’intrigue (un peu confuse), le vernis de crédibilité de la série s’effritera progressivement au profit d’une dramatisation à mon sens excessive (cf. les deux derniers épisodes). Dommage, surtout quand on repense à la qualité saisissante de l’épisode-pilote, modèle de mise en jambe… Plus globalement, l’ambiance sérieuse et mature dans laquelle baigne le drama est admirable, sorte de refonte moderne de A Bittersweet Life de Kim Jee-woon pour donner un ordre de comparaison.
Violent, sanglant même, My Name est une réussite totale sur le plan visuel. La photographie urbaine et ultramoderne du drama (très Michael Mann par moments) s’accompagne d’une mise en scène fort réussie. Celle-ci vient sublimer des scènes d’actions qui bien que trop chorégraphiées ne peuvent qu’impressionner par leur débauche d’énergie et leur caractère débridé. Un aspect qui rappelle les bastons très virulentes de The Raid, pour ne citer que lui.
Mais si le drama parvient à captiver, c’est aussi dû en grande partie au talent d’Han So-hee devant la caméra. Après sa révélation dans The World of the Married il y a un an, voici venir le temps de la confirmation pour cette jeune actrice décidemment pleine de ressources. Il se dégage de son jeu une aisance naturelle qui convainc immédiatement, peu importe la situation. Du premier épisode jusqu’au dernier, elle révèle petit à petit une grande variété d’expressions et évite sans problème de tomber dans les facilités liées à sa gueule d’ange : un vrai plaisir d’assister à l’éclosion de ce talent !
Au-delà donc de quelques défauts qui ne nuisent pas outre mesure au visionnage, My Name s’impose sans problème comme une série d’action réussie. Kim Jim-min fait revivre ce monde de la pègre est-asiatique qu’avait si bien mis en scène le cinéma coréen au début des années 2000 et lui donne un coup de jeune grâce à une esthétique post-moderne très réussie (et une BO très cool). Il ancre l'action dans une ville côtière et fictive où les relations semblent comme distendues mais pourtant bien présentes, telle une toile d'araignée invisible dans laquelle se prennent tour à tour les différents personnages.
Le drama se démarque aussi par sa violence explicite mais jamais gratuite, ce qui renforce évidemment le réalisme. S’il n’évite pas des écueils narratifs parfois frustrants (et justifiés tant bien que mal à la volée), la performance sans bémol d’Han So-hee lui permet de rester intéressant tout du long. Une belle réussite made in Netflix en cette fin d’année plutôt morose !