Je ne vais pas y aller par quatre chemins : My Mister est l'une des plus belles séries que j'ai pu voir récemment.
L'histoire de la série tourne autour des deux personnages de Park Dong-Hun, quarantenaire épanoui (en apparence seulement) dans sa vie sociale et professionnelle, et de Lee Ji-An, jeune femme de vingt ans en complète déréliction, prise en étau entre une montagne de dettes héritées de sa mère décédée et la nécessité de joindre les deux bouts pour (sur)vivre avec sa grand-mère, infirme, sourde et muette. Lui est chef de section dans une entreprise d'architectes, elle est intérimaire dans cette même entreprise, invisible et esseulée au possible sur le plan humain. Au cours d'une lutte interne pour le pouvoir entre cadres de l'entreprise, l'intégrité de Park Dong-Hun se voit questionnée, et Ji-An se retrouve mêlée à une affaire qui va rapidement la dépasser. De cet événement va naître une relation entre les deux protagonistes : relation d'intérêt d'abord sur un plan purement professionnel ; relation émotionnelle et sentimentale ensuite, chacun réalisant qu'il peut trouver dans l'autre une forme de soulagement à ses blessures morales.
Voilà une série qui sait y faire avec le rythme et les émotions. Chaque épisode est équilibré, et on ne ressent quasiment jamais d'ennui ou de lassitude tant l'intrigue est développée avec une idée de crescendo très maîtrisée. Cela grâce notamment à son écriture, extrêmement réussie, qui fait transparaître de chaque dialogue l'impression que tous les mots prononcés ont leur importance ; mais également grâce à la réalisation, qui parvient à faire ressentir tout l'enjeu de certaines situations par des emphases faites sur les regards, les gestes etc. La musique enfin, vient sublimer le tout, avec des compositions toutes plus belles les unes que les autres, et jamais lassantes.
Le duo d'acteurs principaux Lee Seon-Gyun-IU m'a impressionné de par leur justesse, tout bonnement exceptionnelle. Un jeu tout en retenue et en déchaînement, qui laisse transparaître par accoups une tristesse à la fois incommensurable et sincère. C'est la première fois que je pleure autant devant un k-drama, et quasiment à chaque épisode ! Un sans-faute soutenu par une galerie de personnages secondaires elle aussi convaincante, qui vient rajouter au fourmillement de vie qui donne à la série une identité bien particulière.
J'ai cependant regretté que les arcs narratifs secondaires soient pour certains traités de façon assez maladroite, voire pour moi incompréhensible (barrière culturelle ?). De plus, certaines situations et certains dialogues, relatifs notamment à la difficulté de la vie, sont assez répétitifs, notamment au début. Enfin, les derniers épisodes souffrent légèrement d'une baisse de régime au niveau de l'histoire, celle-ci s'étant déjà quasiment dénouée arrivée la fin de l'épisode quatorze.
Mais c'est bel et bien le propos central de My Mister qui en fait une oeuvre majeure de l'univers sériel contemporain. La série développe en effet une intrigue complexe et très fouillée sur le plan moral et psychologique entre ses deux protagonistes, interrogeant tour à tour, avec une justesse et une sensibilité rares, les thèmes de la bonté et de la gentillesse, du sacrifice, du sens de la vie, de l'honneur, de la vengeance, de la rédemption, du pardon, de la résilience et, bien évidemment, de l'amour. Tout ce qui passait pour acquis à Dong-Hun et Ji-An au début de leur histoire vole peu à peu en éclats, et laisse place au doute et à l'incertitude, d'un côté comme de l'autre. Tous deux doivent se battre pour reconquérir ce qui leur a été arraché sur le plan social et sur le plan émotionnel... Toujours avec cette intime conviction qu'il y a possibilité de mener une vie heureuse, du moment que l'on croit, purement et sincèrement, en la bonté de l'âme humaine.
Une fable humaniste qui ne peut que résonner familièrement dans le coeur de chacun. Une leçon de sensibilité et de délicatesse à mettre entre toutes les mains.