C’est totalement génial.
C’est très drôle, évidemment, et ça m’a donné envie de voir ou revoir des films (j’ai découvert Bronson Lee !).
Mais c’est également instructif, aussi bien sur le nanar que sur le cinéma en général, en retraçant par exemple les origines de telle ou telle tendance du cinéma bis, en lien avec le cinéma mainstream.
Même si elle n’est pas mise en avant, on peut remarquer une progression thématique assez intelligente au fil des 10 épisodes, puisqu’on commence par les incontournables du nanar de l’époque des vidéoclubs, avec les films de cannibales, de ninjas, ou la bruceploitation, pour en arriver aux films amateurs du tiers-monde aujourd’hui et les nanars volontaires. L’épisode sur ce dernier sujet est celui que j’ai le moins apprécié, car je ne supporte pas ces "méta-nanars", mais c’était nécessaire d’en parler pour que l’émission soit complète, surtout que la boucle est bouclée par rapport à l’épisode sur Samurai cop.
A chaque fois, le film choisi est emblématique de la mouvance dont il fait partie.
Et au passage, on récolte des infos dingues sur les coulisses de ces œuvres, par ceux qui y ont participé ; j’aurais jamais espéré un jour entendre parler l’un des producteurs de Cameroun connection ou un assistant du Le lac des morts-vivants, dont les témoignages donnent des répliques cultes : "Un jour la caméra tombe en panne, elle tourne au ralenti (...) et là le patron, Marius Lesoeur, dit : c'est facile, on a qu'à demander aux comédiens de jouer au ralenti".
L’émission laisse la parole aux intervenants et montre les extraits sans avoir besoin de les commenter, sans chercher à appuyer leur ridicule par un quelconque commentaire railleur.
Le traitement aussi bien des films que des personnes se fait avec respect et objectivité, ce qui est quelque chose que je trouvais déjà honorable dans la démarche de Nanarland, que ce soit dans leurs chroniques ou leurs interviews.
Et même, plutôt que de trop se moquer, ils cherchent au contraire à susciter le respect et la compassion pour ces quelques réalisateurs, certes peu doués, mais qui font tout pour concrétiser leurs rêves de cinéma.
Il se dégage une réelle passion à la fois de la part des créateurs de Nanaroscope que des personnes interviewées, en particulier Jean-Marie Pallardy, dont l’épisode qui lui est consacré est magnifique. Comme il est dit à un moment, c’est facile de se moquer ; il n’empêche qu’on ressent un vrai amour du cinéma dans les paroles du réalisateur de Kill for love.
Encore une fois, Nanarland est une source d’inspiration pour moi ; c’est à ce site que je dois mon engouement pour le cinéma bis, et par extension, une part de mon identité, car mon penchant pour le mauvais goût et l’amour que je porte pour certains films font partie intégrante de qui je suis. Or, moi qui suis fan de Troma, la première fois que j’ai entendu parler de cette firme, c’était sur Nanarland.
Et en voyant Nanaroscope, j’aspire à faire quelque chose de semblable.
Hormis les qualités déjà mentionnées, d’un point de vue formel, le montage est soigné, le rythme est soutenu, on ne s’ennuie pas ; je regrette juste que les épisodes ne soient pas un peu plus longs, car chacun des intervenants avait assurément beaucoup plus à dire.
J’espère une saison 2.