Commençons par le commencement : cette série est marquée du syndrome du slip brésilien que l'on croise sur les plages de Copacabana. Ce concept est assez simple : il s'agit de générer de l'envie, beaucoup d'envie, tout en débouchant aussi sur une frustration énorme. Au Brésil, cette dernière est liée au fait qu'autour du tissu, une majorité de masse soit formée, ou soutenue selon les cas, par du plastique, du silicone bref, ne soit pas naturel. Quelle tristesse absolue que ces corps parfaitement réadaptés à coups de bistouris à un culte du corps et de l'apparence devenu le cardo et le decumanus d'une grande partie de notre société. Cardo et decumanus ? Transition avec Rome !
La frustration de la série repose sur deux piliers : le premier renvoie au script qui prévoyait à l'origine 3 saisons mais, faute d'audience, d'argent et surtout de rentabilité, a accouché d'une saison 2 fusionnée avec la 3. Autant dire que le rythme en a pris ombrage, avec une accélération terrible, des survols, des incohérences vraiment dommageables. Le second pilier pourrait passer plus inaperçu car il est lié à la reconstitution historique elle-même. C'est assez sidérant de voir comment certaines erreurs grossières ont pu être faites, comme la mise à mort de Vercingétorix, les comédies extérieures qui sont jouées au mauvais moment de la journée, les cierges dans les temples / autels, le sénat lui-même etc. etc. Et bien vous savez quoi, on s'en fou. Gladiator, souvent portée aux nues, est de la même veine quand il s'agit de vendre une vision de l'antiquité plutôt que de faire un réel film historique.
Rome mérite donc sa note. Il y a bien entendu un côté voyeuriste très prisé de nos jours, même les loup-garous et les vampires jouent à touche pipi chez les Mormons, c'est dire : il y a une bonne dose de sexe accepté ou non, de la violence assumée. C'est une époque ancienne et donc violente, pas comme de nos jours où, civilisés, nous parvenons à tuer sans nous salir (ou alors faut le chercher). Mais la note ne repose pas sur cette approche, mais plutôt sur ces piliers :
D'excellents acteurs : Kevin McKidd et Ray Stevenson , nos deux héros, Vorenus et Pullo, justes impeccables. Ciarán Hinds campe une superbe César, James Purefoy volant la vedette à tous avec son Marc-Antoine totalement bestial et illuminé. La liste pourrait encore être longue, les femmes sont toutes aussi réussies, la prime allant à Polly Walker, Atia, envoyant simplement Sue Ellen digne de figurer dans une usine de fabrication de slip brésilien. Premier pilier donc, les personnages, vraiment réussis.
Le second renvoi plutôt aux efforts faits par la production pour rendre une vie, une âme à cette antiquité : la reconstitution, tout en extérieur, à l'ancienne, dans de vrais décors, sans fonds vert, ça fait du bien.
Troisième : l'intrigue. Trahison, passions, tout est là, dans une sorte de Dallas du premier siècle avant notre ère, la politique en plus.
Quatrième : les dialogues. De pures moments de grâce lorsque l'on se plaint que votre ennemie jurée n'a pas apprécié votre cadeau, un esclave au pénis surdimensionné. Mon Irène ? A moi la XIIIè ? Je veux baiser ! Non, je ne veux pas ; Claudia, appelle une esclave pour le soulager Marc-Antoine. Clairement de sacrés moments de jubilation.
Cinquième : le générique, cette petite musique accompagnant des images animées, indescriptible mais vraiment jubilatoire.
Sixième : HBO, John Milius.
Rome est donc une série à découvrir. Une série en jupette, sans slip brésilien comme il se doit, pas totalement historique mais assez bien faite et ambitieuse pour dépasser allègrement une grande partie de ce qu'on nous pond aujourd'hui. Et puis sans le succès de Rome, je doute que nous ayons eu par la suite les Tudors ou Game of Thrones.
À nous la XIIIè !
Ah oui le titre : c'était une phrase qui allait bien à C.I.César ...
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