Bloody hell ! Et tu, Brute ?
"Rome", c'est un budget monstrueux, un ton et des images crues, des décors titanesques qui n'ont pas à rougir face aux grandiloquents péplums de la veine "The Fall of the Roman Empire", narrant l'agonie de la République romaine de la fin de la guerre des Gaules à l'avènement d'Auguste.
Respectant sans trop d'accrocs l'Histoire mouvementée de cette époque (on oubliera cependant la mise à mort ridicule de Vercingétorix), "Rome" adjoint à celle-ci les histoires aussi brutales que sentimentales de deux frères d'armes. Le débonnaire et violent au grand coeur légionnaire Titus Pullo, et le perclus de traditions et vibrant de fidélité pour la république Lucius Vorenus, centurion de son état, qui s'élèvera et chutera dans le sillage des Julius et affiliés (César, Marc Antoine, Octave, etc).
Si on souhaite s'immerger correctement dans la série, il faut vite s'affranchir de tout réalisme au niveau du casting. Tous sont britanniques, affublés de leurs accents maniérés ou bouseux, tant pis pour d'éventuels latins à l'écran. Ils ne sont pas manchots pour autant et incarnent bien leurs personnages (dommage d'avoir changé d'acteur pour Octave cependant). Il faut également garder à l'esprit que si la première saison prend le temps de raconter la destinée de Jules César face à Pompée, la seconde, suite à l'annulation de la série en cours de production, a du à mi-parcours raconter en cinq épisodes ce qui aurait du prendre trois saisons. L'opposition Octave / Marc Antoine - avec Cléopâtre affublée de rêves de grandeurs passées - est expédiée en deux coups de cuillers à pot ; les arcs scénaristiques autours de certains personnages disparaissent purement et simplement ; l'abus d'ellipses brise les enjeux distillés alors... Regrets éternels.
Ce qui est le plus intéressant dans "Rome", c'est la reconstitution - certes forcée dans ses aspects les plus vulgaires et le plus souvent en arrière plan - de la vie de la plèbe romaine, malléable et adaptable aux soubresauts venus d'en haut. Non pas que suivre les intrigues politiques romaines soient ennuyeuses, mais pour ceux qui ont lu & relu cette page décisive de l'Histoire Romaine, on peine à y dénicher le moindre suspens.
Une série qui aurait mérité de prendre le temps qui lui avait été initialement imparti. Mais bon, reconstituer Rome jusqu'à faire flamber ses gargantuesques décors dont la reconstruction aurait ruiné HBO, c'était aller trop loin (Néron, c'est plus tard !).