Encore une très grande minisérie venue d'outre-Manche !
Collant au plus proche de la réalité d'un terrible fait divers amené à prendre des proportions inattendues jusqu'au plan national, "A Confession" condense d'abord à peu près le meilleur du savoir-faire anglais en matière d'enquête policière au cours de ses trois premiers épisodes (sur six). Dès l'ouverture, le spectateur est complètement happé dans l'urgence de la situation autour de la disparition d'une jeune femme, le rythme haletant de la progression des enquêteurs se mêle à la sensibilité du désarroi des familles pour admettre puis subir la situation. Les heures, les journées défilent mais la détermination de l'enquêteur en chef à retrouver la disparue reste sans faille malgré les aléas...
Certes, les amateurs de séries policières british évolueront peut-être en terrain un peu trop familier et la connaissance ou non de la réalité des faits peut bien sûr influer sur la manière d'appréhender cette première moitié de la série mais il est quasiment impossible de ne pas être emporté par la tension prégnante avec laquelle nous sont rapportés les événements fondateurs du tournant que s'apprête à prendre "A Confession". L'écriture exemplaire fait briller chacun des personnages, jusqu'aux plus secondaires, en construisant une mosaïque de points de vues abordés toujours avec vérité et pris au piège d'une toile qui aurait dû normalement se défaire dans les derniers instants de l'épisode 3... mais dont la complexité va au contraire augmenter à cause d'un faux-pas en relation avec le titre de l'oeuvre.
Ce sera le virage décisif de la série qui va lui faire quitter les rails "classiques" du format policier pour rediriger nos émotions vers le retour de flammes totalement injuste et presque ubuesque dont est victime l'enquêteur principal.
Évidemment, si "A Confession" laisse le spectateur à sa libre-appréciation sur la décision prise par le héros sur le moment, elle fait ensuite pencher la balance pour susciter notre indignation vis-à-vis de la spirale sidérante dans laquelle il se retrouve entraîné contre son gré. Avec lui, on ne peut que se scandaliser devant l'aveuglement d'un système se trompant de cible et choisissant sciemment de se dérober lorsqu'il est lui-même mis en cause par son obsession à maintenir les failles d'une machine procédurière usée face à la souffrance des victimes (et ce jusqu'aux plus hautes sphères de l'État anglais).
Convoquant le réel grâce à des images d'archives entremêlées à la fiction, "A Confession" ne peut que sidérer devant la bassesse de certains agissements au nom d'un respect des règles jusqu'au-boutiste, désespérer devant l'inamovibilité des institutions malgré la ténacité de ceux qu'elles sont pourtant censées protégés et, bien entendu, faire naître un sentiment de révolte à la hauteur de ce courage constant sur la durée.
En parallèle, "A Confession" prendra en son cœur de ne jamais quitter les états d'âme de ses personnages principaux pris dans la tourmente, le regard porté à leurs égards sera toujours d'une infinie justesse, véhiculant une emphase émotionnelle d'une puissance terrassante jusqu'à son terme (les panneaux finaux risquent de laisser bon nombre de spectateurs à terre).
À ce titre, comment ne pas conclure en soulignant la qualité exceptionnelle de l'interprétation ? Également producteur de la série, la prestation de Martin Freeman prouve une nouvelle fois qu'il est un comédien au talent immense pour porter toute l'humanité d'un tel personnage dans l'épreuve, Imelda Staunton et Siobhan Finneran forment les différentes facettes poignantes d'une mère blessée et, sans trop s'étaler, tout le reste de la distribution est du même niveau, rendant marquant le visage du moindre intervenant de cette affaire.
8.5/10