Pas de neurones, pas de chocolat

Une fois qu'on a compris le principe de la sculpture du chocolat (chauffe le chocolat, ça colle, pose, tiens en place, ça refroidit et ça reste si c'est pas trop lourd), on se dit que les apprentis doivent être pas très dégourdis et n'ont pas trop l'oeil pour les centres de gravité.

Ils répètent à tout bout de champ que ce que fait le chef est incroyable, qu'il faut penser "out of the box"... je veux bien qu'il faille y passer du temps et ne pas être une brêle ni en peinture ni en sculpture mais faut-il vraiment avoir le cerveau d'un gars de la NASA pour penser à faire un cyclindre en chocolat à l'aide d'un rouleau de papier toilette (exemple véridique) ? Beaucoup de brossage et d'exclamations sur à quel point le chef est un génie... je veux pas briser des rêves mais est-ce que c'est lui qui est brillant et méticuleux ou juste eux qui ont le cerveau un peu mou et la main un peu lourde ?

La chose la plus intéressante de cette émission n'est pas le chocolat, mais bien le fossé culturel entre les apprentis et le chef. Avec sa tête de jeune Machiavel et son uniforme trop serré (on voit bien qu'il contente de sculpter le chocolat et pas de s'empiffrer), on s'attend à un nazi. En réalité, il est extrêmement poli, serviable, et franco-suisse. Les Américains se comportent comme s'ils étaient dans l'armée. Ils hurlent "CHEF OUI CHEF", le chef est leur dieu et eux sont des insectes indignes. Vu que le chef a l'air tout à fait normal, c'est d'autant plus frappant et gênant, surtout quand l'apprenti qui avait véritablement fait l'armée a décidé de faire un gâteau en forme de bombe qui s'ouvre pour laisser couler symboliquement le sang sauce fraise des amis perdus au combat (glauque de ouf). Le chef a poliment sourit en disant "c'est très touchant" avant de passer à autre chose pendant qu'elle (qu'il ? genre indéterminé) larmoyait. Cringe.