Si vous cherchez une feel good série, alors vous trouverez votre bonheur avec "A l'ombre des Magnolias", mais malheureusement ce dernier sera accompagné d'un terrible ennui.
"A l'ombre des Magnolias" ne cherche pourtant pas à tromper le spectateur et se présente donc comme une série qui vous fera du bien à l'âme : les décors sont léchés, tout est lumineux et propre (jamais un papier par terre), la musique est entrainante, les actrices sont belles et on a même droit à de la diversité pour faire un peu "woke" : une des trois héroïnes est ainsi noire (youhou) et une autre est obèse (mais elle bosse dans une cuisine faut pas déconner). On aurait ici de quoi passer un bon moment, malheureusement après ça, tout part en vrille, ou plutôt, rien ne part du tout.
Pour commencer, le scénario est inexistant. Rien, le néant, nada. Difficile en effet de nouer un enjeu scénaristique dans un monde idéal où les problèmes se règlent en un claquement de doigt. Par exemple (SPOIL, si du moins on peut appeler SPOIL, une indication sur une intrigue qui dure 30 minutes) quand Cece, la rebelle insolente du lycée, finit par se révéler une brillante oratrice lorsqu'on la pousse un peu (bon déjà...), et que son père refuse qu'elle aille à un concours de débats, il suffit à Helen, l'avocate si brillante, de flatter deux minutes la croupe de ce dernier pour qu'il accepte que Cece y aille et qu'il devienne soudain fier de sa fille. Le fait que la famille soit pauvre et que Cece doive garder ses petits frères après l'école ne semble, d'un coup, plus être un problème. Déjà au niveau réalisme, faut fermer les yeux bien fort, mais surtout, on rate une belle occasion de développer un peu de tension ou ne serait même qu'un peu d'intérêt pour cette gamine et sa famille.
Mais si les histoires secondaires sont hallucinantes de désintérêt, que dire du pitch initial concernant l'achat d'un spa par les trois copines (et dieu sait qu'il y a des choses à écrire sur les gens qui se lancent dans ce genre d'entreprise)? Et bien, simplement que ce pitch est inexistant. Monter ce business ne semble visiblement poser aucun problème : on trouve l'argent, on trouve des employés, on met de la peinture rose, on fait une fête, point. A ce niveau, on frôle la science fiction. Les deux seuls soucis qui vont se poser (SPOIL) c'est de devoir accepter la peinture de la mère de Maddie (chaud !) et oups ! un arbre est tombé dans le jardin pendant la tempête (ça sera d'ailleurs le seul moment où il pleuvra, le reste du temps le soleil brille, brille, brille, hu hu hu !). Bref, on en vient à se poser la question : Finalement pourquoi proposer cette idée, si cela n'apporte rien à la série ? C'est même en lisant le synopsis que je me suis rendue compte que le spa était l'intrigue principale, ça m'a franchement surprise.
Mais l'absence de scénario ne fait pas tout dans une série. Cette dernière pourrait être relevée par une atmosphère particulière, par le jeu des acteurs ou par des dialogues piquants. Eeeeeeet...... ce n'est pas le cas, loin de là. Les dialogues sont gnangnans au possible (et pourtant j'adore les navets) et ne sont qu'une succession de platitudes. En regardant sans le son, vous pouvez savoir ce que les personnages se disent, ce qui en dit long sur l'effort d'écriture (en même temps, sans intrigue, ça doit être franchement galère d'élaborer quoi que ce soit).
Et le jeu des acteurs me direz vous ? Et bien, on passe ici de l'ennui à une véritable douleur. Les trois actrices principales sont correctes bien sûr, mais vous pouvez être sûr que le casting des seconds rôles a privilégié la plastique sur le talent (en même temps, on allait pas mettre un laideron dans un monde parfait). Pour vous donnez un exemple, le manque d'expression et de jeu du fils de Maddie, Ty, est tellement flagrant que j'ai même cru à un moment que le nœud de l'intrigue (quelle intrigue ?) allait se concentrer sur lui car il était trop mystérieux. Ma déception fut grande, je vous assure.
Enfin, si vous avez réussi à dépasser l'absence d'histoires, de jeu d'acteurs et d'originalité, vous aurez, tout comme moi, droit au coup de grâce : l’insidieuse bienpensance de l'american perfect life. Voir les trois copines, se retrouver tous les dimanches matins en robes parfaitement repassées pour aller à la messe et faire des rires polis en mangeant des petits cookies sur le parvis de l'église finit par vous dégoûter de cette bouillabaisse fade et chiante. Je ne compte plus le nombre de moments où le pardon et la foi ont été les éléments clefs du dénouement des épisodes, me faisant systématiquement lever les yeux au ciel.
Pour conclure, à l'ombre des Magnolias est une série pour ceux qui veulent passer un moment parfaitement non-anxyogène et pour ceux qui veulent étudier l'idée qu'ont certains américains de leur "american dream" : un monde lisse et facile, qui a plus de points communs avec la fantasy qu'avec le monde réel. On frôle la propagande.
Perso, je retourne à normal people ou the end of the fucking world.