Pataud
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le 29 déc. 2020
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Tiens donc, à la base, c'était un film ! L'auteure a pu en faire une série pour mieux développer ses thèmes.
Bon ben c'est pas top. Et je ne saisis pas très bien les intentions de l'auteure : parler vraiment de l'abus ? Pourquoi avoir choisi une enseignante si jeune et un ado si âgé (à la limite de la majorité), ça décrédibilise totalement le projet (parce que franchement, quand l'ado se déclare être une victime à la fin, oubliant qu'il avait quand même 17 ans...) ? Et surtout pourquoi proposer les 4 premiers épisodes sur un ton si érotique, digne d'un "50 nuances de Grey" si c'est pour ensuite dire que ce n'est pas bien de faire ça ? N'est-ce pas un peu hypocrite ?
L'idée n'est pas mauvaise, mais le développement est très faible : l'auteure ne creuse pas assez la psychologie de ses personnages principaux ni secondaires. Et leurs actions paraissent tellement idiotes, comme les lieux de rendez-vous, le peu de discrétion et la facilité avec laquelle la prof va tout révéler ; le pire, c'est que ça peut se comprendre, que ça aurait pu être plausible, mais à la condition de bien amener les choses, là on dirait deux personnages qui ne prennent jamais la peine de réfléchir malgré les airs qu'ils se donnent. Il n'aurait pas fallu beaucoup de correction pour crédibiliser l'affaire. Bon tout ne se justifie pas : il faut être bien bête pour tout avouer à une collègue qu'on connaît à peine (en même temps la notion de temps est très relative dans cette série, on croirait que tout se passe sur 2 semaines).
Comme dit plus haut, l'auteure met beaucoup l'accent sur l'érotisme, le fantasme, le côté sexy. De ce fait on passe à côté de plein de choses. C'est surtout critique pour le développement dès le moment où la vérité est révélée : le déroulement de l'intrigue consiste en quelques scènes importantes, vite expédiées, enfin sur un rythme lent, mais sans creuser quoi que ce soit (comme quand la prof cherche un nouveau boulot).
À un moment j'ai quand même cru que l'auteure essayait de nous dire que cette affaire est plus compliquée qu'on ne le croit, qu'après tout, cet ado est jeune et intelligent et cette prof jeune et naïve (très bête aussi pour si vite franchir la limite prof-élève, genre je te raccompagne, je te livre des secrets, appelle moi par mon prénom) et qu'il n'y a pas tellement d'abus dans cette affaire (pas comme si une femme de 40 piges profitaient d'un gamin de 12 ans), mais à un moment, l'auteure décide de privilégier le point de vue l'ado et de montrer combien sa vie est foutue. On pourrait penser que c'est juste parce qu'il ne se remet pas de sa rupture, mais l'auteure insiste, par le biais de personnages secondaires, sur le fait que non, s'il est mal, c'est parce que c'est un survivant. Et la prof devient alors la méchante de service qui 'ramène tout à elle', qui 'ne fait pas d'efforts', qui 'se plaint quand tout est de sa faute'. La neutralité apparente affichée jusque là maladroitement tombe à l'eau au profit d'un message convenu assez simpliste : jusqu'à sa majorité légale, l'ado est une victime tandis que dès sa majorité il peut lui aussi être un bourreau.
C'est dommage, il y avait de quoi critiquer notre société et sa bien-pensance écervelée. Ou tout simplement parler de deux personnages en se gardant d'émettre un avis sur cette situation, juste voir avec un peu plus d'honnêteté et de cohérence en quoi tout cela a changé leurs vies.
La mise en scène est un peu agaçante : une volonté de faire cool et sexy, des tubes jeunes, une photographie soignée mais convenue, un rythme un peu mou et contemplatif alors qu'il n'y a rien à contempler... On s'ennuie un peu. Sans parler des passages dramatiques assez lourds à cause d'une BO qui surligne les émotions autant que le découpage le fait déjà. Kate Mara est plutôt douée, moins convaincu par son jeune partenaire qui fait trop vieux et qui joue trop les intense.
Alors y a un truc dont il faut parler : cette tendance à utiliser le sexe qui sort de l'ordinaire pour symboliser le fait qu'un personnage est méchant. C'était déjà le cas dans "Breaking Bad" o ù le héros se met à pratiquer la levrette après ses premiers méfaits... ici aussi ça se répète, l'héroïne suce son mec dans la cuisine et lui demande de la prendre par derrière (on ne sait pas trop si c'est de l'anal ou la levrette mais dans tous les cas le bon mari est un peu perturbé par tout ça). Plus tard, ça empire, elle demande à son rdv Tinder de la frapper. Comme quoi sortir avec un 'enfant' de 17 ans, ça pervertit vraiment la sexualité... Perso, j'adore la levrette, j'adore me faire sucer, mais quand ma compagne pratique ses positions je ne me dis pas qu'elle est en pleine perdition. Juste qu'elle aime ces jeux sexuels... et où est le mal à cela ?
Bref, pas terrible cette série. Dommage il y avait pas mal de potentiel (que ce soit pour approfondir le monde des profs ou pour s'intéresser à l'attrait 'malpensant'.
Créée
le 5 nov. 2021
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