Est ce vraiment un scandale très anglais? Parce ce qu'il inclue pouvoir, politique et sexe?
Certes, ces éléments ne sont pas l'apanage de la nation anglaise mais il n'y a bien qu'eux pour en faire un sport national. Quant à l'homosexualité, me direz-vous, ce n'est que la cerise sur le gâteau (un gâteau qui finit par exploser mais un gâteau quand même).
Dans les années 60 et 70 en France, le sujet aurait prêté à sourire et au US, l'affaire aurait été étouffée dans l'oeuf bien avant qu'elle n'éclate. Mais chez nos amis anglais, la situation commence par pourrir pour finir par suppurer et finalement par éclater comme une gros bubon bien grassouillet! (que de métaphores ! Je suis en forme).
La série reprend l'affaire Thorpe, affaire politico-sexuelle impliquant Jeremy Thorpe (chef du parti libéral) et son amant présumé Norman Josiffe dit Scott et également la tentative d'assassinat qui aurait résulté des confessions de Norman.
Au fur et à mesure qu'on suit l'affaire, on se rend compte qu'elle aurait pu être gérée de façon beaucoup plus efficace.
En effet, Thorpe, comme tant d'homosexuels en ce temps là, se contente de liaisons passagères ou entretient de jeunes hommes de manière discrète jusqu'à ce qu'il s'ennuie. Il a le malheur de tomber sur Norman Josiffe, jeune garçon d'écurie. Norman n'est pas réfractaire aux avances de Jeremy et leur liaison commence. Norman est un jeune homme fragile et perturbé, dont la sexualité était jusqu'alors réprimée. Il est facile à contrôler pour Jeremy mais arrive le moment où Norman demande trop, incapable de saisir la position sociale de Jeremy (ou ne le voulant pas), trop simple d'une certaine manière et aussi totalement égocentrique.
Lorsque la rupture est consommée, Norman ne réclame qu'une chose, sa carte d'assurance nationale qui ne peut lui être délivrée que par un employeur, Jeremy en l'occurence. Thorpe qui n'en a plus rien à faire néglige cette demande et c'est ce qui va revenir lui mordre l'arrière train. (Thorpe affirme s'être occupé de la carte mais Norman nie l'avoir eu, c'est une discussion sans fin). D'autre part, à ce moment là, un dossier au nom de Thorpe voyagera dans les tiroirs du MI5, avec le témoignage exhaustif et détaillé de Norman sur sa liaison avec Jeremy. Ce n'est pas une bonne chose!
Norman changera de vie, de nom, deviendra mannequin mais cherchera toujours à récupérer sa carte d'assurance, et fera également chanter Thorpe, pour finir par raconter à qui voudra l'entendre sa liaison avec le célèbre Jeremy Thorpe, qui entre temps aura gravit les échelons de son parti.
L'apogée du n'importe quoi sera une tentative de meurtre d'un amateurisme et d'une crétinerie aberrants qui mènera à un procès retentissant où Norman se roulera de joie dans l'attention dont il fera l'objet et qui coutera sa carrière et sa vie privée à Thorpe.
L'histoire est fascinante.
D'une part les scandales, c'est toujours intéressant, les scandales sexuels d'autant plus et là, la gestion du tout est tellement atroce que ça en devient jouissif.
La série ne fait cependant pas dans la démesure et traite avec sobriété tous les aspects de l'affaire. L'auteur et réalisateur, Russel T Davies, n'édulcore rien mais ne se roule pas non plus dans le sensationnel.
Il est servi par 2 interprètes excellents.
Tout d'abord Hugh Grant dont le sourire en coin et l'humour so british servent bien Thorpe. Il ne le rend pas pour autant charmant ou charmeur et Jeremy Thorpe semble être un homme assez falot et terne, très intelligent mais trop sûr de son impunité.
Le second est Ben Whishaw qui semble être partout ces derniers temps et qui construit admirablement bien son Norman Scott. Il semble vulnérable et attire la compassion pour finir par exaspérer au plus haut point.
Certes Thorpe n'est pas un tout blanc mais on finit la série avec la sensation qu'il a finalement était la victime de Scott plutôt que l'inverse. Et pourtant il a le rôle du prédateur au tout début.
Il perd cependant toute crédibilité avec cette tentative de meurtre maladroite.
Le reste du casting est impeccable également.
La série manque peut être un peu de rythme au milieu où les sauts dans le temps sont nombreux et le va et vient entre les 2 personnages fréquent, ce qui perd un peu le spectateur. On revient cependant rapidement dans les rails.
Un page pas glorieuse de l'histoire politique anglaise, qui effare tout autant qu'elle distrait.
C'est une série de grande qualité, la reconstitution est impeccable tout comme les interprètes.