Enfin, un média visuel représentant les conséquences de ce qui peut se tramer sur internet quand on ne met pas de limites. C'est quoi le monde de demain si toutes les informations se valent ? C'est quoi un monde où on peut choisir sa vérité tant qu'elle colle à ce qu'on pense être et ce que le monde devrait être ?
Cette série est le reflet de ce qu'il y a de plus déshumanisant dans ce monde : la mort d'une femme, un féminicide. Tous les personnages à leur niveau ont une distance vis à vis des autres, bien qu'il y ait une cordialité du fait du jeune âge du garçon arrivé à la police ou l'attention des chamallows de la psychiatre venue pour dresser un profil psychologique du tueur.
Le découpage de la série en 4 épisodes est intéressant : la temporalité de l'arrestation, la quête de sens, d'un mobile pour le crime, le bilan psychologique du tueur, et enfin la vie de la famille traversée par la tragédie du côté de l'assassin. (Quid de la famille qui a perdu sa fille ? Un parti pris surprenant, qui mérite d'être questionné.)
Les personnages féminins ont des rôles clés bien que assez partiels : la flic qui voit très bien ce qui se trame derrière le terme d' "incel" et la manosphère quand le flic en face à du mal à savoir ce que peut être ou penser son fils du même âge que le tueur. Et il en va de notre responsabilité de se demander de quel côté de l'éducation on veut être : ignorer les propos des jeunes (la proviseure parle d'un influenceur masculiniste sans que cela ne fasse sourciller plus que ça comme si on parlait de Léna Situation)... et le personnage de la psychiatre est déshumanisé par le jeune tueur a plusieurs reprises : il essaie presque de la draguer, baille pour lui faire croire qu'elle l'ennuie (alors qu'elle est là pour l'aider d'une certaine façon), il lui crie dessus, lui parle mal, l'insulte, lui dit de la fermer, méprise ce qui semble être son statut social (on sait que les masculinistes (et les zoms en général) ont une dent contre les femmes qui sont mieux armées pour être moins manipulables, avec un statut social, un revenu etc)... mais aussi remise en doute dans ses compétences par le flic dès le début du troisième épisode... or, on voit bien que la psychiatre, qui a vu les vidéos, ne le déshumanise à aucun moment en se souciant de comment il va, lui donnant la moitié de son sandwich.
Le flic est vraiment à côté de la plaque, on le voit parce qu'il parle de Jakie, la jeune fille assassinée, comme d'une harceleuse, là où il aurait peut-être fallu dire "lanceuse d'alerte" ? On voit bien que les adultes ne prennent pas au sérieux les jeunes, et c'est la force de la série aussi, de montrer un certain degré d'adultisme. Qui parmi vous en regardant la série ne s'est pas dit "il est si jeune, il n'a pas pu faire ça voyons !", moi aussi, une part ne voulait pas y croire. A 13 ans, on préférerait croire qu'on joue aux legos plutôt qu'avec des couteaux.
Un troisième personnage féminin qui aurait mérité plus de profondeur et qui aurait aussi servi à humaniser la victime, c'est sa meilleure amie. Elle erre comme un fantôme à plusieurs moments, c'est vraiment un gros manquement de la série je trouve.
Un gros point fort, comme je le disais dans le titre de ma critique, c'est qu'on pathologise les faits. On ne nait pas masculiniste, on le devient. On ne méprise pas les femmes par nature. Et, on voit bien que c'est plus facile de le montrer sur les réseaux sociaux derrière son écran que devant une femme, qui représente pour eux un objet à manipuler. Derrière tous les tueurs et les terroristes de la vie des femmes, il y a eu un enfant, un petit ange au sourire ravageur qui a pu évolué en assassin, en tueur. La violence est un continuum social, dans un système qui encore il n'y a pas si longtemps maltraitait les femmes en leur imposant de ne pas pouvoir ni avorter, ni voter, ne pouvant pas non plus devenir journaliste ou enquêtrice.
Le masculinisme est une maladie mentale, on peut en sortir. Soignez-vous.
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