Still rebels (ou presque)

On a enfin eu la suite de Rebels et ça ne s'est pas vraiment passé comme prévu. Lors du fameux cliffhanger final, je pensais qu'on aurait droit un beau jour à une nouvelle série animée et c'est finalement en prise de vue réelles qu'on va voir si Ahsoka, Hera et Sabine vont pouvoir retrouver Thrawn et Ezra. Franchement c'est un peu moins pire que The Mandalorian (la seule série en prise de vues réelles Star Wars dont j'ai regardé les deux premières saisons) mais c'est quand même pas glorieux tout ça.

La réalisation est très plate. On retrouve ce que la prélogie faisait de pire avec ses scènes de dialogue en plans fixes mal rythmés et en champ/contrechamp systématique. La différence entre George Lucas et les réalisateurs qui bossent sur Ahsoka, c'est qu'il arrivait au moins à rythmer ses scènes d'action, lui. Mais c'est l'un des problèmes intrinsèques à la production d'une série : les réalisateurs ne sont que des faiseurs et si le showrunner n'a aucune vision, ça donne ce genre de catastrophe. Ça a clairement été pensé pour pouvoir être vu sur un smartphone sans problème et c'est un peu pour ça aussi que toutes ces séries Star Wars récentes ont l'air très cheap. C'est bien de tout filmer au ratio cinémascope mais si on ne sent jamais que les décors sont immenses et qu'on aligne au mieux deux ou trois personnages dans un plan fixe lorsqu'il y a autre chose que du dialogue, autant filmer en 1:78.

On ne croit absolument pas aux combats. Ils sont très mal chorégraphiés et chaque personnage se bat à un rythme différent ce qui donne un résultat absurde de bout en bout quand deux d'entre eux doivent se confronter. Alors ok y'a des trucs un peu rigolos, genre une roulade sabre contre sabre ou un personnage qui fait surtout de l'esquive et ce genre de moments a toujours fait le sel des combats au sabre laser, mais là je n'ai absolument pas envie de les revoir un jour contrairement à ceux de la saga. Ce qui est le plus étonnant pour moi c'est Sabine qui se bat de façon très viscérale (ça j'aime bien) mais qui a tendance à faire n'importe quoi, heureusement que chacun de ses ennemis s'adapte assez vite pour ne pas instantanément la dégommer. Du côté d'Ahsoka, le passage de l'animation aux prises de vue réelles fait très mal car que ce soit dans The Clone Wars ou dans Rebels qui avait quand même beaucoup moins de budget, on s'est habitué à de la vitesse de sa part. Ok dans l'histoire il me semble qu'elle a passé la quarantaine et c'est aussi le cas de l'actrice, mais là c'est assez mou et elle agite ses deux sabres en permanence au lieu de s'en servir. La photo fade et terne vient servir de cache-misère pour les effets spéciaux et pour les valeurs de plan qui n'ont absolument rien de grandiose comme je l'ai dit un peu plus haut. Quand les seules couleurs qui ressortent dans du Star Wars sont la peau des personnages, ça devient inquiétant. Mais ce n'est pas nouveau chez Star Wars et Disney+. Dès que ça ne sort pas au cinéma (ou que ça s'appelle Solo : A Star Wars Story), chez Lucasfilm ils n'allument plus la lumière sur le plateau de tournage.

Les décors sont aussi pauvres. C'est Star Wars et on dirait que ça a été tourné au fin fond de la Bretagne quand il fait moche là-bas (ce qui n'arrive pas si souvent qu'on le dit d'ailleurs), ou plutôt devant des écrans LED où on a filmé la Bretagne parce que la technologie du Volume est assez voyante. Il n'y a pas eu de travail sur la profondeur de champ et ça fait pitié alors que dans l'idée ça pourrait être joli, c'est un super outil le Volume. L'idée était de mettre les pieds pour la première fois dans une autre galaxie alors il y avait sûrement autre chose à montrer que des cailloux, de l'herbe et un ciel gris.

La direction d'acteurs est ratée ou plutôt inexistante. C'est un bel hommage à la prélogie en ce sens, mais là non seulement on retrouve Hayden Christensen qui ne sait toujours pas placer une réplique correctement, mais en plus des acteurs qui sont habituellement bons récitent leur texte sans avoir l'air de comprendre ce qu'ils racontent en laissant 5 secondes de silence avant la réplique en contrechamp de leur interlocuteur.

Shin et Baylan c'est comme la Team Rocket dans Pokémon, ils viennent de temps en temps se faire botter les fesses et ils s'en vont une fois que c'est fait. Au moins, c'est amusant.

Il fallait aussi en parler, vous savez, du fameux fan-service qui divise les fans parce que pour certains c'en est pas, pour d'autres c'en est mais c'est bien et enfin pour le reste des gens c'est juste nul. Évidemment, c'est Star Wars donc le problème n'est pas qu'il y en ait mais bien la façon dont il est amené. Derrière chaque caméo il y a 20 secondes de silence ou de musique pour qu'on soit là devant notre télé à hurler ou applaudir comme des débiles. La série a été pensée pour être une compilation de memes et de la matière pour des captures d'écran à poster sur Twitter ou des vidéos de réaction sur Twitch et YouTube. C'est la culture de l'instantané à son paroxysme et dans 2 semaines plus personne ne parlera de ce machin. Est-ce qu'il était vraiment nécessaire de se taper des flashbacks embrumés avec des soi-disant droïdes séparatistes qu'on ne voit pas faute de budget qui s'apprêtaient à attaquer nos héros ? J'ai vraiment trouvé ça grossier et ce genre de compromis à se dire "on fait les choses mais qu'à moitié parce qu'on a pas le fric", c'est juste ridicule. Et surtout on ne se rend pas compte dans ces moments-là que ça n'a pas de sens dans la diégèse. Ce qui est aussi frustrant avec l'envie de faire plaisir à tout prix aux fans c'est qu'on se retrouve dans un univers très vaste sur le papier mais où tout le monde s'est déjà croisé. Alors forcément, quand l'enjeu c'est de sauver la galaxie, la république ou je ne sais quoi, mais qu'on sait ce qui se passe ou qui va se passer en parallèle avec des personnages plus intéressants, on se dit que c'est sans importance. C'est pas grave d'avoir de petits enjeux, tant que ça impacte les personnages et que l'émotion est au rendez-vous pour le spectateur. Mais ici on se sent obligé de tout gonfler artificiellement pour qu'on en ait quelque chose à faire et c'est embêtant.

Il y a quelques points positifs à noter malgré tout : la musique colle bien à ce qui est raconté, là où dans The Mandalorian c'était parfois à côté de la plaque, sans être très mémorable pour autant. Ça accompagne bien l'action, aussi mal filmée soit-elle. Les personnages qui viennent de The Clone Wars et Rebels rendent assez bien en prises de vue réelles. C'est juste dommage qu'ils soient si peu écrits que dans cette série qui s'intitule pourtant Ahsoka, il n'y a que Sabine qui évolue.

C'est ce qui est vraiment triste avec le projet de manière générale. Je suis comme à peu près tout le monde : j'ai aimé Ahsoka dans The Clone Wars et Rebels. Je l'ai trouvé molle dans The Mandalorian mais alors là c'est pire que tout. À part croiser les bras, dire des trucs bateau et ne pas se battre très bien de temps en temps, elle est un personnage secondaire de sa propre série. On a beau essayer de remettre son passé sur la table pour qu'elle soit un peu intéressante, ça ne fait que répéter une partie de ce qu'on nous racontait déjà dans Rebels.

Mais ne vous en faites pas, après cette longue bande-annonce en huit épisodes, Dave Filoni a encore de quoi agiter vos jouets préférés devant vous. Il a enfin eu l'occasion de (très mal) retranscrire toute la dimension un peu magique et mystique de The Clone Wars en prises de vue réelles avec notamment l'intrigue autour de Mortis qu'on a vu dans The Clone Wars. Il compte bien en faire quelque chose aujourd'hui, si le projet en question n'est pas finalement annulé comme tant d'autres liés à Star Wars, alors on verra bien ce que ça donne.

Mais il faut arrêter de voir ce type comme "notre seul espoir". Il faut vraiment qu'on se calme avec la consanguinité dans cet univers et qu'on s'attaque à des périodes très éloignées avec de nouveaux personnages. Il y a un risque évident que ça tourne au film ou à la série de SF lambda, mais au moins ces personnages et ces nouvelles histoires pourront briller au lieu de vivre dans l'ombre de ce qu'on a déjà vu et revu auparavant.