Albator 84, c’est un peu comme si un poète mélancolique s’était dit : "Et si on fusionnait les pirates des Caraïbes avec des vaisseaux spatiaux géants, tout en ajoutant une bonne dose de nostalgie et de réflexions sur le destin de l’humanité ?". Résultat : une série qui te propulse dans l’immensité de l’espace, où Albator (ou Harlock, selon ta langue), ce pirate de l’espace légendaire, lutte contre des envahisseurs extraterrestres tout en questionnant le sens de la liberté, le sacrifice, et la survie.
Dès les premières notes du générique, tu sais que tu n’es pas ici pour une simple aventure spatiale à la Star Wars. Albator 84 te plonge dans un univers où le noir profond de l’espace n’est pas juste un décor, mais un véritable personnage. L’espace ici n’est pas un lieu à conquérir, c’est une immensité froide, dangereuse, et parfois étrangement belle. Le vaisseau Atlantis, avec sa figure de proue de pirate et ses voiles de métal, est à la fois un bastion de rébellion et un tombeau flottant, glissant lentement dans l’infini. C’est épique, mais aussi très contemplatif.
Albator lui-même est un personnage fascinant. Avec son cache-œil, son manteau noir flottant au vent stellaire (même si dans l’espace, il n’y a pas de vent, mais ne gâchons pas la poésie), et sa voix grave pleine de sagesse, il incarne l’archétype du héros solitaire et maudit. Il ne se bat pas seulement contre les forces ennemies — les Illumidas — mais aussi contre l’indifférence et l’apathie des Terriens. Albator est une figure tragique, un homme déterminé à défendre une humanité qui a cessé de se défendre elle-même. Ce n’est pas le capitaine d’un équipage joyeux, mais le leader d’un groupe d’âmes en quête de sens et de rédemption.
La série aborde des thèmes bien plus complexes que ce à quoi tu t’attendrais d’un anime de science-fiction des années 80. Le conflit avec les Illumidas, ces envahisseurs extraterrestres qui réduisent la Terre à une simple colonie, est bien plus qu’une simple lutte pour la liberté. C’est une métaphore du combat contre le conformisme, la soumission, et la perte d’espoir. Albator et son équipage sont des résistants, mais ils ne se battent pas pour la gloire ou la victoire facile. Ils se battent parce que c’est la seule chose qui leur reste. Ce désespoir héroïque est au cœur de la série.
Visuellement, Albator 84 est un délice rétro-futuriste. Les vaisseaux spatiaux ont ce look majestueux et imposant, comme des galions du XVIIe siècle flottant dans l’espace. Les scènes de combat, bien que parfois un peu répétitives, dégagent une certaine poésie, avec ces lasers qui illuminent le vide stellaire et ces explosions qui semblent se produire au ralenti. Le contraste entre l’action épique et les moments de contemplation silencieuse est frappant. Un instant, tu regardes Albator détruire un croiseur Illumidas, et la minute suivante, il est en train de fixer l’horizon infini de l’espace, perdu dans ses pensées.
Les personnages secondaires apportent également une profondeur à l’histoire. Emeraldas, l’autre légendaire pirate de l’espace, incarne la même mélancolie héroïque qu’Albator, tandis que les membres de l’équipage, comme Ramis ou le Docteur, oscillent entre loyauté indéfectible et doutes existentiels. Même les antagonistes, souvent vus comme de simples "méchants", ont une dimension tragique. Ils ne sont pas seulement des envahisseurs sans âme, mais des personnages eux-mêmes pris au piège dans des conflits qui les dépassent.
Côté bande sonore, la série marque des points. La musique, bien qu'elle puisse sembler datée à l'oreille moderne, renforce parfaitement l’atmosphère mélancolique et épique. Chaque morceau semble être composé pour te rappeler que l’espace, tout comme le destin d’Albator, est à la fois majestueux et implacable. Les thèmes récurrents soulignent la solitude des personnages et leur quête sans fin.
Cependant, Albator 84 n'est pas sans défauts. L’animation, même pour son époque, peut parfois sembler un peu rigide, et certaines séquences se répètent un peu trop souvent, en particulier les scènes de batailles spatiales. De plus, le rythme peut être inégal, alternant entre des moments de pure action et des passages plus lents, presque philosophiques, qui risquent de perdre ceux qui sont uniquement là pour les combats.
En résumé, Albator 84 est bien plus qu'une simple série de science-fiction avec des batailles spatiales et des pirates galactiques. C'est une réflexion poétique et mélancolique sur la liberté, le sacrifice, et la quête de sens dans un univers où tout semble perdu. Albator n'est pas seulement un héros, c'est une légende vivante, une figure tragique qui continue de captiver par son charisme sombre et sa détermination à défier un destin qui semble déjà écrit.