Après un pilote et un épisode, la nouvelle création de Sarnoff et autres transfuges de Lost (plus que J.J Abrams qui n'est que producteur, il n'a ni scénarisé ni réalisé le pilote. Pour preuve l'absence de lens-flare) semble pouvoir faire songer à Person of Interest, une autre de ses productions éloignées : les deux proposent chacune un concept lorgnant sur la science-fiction qui, à défaut d'être inédit, demeure intéressant mais ne sera au final utilisé que pour un procedural hybride dans des loners blêmes au fil rouge bien trop ténu et dont l'élasticité est de toute manière infinie. Autrement dit, une énième série policière qui se cache derrière un camouflage timidement fantastique.
Chaque épisode sera ainsi a priori l'enquête classique composée de recherches Google, de comparaisons de bases et d'archéologie des vieux journaux pour déboucher sur d'ennuyeuses course-poursuites. Cette litanie vue et revue sera anonnée pour le détenu ou le garde de la semaine largué dans notre présent ; succombant à sa vengeance ou à ses pulsions, sa triste histoire personnelle dévoilée à coup de redondants et parasites flashbacks sur le Rocher. Ces derniers n'ont par ailleurs aucunement la rigueur rythmique, presque hypnotique, qu'avaient ceux Lost qui enlaçait le présent et le passé pour mieux saisir des personnages destinés à accompagner le spectateur sur plusieurs saisons. Quelques maigres éléments en cours d'épisode ou en cliffhanger viendront enfin s'ajouter au chapelet de mystères ; se résignant parfois à en abattre un pour mieux dévoiler la forêt cachée derrière...
La série n'évite d'autant plus aucun des clichés que l'on attendrait d'un tel schéma à commencer par la jeune détective, Kara Thrace du pauvre, brave, blessée et impétueuse, intimement liée au grand Mystère ; son partenaire civil pour lequel Jorge Garcia rempile dans son rôle du geek, comique de service, qui pose sans détour les questions qui traversent l'esprit de l'auditoire ; le méchant directeur de pénitencier. Enfin, le chef sans foi ni loi qui en sait bien plus qu'il ne le prétend, interprété par un Sam Neill qui semble un peu perdu dans ce ratage.
Si Lost avait pour lui son décor exotique, microcosme au parfum post-apocalyptique où tisser sa comédie humaine, Alcatraz en s'éparpillant dans notre monde réel, pluvieux, grisâtre et fade manque clairement de caractère et d'atmosphère visuelle. Ce ne sont pas les tics purement abramsiens ni les poncifs sur l'île à la façon d'un «Shutter Island» raté, manquant totalement le coche, ni a base humide éculée émaillée d'écrans lumineux et encore moins les sempiternels décors en panneaux blancs et plexiglas d'Alcatraz-bis qui parviendront à lui donner une identité propre.
Dès lors, il reste à espérer que, plus rapidement qu'un Fringe ou qu'un Dollhouse (pour laquelle la Fox avait imposé des premiers épisodes répétitifs avant d'entrer dans le vif de son sujet.), elle délaisse au moins en partie cette structure en stand alones pour tendre vers un récit si ce n'est feuilletonnant au moins plus dense, plus varié et a fortiori plus intéressant. Etant donnée la chaîne de diffusion - FOX la séricide - et de favorables premières audiences, cette évolution paraît néanmoins peu probable.