On peut tout dire sur cette série. Que c'est un truc de gonzesse, que c'est mélo, qu'ils font chier avec leurs malheurs à la con, y effectivement plus hard que d'être avocat à Boston, portant complets ou tailleurs valant certainement deux ou trois mois de mon salaire... Aah et la musique entêtante de Vonda, cette chère Vonda.
Mais l'intérêt réside dans : 1) les personnages secondaires. Parce que oui, Ally Mc Beal, on en est amoureux, disons au début, les trois premiers épisodes, puis on a un peu envie de lui foutre des coups de pieds au cul tout le reste de la série. Mais la brochette des autres persos est non seulement très drôle, mais en plus permettent la création de nombreuses situations soit cocasses, soit psychologiquement intéressantes.
2) les procès : qui - de manière un peu grossière, certes - nous interrogent sur notre société. David E. Kelley, le scénariste, qui a été avocat, choisit toujours des sujets un peu délicat. Exemple : une agence de communication renvoie une de ses hôtesses d'accueil parce qu'elle est trop grosse. La morale nous dit que c'est mal (et au final, c'est elle qui gagne), mais pourtant, il s'agit d'une agence de com, pour laquelle l'image ne peut que primer. La plupart des procès évoquent toujours ce genre de situations, où l'on ne sait plus bien comment trancher. Ça laisse un peu un goût d'impuissance. Ça titille sur l'hypocrisie de notre société, sur la bienséance, et les choses qui pourtant sont ce qu'elles sont.
3) la quête mal barrée du prince charmant : ici, c'est à double tranchant. On ne sait jamais trop si la morale est : chacun à son âme soeur qui l'attend quelque part, ou bien : laisse tomber les contes de fées, c'était une blague. De façon certes toujours une peu grossière, la série joue avec cette question, avec les idées que nous mettent dans la tête les films Disney, avec la romance nunuche fleur bleue, avec le sexe aussi... Au final, de par la réalisation, on a tendance a toujours plus ou moins rebasculer du côté de l'héroïne, mais quand même, le mythe est écorché.
4) c'est une des rares série existante que l'on pourrait qualifier de "série d'auteur". À la différence de nombreuses séries américaines, écrites par des staffs complets de scénaristes, qui font des réunions pour tester entre eux les gags, Ally Mc Beal (à l'exception de cinq épisodes maximum) est l'oeuvre d'un seul et unique scénariste, qui écrit tout de bout en bout. Et, même s'il n'a rien réalisé, on sent sa présence, son "style" partout, jusque dans le choix - ô combien tendancieux - de la présence musicale de Vonda Shepard, ou le casting.
Rien que pour ça, ça vaut le respect.