Fan de SF, réjouis-toi! Netflix nous offre enfin une oeuvre de qualité. Enfin! Altered Carbon traverse de nombreux thèmes chers à la science fiction en mélangeant les sous genres avec beaucoup de subtilité, de finesse en oubliant pas de l'action. N'ayant pas lu le livre, je m 'abstiendrais de commenter l'adaptation
L’esthétique de la série vampirise avec maestria Blade Runner, Mad Max, Matrix, Mondowest et le jeu vidéo Halo. Le space-opéra n 'est pas oublié, mise à part qu'ici pas de vaisseaux, pas de bataille intergalactique bien qu 'on entende parler, et que l 'on suppose qu'un protectorat galactique nécessite des flottes de vaisseaux. Une des réussites de la série est l'absence de ces illustrations. Le spectateur devra se contenter d'une navette qui explose en moins de 5 secondes.
Néanmoins, le traitement graphique n'évite une palanquée de stéréotype, de déjà vu. La réalisation les mélange avec goût et brio. les totems de la SF contemporaine sont presque tous présents. Quand le mélange est bien fait la sauce prend! Et on se régale de ce mélange qui n 'a rien de foutraque, et permet d'ajouter des éléments de réflexions sous-jacents. C 'est visuellement impeccable.
Dans un futur éloigné, l 'humanité est devenue immortelle grâce à une technologie qui permet le transfert du cerveau de corps à corps biologique, mécanique ou dans un univers virtuel. Pour s'y retrouver dans cette nouvelle société, il faudra que le spectateur s'accroche durant les premiers épisodes pour s'y retrouver dans les catégories sociales et les identités ainsi que dans le foisonnement des propositions. Au final on se retrouve avec la description quasi complète d'une société future complexe qui va plus loin qu'une représentation binaire du type les riches et puissants sont au dessus des nuages et les pauvres en dessous par terre, sous la pluie et dans la gadoue. Ce totem est lui aussi malmené avec finesse.
Marivaux dans l 'espace? Oui! Le travestissement, la dissimulation des identités sociales sont le fond cette série qui questionne le thème de l'identité et de sa quête, faisant du corps une marchandise. La reproduction standard biologique n est pas éludée, mais pas vraiment présente non plus. Ce n 'est pas un manquement narratif car les figures du Père et de la Mère sont traitées et laissées à l 'interprétation du spectateur. Malgré l'immortalité technologique, l'humanité doit continuer à croitre pour continuer une expansion qui semble sans limite.
J'ai particulièrement aimé le traitement des intelligences artificielles qui sont devenues des rebus de la société côtoyant l 'humanité bas de gamme, sous la pluie, dans la gadoue. Original et rafraichissant.
Les acteurs et actrices : c 'est la raison pour laquelle je n 'ai pas mis une dixième étoile car c 'est franchement inégal. Tak Kovacs est campé par deux acteurs. L enveloppe asiatique est excellente tant sur le plan du biceps que de l 'émotion. La deuxième enveloppe rivalise côté biceps et semble à la peine durant les premiers épisodes au niveau de l 'émotion...ou est ce un effet de la mise en scène pour illustrer la difficulté de se réveiller de 250 ans de " suspension"...toujours est il que peut à peu la deuxième enveloppe campe son personnage de mieux en mieux. L'enquêtrice hispano-mexicaine suit le même chemin, elle se révèle sur le tard. Ironie suprême la galerie des personnages secondaires tient et soutient la série de bout en bout. Avec au dessus du lot le gang des IA qui surpasse le lot.
Une mise en scène classique, une réalisation de qualité avec des images qui valent le détour.
La réflexion sur les spiritualités qui nous est proposée est aussi un des point forts . Dans cette série il y a autant d'athées, en haut et en bas. Il y a aussi des fanatiques qui se font grossièrement manipulés, comme dans la vraie vie d'aujourd'hui. Le cynisme d'une société sans scrupule est traité avec justesse , nous renvoyant à notre monde contemporain...avec un certain cynisme de la part des auteurs. Très bon coup narratif qui se déflore au fur et à mesure que les épisodes passent.
Un plaidoyer anti tech? Pas vraiment. La technologie, les technologies sont et seront toujours pendant un long moment des créations humaines. Sapiens-sapiens est marié aux outils qu'il invente, pour le meilleur et parfois pour le pire. Il est aussi très doué pour ne pas vraiment comprendre ce qu'il crée; sauf une fois qu'il a éprouvé dans sa chair les défauts de l outil. Ainsi il peut créer des limites et encadrer tout cela. Peut-être.
Quid du pouvoir politique? Protectorat galactique, Nations Unies dans l 'espace, colonies,lois écrites que chacun détourne à son profit; le vocabulaire est bien présent mais pas ses représentants qu'on entraperçoit comme la navette qui,explose. Le droit de vote semble avoir disparu , la libre circulation semble soumise à autorisation, voilà un futur bien ancré dans le présent. Les puissants semblent aussi décadent que les pauvres dans un monde ou la satisfaction immédiate des plaisirs les plus sombre est érigée en mode de vie aussi bien transversal, horizontal que vertical.
Quelques points négatifs: doublage vf catastrophique, utilisation grotesque des idiomes pour créer un exotisme artificiel.
10 épisodes qui captent l'attention du spectateur et enfin une histoire complète qui réserve de vraies surprises avec néanmoins des ouvertures un peu grosses pour une saison 2.