American Crime Story, The People vs. O.J. Simpson, est une série à voir.
Je ne peux qu'applaudir la force d'interprétation des acteurs (Un +++ à John Travolta qui incarne l'avocat Robert Shapiro et bien sûr à Cuba Gooding JR qui joue "The Juice").
La série respecte les faits, colle au plus près de l'affaire selon les dires de l'acteur Cuba Goodind JR, qui n'a pas tenu à rencontrer le vrai O.J. Simpson, aujourd'hui emprisonné pour une affaire de vol à main armée et d'enlèvement.
Inutile de revenir sur toute l'affaire assez connue, ce "procès du siècle", comme on l'a appelé, et qui a rendu "dingue", la société américaine toute entière.
J'aimerai insister sur la qualité de la série, sur la précision des dialogues, de la force du rythme, de l'avancée des faits. Ils résonnent encore aujourd'hui et nous font littéralement entrer dans ce que l'on appelle le "système judiciaire américain" mais pas seulement.
En terminant la saison 1, je reste encore abasourdie par le traitement médiatique et juridique du cas O.J Simpson. Ce procès n'était pas celui d'un homme accusé en 1994 d'avoir commis un double homicide, non, c'était le procès de l'Amérique blanche et noire, c'était une sorte de match, un combat qui concernait la société toute entière, sa vision, son état d'esprit, sa représentation.
Aucune attention n'a semble-t-il été prêtée aux victimes pendant ce procès et on le ressent dans la série : l'ex épouse d'O.J. Simpson, Nicole Brown Simpson, âgée au moment de sa mort, d'une trentaine d'année, et son ami Ronald Goldman. Ils ont été retrouvés morts, sauvagement tués, un soir du 13 juin 1994, devant la maison de Nicole Brow Simpson, à Brentwood, un quartier cossu de Los-Angeles.
O.J. Simpson, l'un des footballeurs américains les plus connus dans les années 80-90, lui est devenu à la fois l'homme à sauver et l'homme à abattre. Il est accusé de ce double meurtre et sera acquitté le 3 octobre 1995. Le verdict n'était pas celui attendu par des Etats-Unis d'Amérique, encore sous le choc des émeutes de Los Angeles en 1992.
Les épisodes ont réussi à retracer les moments les plus cruciaux de l'affaire, en jouant sur la manière de dérouler les scènes, leurs rythmes est assez rapide mais pas du tout dérangeant pour suivre et comprendre des choses essentielles sur la justice américaine, la vérité juridique.
Il y a quelque chose de l'ordre du spectacle dans certains épisodes qui rappellent l'engouement suscitée par le procès Simpson, retransmis à la télévision et suivi par des millions de téléspectateurs.
Les scènes où les avocats déroulent leurs arguments ne sont pas longues, on suit les personnages, leurs doutes, leurs confrontations et leurs coups bas.
La série m'a aussi fascinée par sa capacité à aborder les questions raciales et celles des femmes en ne tentant pas de mêler les deux, les faire se joindre sous le label de la "diversité", comme ça peut être le cas, dans certaines séries. La question des victimes, de la justice faite aux victimes, de la justice pour les victimes est abordée d'une manière spectaculaire, à travers le rôle renversant de Sarah Paulson, qui incarne l'avocate de la défense Marcia Clark. Mais aussi à travers les deux personnages noirs qui s'affrontent dans la série : Johnnie Cochran et Christopher Darden.
Là encore, je trouve assez bluffante la joute verbale, incessante des deux protagonistes. Leur "combat", leur "posture d'homme noir", leur opinion sur le "N Word" etc.
Ryan Murphy pointe du doigt dans cette série toutes les choses que la société américaine a engendré, construit. Et c'est véritablement fascinant.