Impeachement - 8/10
Une petite déception avec cette nouvelle saison, un cran en-dessous des autres. D’une part, c’était sans doute la première que j’attendais vraiment, puisqu’elle abordait un sujet que je connaissais déjà un peu (l’affaire Monica Lewinsky) et qu’elle prenait place dans un thriller politique à la Maison-Blanche. Et si j’ai passé une fois de plus un excellent moment devant cette saison, si j’ai appris malgré tout un paquet de choses sur cette affaire ; je l’ai trouvée un peu moins bien dosée que les autres anthologies. Aucun épisode ne parviendra à créer un réel effet « whaou » à me faire tomber de la chaise, comme ça a pu être le cas, et certains se révèleront même un peu mous.
De même, connaissant déjà l’histoire, je n’ai pas eu vraiment de surprises sur son dénouement, ou de sentiment d’injustice/de gâchis ; alors même que ça reste une histoire révoltante. La vraie Monica Lewinsky a participé à la production, et on comprend donc qu’on a droit à une version des faits pas loin de la vérité (me demande si les Clinton ont été consultés), mais on sent aussi une certaine maturité, un recul dans la façon d’aborder son histoire. Sans dire que les torts sont partagés, on réalise assez vite que la jeune Monica est avant tout une femme qui a été manipulée par un pervers narcissique qui n’avait aucun courage pour assumer ses actes. Elle se retrouve donc malgré elle embarquer dans un cercle vicieux qui ne va que s’aggraver et exploser devant le peuple américain.
Là où les précédentes saisons nous parlaient de meurtre, avec un suspect et assassin clairement établi ; cette troisième saison joue plus sur l’ambiguïté, où il n’y a pas un antagoniste principale, mais plutôt un spectre d’antagonisme selon les personnages et ce qu’iels cherchent à accomplir par rapport à Monica. Linda qui part dans une croisade obsessionnelle contre les Clinton, sans chercher à se soucier de ce qui pourrait arriver à « son amie » ; le procureur Starr qui veut faire tomber les Clinton et ne recule devant aucun recours, quitte à humilier son témoin principale avec un rapport ridicule ; Bill Clinton lui-même qui, comme je le disais, est dépeint comme un lâche sans le moindre courage, prêt à tout pour se protéger, quitte à traîner Monica dans la boue. On a aussi l’intrigue autour de Paula Jones, qui se révèle encore plus dramatique quand on réalise que tout le monde l’abandonne une fois qu’iels ont obtenu ce qu’iels voulaient.
Et puis bien sûr, l’un des coup de maître de cette série, c’est l’utilisation d’Hillary, dont la présence plane au-dessus de tout ça, mais qui n’apparaît que dans la dernière ligne droite. Sans être l’antagoniste ultime de la saison, elle n’en reste pas moins comme une menace à chaque fois que son nom est mentionné, comme une Mère Fouettarde. La dispute entre elle est Bill est sans conteste l’une des meilleures scènes de la saison (voire de la série), et cimente à merveille la dynamique entre les deux, tout en posant les bases pour son avenir. Au final, on pourrait presque dire que cette saison est empreinte d’un grand cynisme, dans le sens où le coupable passe au travers des mailles du filet grâce à un système qui le protège ; et qu’on réalise qu’il n’y avait pas d’autres réelles alternatives, comme si c’était destiné à se terminer ainsi. La conclusion, qui nous donne un aperçu du devenir de chacun sera d’ailleurs assez parlante : Paula criblée de dettes, Linda confinée aux oublis de l’histoire, Monica sans doute traumatisée, et Bill devenu persona non grata permettant l’ascension d’Hillary.
Le casting sera excellent, une fois de plus. Sarah Paulson brille une fois de plus, à peine reconnaissable avec son maquillage ; j’ai trouvé Beanie Feldstein très convaincante, notamment pour jouer les différentes facettes de Monica ; Clive Owen a rarement été aussi détestable, mais lui aussi extrêmement crédible. Techniquement, rien à reprocher non plus : l’atmosphère du thriller politique est bien retrouvée, avec une musique et des décors qui nous plongent en plein milieu de cette affaire, et une mise en scène toujours au poil.
Bref, petite déception avec cette saison, même si elle reste de très bonne qualité. La chose la plus révoltante, en fin de compte, c’est que c’est une affaire qui aurait pu avoir lieu de nos jours et rien ne garantit que sa conclusion aurait été différente.