Lorsque le créateur de la série Nip/Tuck s’associe avec le co-producteur de celle-ci, on se doute du résultat: ça va être intelligent, mais aussi très viande. Là-dessus, pas de surprises, ça saigne, ça fonce tête la première dans le cul sans pour autant manquer de pertinence. Rien n’est gratuit, et si les deux gars vous imposent un viol, une bonne se faisant monter avec fougue ou tout simplement un bon bain de sang, c’est que ça annonce toujours quelque chose de bien plus grand, et même s’il n’y avait pas quelque chose derrière, les gars tenant la caméra mettent un coeur à l’ouvrage qui saute aux yeux. Ils nous angoissent, nous passionnent, nous horrifient, et cela en ayant pourtant une base ultra-classique, illustrée par un titre qui en cache bien plus. Les gars ont à l’idée de donner un second souffle aux fantômes de vieilles demeures tout en y ajoutant une touche contemporaine, insufflée progressivement au cours des flashbacks nous narrant le passé de cette demeure. Ils tournent tout en 35mm, et sont probablement les derniers à le faire, un choix intelligent puisque ça nous offre un piqué unique avec un grain plaisant grâce à une photographie soignée. Afin d’affirmer leurs influences ils n’hésitent d’ailleurs pas à reprendre des thèmes cultes du cinéma d’horreur/épouvante, dont The Beginning du Dracula de Francis Ford Coppola, composée par Wojciech Kilar, en plus d’un thème de générique particulièrement efficace (tout le comme le générique, c’est d’ailleurs l’un des derniers assez long et que pourtant l’on n’a pas envie de zapper !).
Le casting est quant à lui à la hauteur, tout du moins dans les grandes lignes. On a une Jessica Lange grandiose et qu’il fait plaisir à revoir après des années de discrétion, puis il y a l’excellent Zachary Quinto, qui a profité de son coming-out pour incarner un rôle respectant ses préférences sexuelles (quoiqu’un poil too-much par moments), Evan Peters est diaboliquement bon, Azura Skye est radieuse comme toujours, mais ceux qui font réellement tâches, c’est le couple Connie Britton/Dylan McDermott. Ils ne sont pas totalement mauvais, mais l’alchimie ne prend pas, leur histoire ne suscite que peu d’intérêt, mais l’on remercie cependant les scénaristes d’avoir créé suffisamment de personnages secondaires, qui peu à peu prennent autant d’importance que le couple, chose fort appréciable.
Cette première saison d’American Horror Story vient remettre les pendules à l’heure et comblera les amateurs du genre qui se sentent abandonnés, la concurrence n’offrant rien de comparable. Falchuk et Murphy continuent sur une lignée qu’ils avaient bâtie avec Nip/Tuck, à savoir un spectacle réservé à un public averti, érotique et gore sans virer dans la gratuité. 8 épisodes, c’est court pour une saison, mais vu que chacun dure 1 heure, cela vient compenser ce faible nombre. La saison 2 vient de commencer à la rédaction de cette critique, et au vue du premier épisode le duo nous prouve rapidement qu’il était loin d’avoir déjà tout dit.
En ce qui concerne le Bluray, la technique est irréprochable. Le transfert est de qualité, et hormis lors de quelques plans très obscurs le grain ne pose jamais de problèmes. L’ambiance sonore est parfaitement restituée avec une piste son DTS-HD.
Côté bonus c’est un peu maigre, nous retrouvons la même chose que pour la version import US, à savoir tout juste une heure de featurettes et making-of, en plus du commentaire audio de Ryan Murphy (uniquement durant le premier épisode). Les featurettes n’ont rien de grandiose, mais la création du générique sera un must pour ceux qui en sont fans, de même que le making-of, bien qu’il soit affreusement court (25mn). Espérons que le succès de cette première saison pousse la Fox à nous concocter quelque chose de plus substantiel pour le coffret de la saison 2, voire peut-être même revenir sur la saison 1, ce qui ne serait pas du luxe !