American Vandal, est une série netflix qui remporte un vif succès et dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer…
D’un côté, on y trouve tous les codes d’un reportage d’investigation… séquence caméra au poing au cœur de l’action, témoignages anonymes, visages floutés et voix transformées, scènes volées grâce à des micros scotchés sur le torse et des vidéos filmées en douce par des téléphones cachés… des confrontations de points de vue entre les deux étudiants « journalistes » dans un bureau digne d’agents du FBI ou un des murs est maculé de photos de chaque personnage associé à l’histoire reliées entre-eux par des ficelles et sous lesquelles on trouve mobile et alibi possibles… Dans les deux cas, le coupable est vite désigné et sanctionné… mais à chaque fois, nos deux apprentis journalistes, considérant que l’affaire est probablement trop vite pliée, décident de mener l’enquête et ouvrent à chaque fois une boîte de pandore… et il faut bien reconnaître que le suspense est réel et les rebondissements nombreux.
Mais de l’autre, on est englué dans le potache et le vulgaire… pour la première saison
27 profs découvrent que leur voiture sont taguées de sexes masculins,
pour la deuxième,
quelqu’un a mis du laxatif dans la limonade de la cafétaria déclenchant une vague de diarrhée géante au sein d’un établissement scolaire privée.
Pour les deux saisons, le cadre est le même, le collège américain. L’environnement décrit est vraiment caricatural… on y retrouve les longs couloirs bordés de casiers où des adolescents de milieux aisés se font des « checks » ou se toisent. On y croise la cheerleader autant adulée que jalousée, la star de l’équipe de basket beau gosse, crâneur et idiot mais aussi quelques marginaux de service qui sont, évidemment, bien différents de ce que l’on pense au départ… On retrouve les mêmes portraits risibles chez les profs, entre ceux d’un autre temps, les sympas, les décalés, le beau-gosse, le prof de sport qui a du faire l’armée… Bref, American Vandal respecte tous les codes du teenage movie américain…
La construction de la série est plutôt habile… le premier épisode présente les faits, le septième apporte le dénouement (ou une partie…), le huitième, la morale de l’histoire et chaque épisode intermédiaire développe une nouvelle théorie qui est amenée par un rebondissement à la fin de chaque épisode précédent.
Ce qui est par contre inquiétant, c’est que cette série semble se prendre terriblement au sérieux… notamment lors de passages qui prêtent forcément à sourire tels que l’analyse comparative graphique de deux dessins de sexe… ou celui de la recherche sur l’origine des excréments qui ont été projetés sur les élèves… mais non… pas un seul trait d’humour ou de second degré pour « dédramatiser » l’intrigue … or, partir à la chasse … du « tagueur de bites » ou du « chieur masqué » aurait mérité sûrement un peu d’autodérision…
On peut s’interroger enfin sur l’espérance de vie de ce type de série car pour les deux saisons diffusées, la progression de l’intrigue et son issue sont (à peu près) les mêmes ; Si l’on trouve bien les auteurs des terribles méfaits perpétrés, la morale de l’histoire, très convenue, nous est imposée par une longue et ennuyeuse tirade qui nous explique que finalement ce n’est pas tant de leur faute si nos petits étudiants bourgeois (que l’on voit organiser chaque week-end des « parties » où l’on fume des substances illicites et où l’on boit à en perdre connaissance) pètent parfois les plombs, non… c’est la faute de la société qui leur impose un monde artificiel et cruel (basé sur l’apparence et les préjugés) mais aussi de plus en plus individualiste (nous nous sentons finalement bien seuls dans ce monde pourtant devenu hyperconnecté…). Cette conclusion arrachera probablement une larme auprès de nos chers ados autant qu'elle provoquera un soupir d’agacement auprès de leurs parents… Une saison 3 est à venir…