De cette série de 1972, on retient d’abord le duo Tony Curtis-Roger Moore qui fonctionne parfaitement. Les 2 tout en ayant des personnalités radicalement différentes, en particulier dans leurs façons de travailler, semblent s’être plutôt bien entendus lors du tournage et ils partageaient un même sens de l’humour. C’est d’abord pour eux qu’on revoit cette série avec plaisir et il faut préciser qu’ils sont très bien doublés en français (Michel Roux est fabuleux quand il double Curtis et Claude Bertrand est la voix française de Moore) en ajoutant même parfois du texte aux répliques d’origine ou les changeant largement, les rendant plus drôles ! C’est assez rare pour le préciser. Et puis le générique magistral et la musique signée John Barry ont fini d’entrer cette série dans les mémoires. Pourtant, il n’y a eu que 24 épisodes tournés. C’est la rencontre entre 2 personnages qui n’auraient jamais dû se croiser, appartenant à 2 mondes diamétralement opposés : un riche industriel américain, Danny Wilde, un « self made man » qui a grandi dans le Bronx, sans esbroufe et qui ne se prend pas au sérieux et un aristocrate anglais, Lord Brett Sinclair, cultivé, raffiné, élégant et soucieux de préserver les traditions de ses ancêtres. Leur rencontre se fait par l’intermédiaire d’un juge à la retraite qui décide de leur confier des missions périlleuses, et ils deviennent des justiciers à la marge chargés de rattraper des criminels qui avaient échappé à la justice. Toute la série repose sur l’antagonisme et en même temps la complicité entre ces 2 personnages que tout oppose.
C’est bien sûr le personnage de Simon Templar, dans « Le Saint » que Moore a joué de 1962 à 1968 qui a convaincu les producteurs de faire appel à lui, Brett Sinclair en est en effet très proche. Sauf que Moore est alors approché pour jouer le nouveau James Bond et ça, ça ne peut pas se refuser, il est en tout cas parmi les plus certains. Il hésite donc à s’engager. Mais « Les Diamants sont éternels » en 1971 voit le retour inattendu de Sean Connery qui avait pourtant promis qu’il ne retrouverait plus les habits de l’agent 007 mais le cachet record qui lui avait été accordé (plus de 1.25 millions de $, inégalé à l’époque !!!) a dû faire taire ses réticences. Moore doit donc se rabattre sur cette série télé de qualité et Tony Curtis accepte tout de suite l’idée du duo désaccordé. Ils signent pour un contrat de 5 ans, rien que ça, preuve tout de même que ce programme leur inspirait confiance ! Sauf que la série à gros moyens ne va pas connaître le succès escompté, ni en Grande Bretagne et encore moins aux Etats-Unis. Par contre, le succès est instantané…en France ! C’est là qu’elle est devenue culte et qu’elle a été diffusée de nombreuses fois à la télé, depuis sa 1ère en 72, le doublage de qualité y étant peut-être pour quelque-chose : oserais-je dire que la version française est plus drôle que la version originale ?! Connery ayant refusé de poursuivre James Bond, la voie est alors libre et Moore est engagé pour jouer l’agent secret préféré de Sa Majesté (il était pressenti depuis des années). Il annonce donc qu’il quitte la série et se lance dans son 1er James Bond, sorti en 73, « Vivre et Laisser mourir ». Un remplaçant est un temps envisagé pour une 2e saison avec Tony Curtis mais impossible à trouver tant l’alchimie entre eux deux était forte. La série n’aura donc duré qu’une saison avant d’être annulée et c’est sans doute mieux comme ça. Il nous reste de chouettes souvenirs, à commencer par ce thème entêtant de John Barry !