Angel est la série de mes jeunes années, mes années de jeune adulte en tout cas.
Après Buffy que j'ai adoptée immédiatement, j'ai suivi sans un battement de cil Angel dans son aventure solo qui au final m'a mieux convenue que le show originel.
D'une part les thématiques sont moins adolescentes et j'étais déjà à l'université et plus sombres aussi. Cela n'a pas aidé que les dernières saisons de Buffy aient été pour moi assez mauvaises du point de vue du scénario.
Pas qu'Angel ait été parfait, loin de là.
La saison 1 part sur les chapeaux de roues et comme beaucoup de séries se cherche un peu, d'où une saison un peu inégale où les personnages cherchent leur place et notamment Doyle qui finira par disparaître opportunément en milieu de saison pour céder la place à Wesley, comic relief de Buffy, qui apporte un vent de légèreté bienvenu mais aussi une meilleure dynamique au groupe. Ceci permet également à Cordelia de trouver une vrai place au sein de l'intrigue en tant que dépositaire des visions guidant notre sombre héros sur le chemin de la rédemption.
La saison 2 est meilleure du point de vue de l'écriture. Moins d'épisodes indépendants et une évolution importante au niveau des personnages. Malheureusement c'est celle que j'aime le moins parce que toutes ces histoires avec Darla m'ont gonflées copieusement. Ce sont ces épisodes qui ont été les plus durs à supporter "à la revoyure". Quelle purge! Cependant, la saison voit aussi la montée en puissance du cabinet d'avocat Wolfram and Hart et ça c'est bien, avec une révélation assez culottée en prime : l'enfer c'est notre monde et pas un hypothétique puit de feu sans fond. Comme dirait Jean Paul, l'enfer c'est les autres. Mais, et ceci pose une question intéressante : si l'enfer est ici, comment sauver le monde du mal? Une question qui résonnera jusqu'à la fin de la série et son final frustrant et magistral.
Charles Gunn prend ici plus d'importance et se coule au sein de l'équipe avec aisance, apportant une figure masculine aux angles plus acérés que Wesley, même si celui-ci gagne en assurance.
On voit aussi monter en puissance le personnage de Lorne, bonheur considérable, qui apporte humour, rebondissements et sert un peu de deux ex machina mais le fait avec style!
La saison 3 est probablement la mieux équilibrée et la meilleure à mon sens. La série et ses personnages ont trouvé leur rythme de croisière. Le groupe est au complet, désormais rejoint par Fred, jeune génie légèrement maboul à la personnalité attachante. Elle revitalise les relations entre les personnage sans alourdir l'intrigue générale. Darla est de retour et là prend toute sa place dans un arc de rédemption extrêmement bien mené.
Les épisodes stand alone sont bons et distrayants et l'arc général est bien géré. Le fils d'Angel est un peu énervant mais on le comprend, Cordelia réalise son potentiel, Angel, notre héros, ne gère pas ses problèmes comme un demeuré pour une fois, le triangle Gunn/Wesley/Fred fonctionne.
Certains des épisodes de cette saison sont parmi les meilleurs de toute la série avec notamment celui qui se passe pendant un ballet classique. C'est poignant, c'est bien monté, c'est inhabituel : un superbe épisode.
Le reste de la saison est à l'avenant avec trahison, haines, séparations, juste ce qu'il faut de noirceur pour maintenir le spectateur en haleine.
Et voilà que la saison 4 est arrivée. C'est pour beaucoup de séries le cas, après le pic de maturité de la saison 3, la saison 4 passe ou casse. Malheureusement, ici, ça casse. Avec une structure moins épisodique et plus sérielle, plus sombre et plus bouffie, Angel déroule une noire histoire d'être suprême cannibale qui utilise Cordelia pour venir au monde et dominer le monde. Fred et Gunn font un petit détour du côté obscur, Wesley est toujours en périphérie, Angel semble ne servir à rien dans sa propre série et tout ceci se prend beaucoup trop au sérieux dans sa sombritude.
Tous les épisodes ne sont pas nuls et la saison est regardable mais c'est ennuyeux au mieux, pathétique pour certaines parties, avec en prime l'un des triangles amoureux les plus chelou et dérangeant que j'ai vu de ma vie. Je n'aime pas la saison 4.
Je l'aime d'autant moins qu'elle a mis "Angel" en porte à faux avec sa chaine de diffusion qui demandera une remise d'équerre avec période probation. Ce qui nous amène à la saison 5, qui tout naturellement et comme d'habitude après une saison ratée, cherche à se refaire une virginité. L'idée est bonne, l'exécution aussi : plus d'épisodes indépendants mais un arc narratif global (dur, souvent très dur) mais qui prend son temps par petites touches à se développer. Le retour d'un peu plus d'humour aussi grâce à Spike qui prend la place de Cordelia : le personnage qui n'a pas peur de dire ce qu'il pense parfois de manière brutale et cette série en a besoin.
Malheureusement, la perte d'audience intervenue pendant la saison 4 n'a jamais été rattrapée et cette saison 5, pourtant intéressante et bien faite sera la dernière, laissant les personnages et le spectateur sur un cliffhanger frustrant et excellent. Malgré la fin brusque de la série, c'est une fin ouverte voulue par Joss Whedon, grand ordonnateur de festivités; qui préfère laisser ses personnages soit dans les tréfonds du désespoir soit face à leur destin plutôt qu'heureux et en pantoufles.
Pas de pantoufles ici, la dernière saison défourraille et ça fait très mal.
Cette dernière saison s'autorise même toute les audaces en tuant un personnage principal en plein milieu et en introduisant un tout nouveau au même moment. Et Illyria est un sacré personnage!
Côté personnages, justement, ils ont choisi de mettre la série sur les épaules du personnage le moins intéressant de Buffy, Angel! Le héros tragique plutôt beau gosse qui tire la gueule dans les coins et hurle sa douleur à la lune (un proto-Edouard!). Sa vie est triste, son regard est triste, il s'habille en noir et il vit dans le noir. Mais avec cette nouvelle série, il prend une toute autre dimension et David Boreanaz peut enfin sortir son vampire de son rôle d'amoureux transi condamné à l'abstinence. Il est charmant, il est compétent, il est sympathique. Que demande le peuple?
Il est rejoint par Cordelia, personnage secondaire de Buffy mais qui lui donnait beaucoup de relief.
L'association Cordelia/Angel tient du génie. C'est improbable, et ça marche. Chacun met l'autre en valeur et Charisma Carpenter maîtrise parfaitement le rôle et gèrera bien son évolution. Elle quittera la série beaucoup trop tôt à mon goût et je la comprends après ce que les auteurs ont fait à son personnage en saison 4. Une jolie relation entre les 2 personnages évolue au gré des saisons jusqu'à un soupçon de romance qui sera tué dans l'oeuf parce que les fans ne voulaient pas qu'Angel soit heureux, et surtout pas sans Buffy.
Le troisième personnage principal du trium virat de base, c'est Wesley Windham Price, interprété de façon magistrale par Alexis Denisof. Il passe de gros crétin maladroit à sombre âme torturée hyper compétent. C'est peut être celui qui fait le plus gros grand écart et le maîtrise à merveille. J'adore le personnage, son destin comme celui des autres n'est pas rose mais il apporte souvent une légèreté et une émotion bienvenues.
Le reste du casting de Amy Acker à J August Richards en passant par Andy Hallett ou bien Stephanie Romanoff ou Christian Kane, tient bien la route et ils apportent chacun leur pierre à l'édifice.
La série sous couvert de vampires, démons et autres monstres glaireux aborde des thèmes tels que l'ambiguïté morale, la rédemption, la faute ou l'erreur, les intentions perverties etc...
Une bonne série, bien meilleure sur le long terme que la moyenne de SC ne le laisse supposer. Il est dommage qu'elle n'ait pas tenu plus longtemps mais elle est presque culte désormais même s'il elle reste encore dans l'ombre de BTVS.