City Hunter, Cat's Eyes et Angel Heart, tout ce que fait leur auteur semble bon en manga, et les adaptations en animé suivent également. Assez récent, la série Angel Heart est sans doute moins connue, mais elle reconduit le personnage principal de City Hunter, Ryo Saeba ou pour la VF Nicky Larson. Le début de l'histoire s'inscrit comme une à peu près suite à la fin de City Hunter, moyennant quelques modifications.
Cette nouvelle série est superbe, mais transforme profondément la donne de départ. City Hunter, on avait un héros qui courait les filles et rendait des services de justice clandestin à toute une série de jolies femmes, on avait un schéma à la Cobra mais avec un texte plus poussé et une intrigue plus travaillée, même si le même schéma était repris d'une histoire à l'autre. Un manga de City Hunter ne se lit pas rapidement, il contient pas mal de textes. Je n'ai pas encore pu me procurer le manga Angel Heart, alors j'ai fait le choix de suivre l'adaptation en animé. L'héroïne va être la fille adoptive de Ryo Saeba et il s'agit donc d'un binôme de personnages principaux, même si, comme le titre le confirme, c'est cette nouvelle héroïne qui va orienter toute la série pour le contenu des histoires et les thèmes abordés. Il s'agit d'une orpheline qu'on a forcée dès son plus jeune âge à un entraînement inhumain pour qu'elle devienne une tueuse. Je ne m'attarde pas sur toutes les prouesses de divers ordres qui dépassent l'entendement dans cette série, ça fait partie de son univers humoristique. Cette héroïne n'en peut plus de tuer et quand elle voit une fille pleurer sur le corps tout frais d'une de ses victimes, c'en est trop, elle se suicide, sauf qu'une machine de guerre pareil a de la valeur, et, cerise sur le gâteau, cette orpheline on découvre que c'était la fille même du patron de l'organisation qui l'avait enrôlée de force, ce que le patron repentant mais mourant veut réparer. On vole un coeur et, coïncidence, la grande associée de Saeba en passe de se marier avec lui est renversée par une voiture, et c'est son coeur même qu'on a volé et greffé sur la tueuse Glass Heart, qui, grâce au don de Kaori ne peut que devenir le titre de la série "Angel Heart". L'originalité de cette greffe, c'est que les souvenirs de Kaori vont devenir ceux de l'héroïne, avec parfois une exagération puisqu'il y aura des souvenirs du passé avec même des petits détails que Kaori est censée ignorer ou même une passation de souvenirs de main en main entre deux femmes, etc. En fait, la série prend une voie spiritualiste complètement assumée que confirme encore le sixième sens de Falcon, acolyte aveugle du héros City Hunter. Il y a bien l'expression de l'incrédulité des personnages eux-mêmes pour ne pas que nous criions au scandale, mais on s'acclimate petit à petit à cette situation onirique qui crée des récits lyriques et symboliques intéressants. C'est plus le City Hunter incisif, c'est une série beaucoup plus dans l'introspection. Une série sombre et tendre tourné vers la poésie. Cette magie est de qualité, il y a plein d'excellents détails, d'excellentes idées. Les fans du côté plus punch de City Hunter pourront se sentir un peu perdus. Ici, on a un traitement très contemplatif, très lyrique, un déploiement parfois lent, mais on reconnaît bien la patte du même auteur et on a une réelle qualité, à ceci près qu'on se rend compte qu'il y a parfois un côté éventail des possibilités qu'on déroule de façon appelée. Il y a beaucoup de choses très appelées dans les choix d'aventures qui font écho à la situation de la filel adoptive de Ryo, mais aussi parfois dans la succession des épisodes. Dans les derniers épisodes, on sent même que c'est moins inspiré avec un fort retour de runnings gags comme la massue, etc.
Pourtant, ça reste bon jusqu'au bout et l'héroïne est très prenante, très touchante avec ses interrogations. Les voix de la VF sont souvent très gagas, ce qui est agaçant y compris pour un personnage d'enfant, mais ça passe.
Ce n'est pas tellement une série d'action, mais il y en a. C'est drôle, oui, mais avant tout c'est mélancolique à fond. C'est évidemment plus poétique que psychologique, car c'est un animé et les personnages n'ont pas une psychologie si fouillée et quand il semble en avoir une un peu ébauchée elle est souvent bradée. Un collègue qui a toujours l'héroïne l'a rejoint auprès de City Hunter, mais on a une superbe opposition entre "Avant : le héros qui veille sur elle, parfait, qui sera forcément aimé" et "Après : le blaireau, qui, loin d'être un ancien tueur, s'intéresse à la presse people". L'héroïne elle-même n'a pas une évolution plausible, notamment envers Ryo Saeba et son ancien collègue qui la rejoint.
Malgré tout, la série commence très très fort. Sur les cinquante épisodes, les 20 premiers sont de la crème. Après, ça commence un peu à se fragiliser, il y a des lenteurs, mais ça reste bon jusqu'au bout malgré tout.
Il y a un truc quand même original, un fil conducteur, qui apporte un vrai plus à cette série, c'est cette histoire du coeur de Kaori mis dans le coeur d'une fille éduquée à être tueuse malgré elle, fille qui exprime naïvement cet attachement et qui dit à tout le monde qu'elle est la fille de Kaori et de Ryo, ce qui provoque évidemment des scènes très intéressantes avec divers personnages qui ont connu Kaori, qui ont été proches d'elle, etc. Là, c'est clair, on tient un truc...
Ce coeur permet la présence de scènes surréelles avec des personnages qui voient tous l'héroïne changer de visage et devenir par instants Kaori, avec des rêves très élaborés qui mobilisent plein d'émotions, provoquent des révélations. On a des fantômes, des êtres placés comme des spectateurs qui ne peuvent pas agir, et bien d'autres situations encore où finalement l'histoire importe moins que la poésie.