Arabesque, c’est un peu comme si ta grand-mère se mettait soudain à résoudre des crimes complexes avec plus d’intuition que Sherlock Holmes et plus de gentillesse qu’Angela Lansbury elle-même. Dans cette série, l’enquête criminelle devient un jeu d’enfant pour Jessica Fletcher, une romancière à succès qui, entre deux best-sellers, semble attirer les meurtres comme un aimant à problèmes. Et le tout avec le sourire, une tasse de thé à la main, et une bienveillance qui frôle l’irréel.
Chaque épisode te plonge dans un univers où tout semble paisible, que ce soit à Cabot Cove (le village le plus meurtrier par habitant de toute la fiction télévisuelle) ou dans d’autres lieux charmants où Jessica, en bonne enquêtrice amateur, résout des mystères mieux que les forces de l’ordre. On se demande souvent pourquoi elle n’a pas été directement engagée par Scotland Yard, le FBI, ou la CIA, mais qu’importe. Jessica a toujours un carnet de notes à portée de main et une capacité surnaturelle à croiser des criminels en vacances ou lors de séminaires littéraires.
Jessica Fletcher, c’est un peu la super-grand-mère dont tu rêves. Elle est polie, souriante, toujours bien habillée dans ses cardigans, mais attention : derrière ces airs de dame respectable se cache un cerveau affûté comme un couteau de cuisine. Chaque meurtre qui se déroule autour d’elle (et il y en a un paquet) est une nouvelle occasion de montrer à quel point elle peut faire pâlir d’envie tous les enquêteurs de série B. Les suspects ? Un simple regard de Jessica, et ils finissent par tout avouer.
Ce qui rend Arabesque à la fois charmant et un peu loufoque, c’est le fait que personne ne trouve bizarre que cette auteure de romans policiers soit constamment entourée de morts suspectes. Sérieusement, à chaque mariage, dîner, ou conférence où elle se rend, il y a un cadavre. Soit c’est un mauvais karma, soit elle a un don inné pour se retrouver dans les endroits les moins sûrs du monde. Et pourtant, personne ne se pose la question : "Jessica, pourquoi tous les gens que vous rencontrez finissent-ils par mourir ?" On devrait vraiment la surveiller de plus près…
Visuellement, la série est un parfait exemple de la télévision des années 80-90 : des décors qui respirent la propreté, des intérieurs douillets où l’on s’attend presque à voir Jessica tricoter un pull entre deux indices, et des scènes de crimes toujours résolues dans une ambiance feutrée. Même les scènes dramatiques ne parviennent jamais à être vraiment stressantes. Après tout, tu sais que Jessica va résoudre l’énigme avant la fin de l’épisode, sans jamais froisser son chemisier.
Et parlons-en des intrigues. Bien que chaque épisode soit une nouvelle enquête, le schéma est assez répétitif : Jessica arrive quelque part (un hôtel, une soirée, un village), quelqu’un meurt mystérieusement, la police locale est dépassée (comme d’habitude), et Jessica, grâce à son esprit vif et à ses intuitions de romancière, résout tout en un clin d’œil. Parfois, on se demande pourquoi les flics ne l’appellent pas directement au lieu de perdre du temps à mener leur propre enquête. C’est presque devenu une règle non écrite : si Jessica Fletcher est dans les parages, il y aura forcément un meurtre, et elle le résoudra sans même se salir les mains.
L’un des plaisirs coupables de la série, c’est aussi ses invités vedettes. À chaque épisode, tu as droit à des visages familiers, des acteurs en quête de rédemption après une série annulée ou des stars en quête de caméo sympathique. Cela ajoute une couche de divertissement supplémentaire, car même si tu devines rapidement qui est le coupable (indice : c’est rarement celui qui a l’air le plus louche), tu prends plaisir à voir des célébrités jouer le jeu de la victime ou du suspect.
Mais si Arabesque peut être divertissante avec son ton léger et ses enquêtes qui se suivent sans trop de surprises, elle souffre aussi d’un certain manque de suspense véritable. Les crimes sont souvent trop propres, les coupables trop évidents, et les résolutions un peu trop faciles. C’est comme si les scénaristes avaient décidé que Jessica devait toujours être infaillible. Elle ne trébuche jamais, ne se trompe jamais, et réussit chaque déduction avec une précision presque inhumaine. Ce côté "super détective" peut devenir lassant, surtout si tu cherches un peu de tension ou de retournements de situation inattendus.
En résumé, Arabesque est une série charmante, portée par une Angela Lansbury irrésistible dans le rôle de la détective involontaire. C’est une série qui ne cherche jamais à être plus que ce qu’elle est : un divertissement léger, où l’on résout des meurtres comme on prépare une recette de famille. Si tu as envie de regarder une grand-mère douée pour élucider des mystères tout en maintenant une élégance impeccable, alors Arabesque te servira une bonne dose de confort télévisuel. Mais si tu cherches des enquêtes palpitantes et pleines de rebondissements… tu risques de rester sur ta faim, avec un arrière-goût de thé tiède.