Tout ou rien...
C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...
Par
le 6 sept. 2013
56 j'aime
10
J'ai mis du temps à me mettre à Arkeo Toys. Sans doute car de l'extérieur, pour quelqu'un qui regarde seulement les miniatures de vidéos, on a l'impression d'une énième chaîne qui surfe sur la nostalgie du XXe siècle finissant.
J'avais bien tort.
Car il ne s'agit pas du tout de pousser à la consommation pour étaler sa collection derrière une vitrine. Derrière ce vernis nostalgique, on a un vidéaste qui n'a pas volé sa référence à l'archéologie, car il est doué pour trouver des images et des documents rares, monté de manière très efficace.
Et surtout, il décrit le monde du jouet pour ce qu'il est : une industrie menée par ses créatifs et aventuriers, mais surtout régentée par des intérêts capitalistes. Avec une cohérence que certains qualifieront sans doute de dogmatique, mais dans laquelle je vois de la rigueur, il retrace patiemment les étapes de la montée d'une marque. Au point, dans les épisodes sur les boîtes de jouet françaises, d'être presque dur à suivre dans sa manière de retracer l'historique de montages financiers. Il n'empêche que si vous souhaitez connaître l'obscur homme d'affaires israélien ou l'habile entrepreneur opportuniste américain derrière une marque familière, vous avez frappé à la bonne porte. Et j'aime beaucoup, j'ai l'impression de découvrir des rouages secrets. Ha, et Ronald Reagan prend cher (mais c'est de bonne guerre, non ?). Arkeo Toys, c'est un peu le 3615 Usul des jouets, et c'est tout aussi plaisant (et plus fouillé).
Arkeo Toys est aussi attaché à replacer les jouets dans leur contexte social et politique, en ne se limitant pas, loin de là, aux chères années 1980 ou 1990. Et sans forcément se centrer sur les Etats-Unis ou l'Europe. C'est vivifiant.
Ce vidéaste, qui a publié un livre, mériterait bien plus d'abonnés de mon point de vue. Le style a un peu évolué : s'il y avait au départ des saynettes comiques (la chronique a tout de même plus de cinq ans d'ancienneté), on s'axe davantage sur une mise au point montée, avec un texte toujours aussi pensé, clair et rigoureux, tout en étant spirituel.
Dans les quelques remarques que je pourrais faire, j'ai repéré de légères erreurs de montage dans de rares épisodes (j'ai bingewatché il faut dire). Par ailleurs si les contenus se sont diversifiés, avec des hors-séries, des critiques de figurines, une très prometteuse série sur les parcs abandonnés (Planète Magique a toujours été un sujet fascinant), peut-être qu'une approche thématique, par exemple sur certaines constantes de la production des jouets ou de leur marketing, ou que sais-je, permettraient de sortir un peu de la logique par monographie de marques (Je pense à la manière dont le 3615 Usul cherchait des thèmes transversaux).
Ha, et je ne comprends toujours pas comment il insère la musique dans ses vidéos, mais ça fait souvent plus comme une nappe sonore distante que comme un élément dynamique. Mais ce n'est pas bien grave, et chacun a le droit d'affirmer son style.
Arkeo Toys, donc, derrière la nostalgie, c'est une analyse sans complaisance de l'industrie du jouet, qui réussit tout de même à rester très plaisante.
Est-ce cette ambivalence, entre nostalgie et critique, qui explique qu'il n'ait pas plus d'abonnés ? J'espère que ce n'est pas le cas, et je lui souhaite bonne continuation. Chaque nouvel épisode est toujours une joie.
Créée
le 31 août 2021
Critique lue 77 fois
Du même critique
C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...
Par
le 6 sept. 2013
56 j'aime
10
Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...
Par
le 24 nov. 2013
43 j'aime
6
"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...
Par
le 4 mai 2014
42 j'aime
60