Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Voir la série

Quand une famille dysfonctionnelle rend le chaos hilarant

Arrested Development, diffusée d’abord sur FOX en 2003 puis ressuscitée par Netflix, c’est comme si quelqu’un avait pris l’idée classique d’une famille américaine et l’avait complètement retournée, jetée contre un mur, puis regardée glisser au sol dans une série de gags absurdes et de situations si tordues qu’elles semblent sorties d’un sketch sous acide. Ici, l’immobilisme n’est pas seulement un état d’esprit, c’est un mode de vie... et les Bluth en sont les maîtres incontestés.


Bienvenue dans le monde de Michael Bluth (Jason Bateman), un type qui essaie désespérément de maintenir à flot sa famille, qui, soyons honnêtes, fait passer les Kardashian pour des modèles de stabilité émotionnelle. C’est un peu comme vouloir garder la tête hors de l’eau avec une enclume attachée à chaque cheville. Son père George Bluth Sr. (Jeffrey Tambor) est en prison pour fraude (parce qu’un bon scandale de blanchiment d’argent est toujours une bonne idée pour démarrer une sitcom), et Michael hérite de la tâche impossible de diriger l’entreprise familiale tout en empêchant ses proches de s’autodétruire. Autant dire que c’est une mission aussi réaliste que d’espérer que Gob Bluth (Will Arnett) devienne un magicien de renom.


Parlons justement de Gob, l’un des personnages les plus mémorables de la série. Magicien raté, égoïste professionnel et champion du monde de la mauvaise idée, Gob est un génie de l’absurde. Entre ses illusions qui échouent lamentablement et son ego surdimensionné, chaque apparition de Gob est une véritable catastrophe en slow-motion, et on adore le voir tout ruiner avec un sourire colgate parfaitement mal placé. Son "final countdown" avant chaque illusion foirée devient un running gag incontournable, et on en redemande à chaque fois.


Le reste de la famille n’est pas en reste. Il y a la mère, Lucille Bluth (Jessica Walter), une femme aussi glaçante qu’un mojito mal dosé, qui maîtrise l’art de la manipulation passive-agressive comme personne. Elle vous assassine de l'intérieur avec un sourire narquois et une remarque cinglante qui pourrait dissoudre du titane. Ses interactions avec ses enfants sont des moments d’anthologie, que ce soit en rabaissant Buster (le fils surprotégé et psychologiquement ravagé) ou en ignorant complètement Michael. À chaque réplique, elle plante un couteau dans l’égo familial, et on adore la détester.


Buster Bluth (Tony Hale), parlons-en justement : le fils surprotégé qui, disons-le franchement, est un adulte dans le corps d’un enfant. Sa relation malsaine avec sa mère (qui frôle parfois l’inceste émotionnel) et son incapacité à affronter le monde extérieur font de lui un personnage à la fois hilarant et tragique. Et puis il y a ce moment où Buster perd sa main à cause d’un phoque, et là, on passe carrément dans un autre niveau de folie. Comme si sa vie n’était déjà pas assez étrange, il doit désormais gérer un crochet métallique, tout en restant collé à sa mère (parce que même les prothèses ne peuvent pas couper le cordon).


Les personnages secondaires, comme Tobias Fünke (David Cross), apportent une couche supplémentaire de décalage à cette série déjà délicieusement absurde. Tobias, aspirant acteur à la carrière plus fantomatique que réelle, et autoproclamé "analrapist" (oui, mélange d’analyste et de thérapeute... mais dites-le à haute voix), est probablement l’un des personnages les plus ridiculement incompris de la série. Il navigue dans la vie avec une innocence à la limite de la pathologie, ses tentatives de percer à Hollywood se soldant par des échecs monumentaux qui ne semblent jamais entamer son enthousiasme naïf.


Ce qui rend Arrested Development si unique, c’est son humour à plusieurs niveaux, fait de gags visuels, de répliques cinglantes et surtout de blagues récurrentes qui s’empilent au fil des épisodes comme un château de cartes prêtes à s’effondrer. Chaque épisode est truffé de références qui font écho à d'autres moments de la série, créant une sorte de jeu de piste comique. La narration (assurée par Ron Howard) ajoute une touche supplémentaire de sarcasme, en commentant constamment les actions ridicules des personnages, comme s’il nous prenait à témoin de cette folie familiale.


La structure narrative de Arrested Development est également un défi en soi : la série jongle avec une multitude d’intrigues imbriquées, de flashbacks absurdes et de situations si exagérées qu’elles finissent par devenir cohérentes dans leur propre univers. C’est une sorte de tourbillon où tout semble se tenir par des bouts de ficelle, et pourtant, cela fonctionne. On se retrouve vite à suivre avec fascination le destin de cette famille dysfonctionnelle, qui malgré tous ses efforts pour échouer, réussit toujours à nous arracher un rire.


Visuellement, la série garde un style simple, presque documentaire, qui permet aux absurdités de ressortir avec encore plus de force. Pas de grands effets spéciaux ici, juste des situations comiques poussées à l’extrême, et des personnages qui s’enfoncent de plus en plus dans leurs propres travers. L’humour repose entièrement sur les dialogues et les situations, et Arrested Development excelle dans ce domaine.


Cependant, la série peut être un peu déstabilisante pour ceux qui ne sont pas habitués à son rythme ou à son humour ultra-référencé. C’est un show qui demande de l’attention, où chaque détail compte, et où les blagues s’apprécient souvent à retardement. De plus, les saisons diffusées sur Netflix, après la résurrection de la série, n’ont pas toujours la même magie que les premières. Certains arcs narratifs s’étirent un peu trop, et l’humour peut sembler moins percutant à mesure que la série s’auto-référence de manière un peu excessive.


En résumé, Arrested Development est une série qui transcende la comédie classique en plongeant tête la première dans le chaos d'une famille aussi dysfonctionnelle que génialement écrite. Si vous aimez les dialogues ciselés, les personnages excentriques et les intrigues où chaque épisode est un puzzle absurde à résoudre, alors préparez-vous à savourer ce tourbillon comique où l’"arrested development" (le fait de ne jamais vraiment grandir) est élevé au rang d’art.

CinephageAiguise
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2003

Créée

le 5 nov. 2024

Critique lue 11 fois

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur Arrested Development

Arrested Development
Sergent_Pepper
9

Série, mode d’emploi.

Le nombre de raisons qui font d’Arrested Developpement une série de très haut vol est à peu près celui du nombre d’épisodes. Tentons tout de même d’en discerner quelques-uns. 1. Les comédiens sont...

le 14 juin 2014

79 j'aime

11

Arrested Development
Hameçon
10

53 épisodes de bonheur

La série la plus drôle du monde. Je déteste crier au génie, mais Arrested Development est une série géniale. En plus d'être une série intelligente, elle ne prend pas ses téléspectateurs pour des...

le 4 déc. 2010

74 j'aime

16

Arrested Development
Le_Sabotageur
10

Meilleure.sitcom.jamais

Comme je suis actuellement au quatrième visionnage de l'intégrale d'AD, j'me dis que ça mérite quand même une critique. AD est la sitcom parfaite. Je ne dis pas que certaines n'aiment ou n'aimeront...

le 15 janv. 2011

17 j'aime

2

Du même critique

My Liberation Notes
CinephageAiguise
8

Quand l’ennui devient une quête spirituelle

My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...

le 19 nov. 2024

3 j'aime

9