Nous sommes au début du XXème siècle, entre 1912 et 1915, à Shenyang, future capitale de la province de Liaoning, à la jonction de la Chine du nord (Mandchourie) et des grandes plaines centrales. La Chine impériale de la dernière dynastie, celle des Qing (des Mandchous qui ont imposé le port de la natte à tous les hommes chinois), vient de s'effondrer, trop rigide et archaïque pour résister au coups de boutoirs des puissances coloniales (Japon, Russie, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France...) qui lorgnent avec avidité sur le gros "gâteau" chinois. La première République de Chine a été fondée par Sun Yat-sen, mais le nouvel état reste fragile entre les réminiscences de l'ancien régime avec les partisans de Puyi, le "dernier empereur" immortalisé par Bertolucci ou les seigneurs de guerre qui se verraient bien fonder leur propre dynastie et la tutelle agressive des puissances coloniales étrangères qui grignotent le territoire (les "concessions") et surtout l'économie du pays. Le Japon est particulièrement prédateur et va coloniser, outre la Corée, la Mandchourie où il fondera un état fantoche, le Mandchoukouo, à la tête duquel il placera son pantin, Puyi.
C'est donc une période sombre et pleine d'incertitudes pour la Chine, et il faudra attendre la seconde guerre mondiale qui verra s'entredéchirer les puissances coloniales pour que le peuple chinois retrouve sa pleine souveraineté.
Voilà pour le contexte historique de la série. Mais si la situation politique transparaît dans le côté lancinant d'un scenario qui n'avance pas, elle n'est qu'une toile de fond car ce n'est pas une série "historique". Ce n'est pas non plus une série de "guerre" car les scènes d'action sont assez rares et si les principaux personnages sont des soldats, ce ne sont pas les activités militaires qui les occupent le plus. En fait, cette série est un interminable marivaudage...
L'héroïne est une jeune femme, qui doit passer strictement comme telle pour sa famille, qui s'engage dans une académie militaire pour honorer la mémoire de son frère ainé où elle se fait passer pour un homme. Et pour cause, l'académie militaire est réservée aux hommes et elle doit donc passer strictement comme tel pour ses compagnons d'armes. De fait, cette base scénaristique est propice à des scènes de comique boulevardier un peu lourdaud et la série n'en manque pas, notamment dans sa première partie au ton très primesautier.
Et puis, évidemment, la romance s'installe, mais plutôt comme une arlequinade ou un vaudeville ; Chacun tombe amoureux de la mauvaise personne, qui en aime une autre, et donc tout le monde se court après sans jamais se rattraper dans une ronde endiablée et incessante qui finit par lasser sérieusement.
S'entremêlent à cette trame légère quelques intrigues d'espionnage un peu tirées par les cheveux. Il n'y a pas de guerre, mais il y a des complots, essentiellement ourdis par les Japonais, qui visent à saper la position de certains leaders politiques et économiques locaux et que nos jeunes héros devront déjouer.
C'est assez sympathique, les acteurs et actrices sont plutôt très agréables à regarder, mais ça ne décolle pas. Rien ne se passe vraiment pendant les 48 épisodes de la série (j'avoue qu'au 30ème, j'ai craqué et regardé la suite en sautant 4 épisodes sur 5 car je commençais à m'ennuyer sérieusement) et c'est vraiment dommage. Le parti pris trop fort de la légèreté fait que toute tentative d'introduire des éléments ou des ambiances plus dramatiques tombe à plat, alors que la situation et les personnages auraient certainement mérité mieux.