Nouvelle adaptation d'un manga dont j'entendais parler en bien depuis un petit moment, Arte raconte la vie d'une jeune noble de la Renaissance italienne qui a décidé de devenir peintre dans un milieu composé à 99,9999% d'hommes.
Arte vue par une étudiante en art :
Sous ses airs super mignons, Arte est surtout un bon prétexte pour faire des leçons d'Histoire de l'Art : comment on peignait au XVIe en Italie, les systèmes d'ateliers, le travail de la peinture, qui sont les mécènes, pourquoi commandent-ils des tableaux, etc... J'ai maté la série avec ma copine qui a eu trois ans d'histoire de la Renaissance à la fac, et c'était un festival de "ça c'est vrai" "ça c'est faux" "ça c'est vrai.... mais heu....c'est pas tout à fait ça."
Car l'animé s'accompagne d'un regard sur les moeurs de l'époque qui pour le coup est totalement celui d'une jeune femme japonaise contemporaine. Ça fait très bizarre de voir Arte faire une courbette pour se présenter ou trouver bizarre quelque chose qu'une jeune femme de la Renaissance aurait appris dès l'enfance. Quand on ouvre les oreilles ça fait étrange aussi d'entendre des gens qui s'appellent entre eux "Leo-San" ou "Victorio-sama."
J'ai été agacé par un truc typiquement lié aux animé qui me gène, cette éloge de la personne qui "travaille dur" se transforme en une sote d'éloge du burn-out. Ça m'avait gonflé dans Bakuman et c'est ici assez présent : l'idée que Leo ou Arte sont bons parce qu'ils passent du temps sur leurs dessins, animés par la passion, sans dormir et en oubliant de s'alimenter. Ce qui a fait râler ma copine : "Dessiner une fresque la nuit c'est impossible : les bougies éclairent bien trop peu, en plus ça fausse complètement la perception des couleurs. "
Un animé bon enfant :
Après on sent que ce qui animait la dessinatrice était bien plus la passion pour cette époque, la façon dont les choses étaient créé et la société construite, que de raconter un récit réel. Il y a une tentative de faire passer des messages sur l'émancipation de la femme et c'est assez chouette. Le tout sur le mode d'un animé feel good.
Ce qui est d'autant plus bizarre quand on jette un coup d'oeil wikipédia à la vie d'Artemisia Gentileshi la femme ayant inspiré Arte : mis à part qu'elle était la seule femme peintre durant la Renaissance italienne et qu'elle est d'origine noble, il n'y a rien qui correspond.
D'une part, au lieu d'être conspuée ou ramené à ses origines, Artemisia avait bonne presse "justement" parce qu'elle était une femme et que ça faisait beaucoup de pub pour ses tableaux (parce que "une femme peintre, c'est pas banal, je veux voir ça.") Elle a longtemps vécu sous le tutelage de son père, grand maître lui aussi.
Hélas, elle s'est faite violée par son tuteur chargé de lui enseigner la peinture, (les ateliers lui étant interdits.) L'affaire est même remonté jusqu'au tribunal papal. Ce qui fait qu'elle est connue pour la violence de certaines de ses peintures, notamment Judith décapitant Holopherne, vu comme un désir de revanche.
Bref, impossible à mettre dans un manga, surtout lorsqu'on voit la tonalité "bon enfant" de celui-ci.
A part ça, c'est aussi l'animé dont l'ending est le plus nul de la saison (Arte remonte un escalier et on voit des toiles qui se déplacent en slide avec des extraits de l'épisode qu'on vient de voir) mais je lui pardonne, je pense qu'en période de Covid, ils ont dû finaliser comme ils pouvaient, d'autant plus que l'opening, sans casser des briques, est sympathique.
Reste à savoir s'il y a une saison 2. Là encore, vu la propension de l'animation japonaise à faire des saison 1 à un truc et à renvoyer les curieux lire le manga s'ils veulent avoir la suite, j'ai comme un doute. (Surtout que celui-ci est toujours en cours.)
Il faudra que je me rabatte dessus si je veux savoir si Leo-San est oui ou non, réellement Leonard de Vinci. (Allez, ne dites pas que la question ne vous a jamais traversé l'esprit...)