Après le rendez vous plus ou moins manqué du remake d'Evil Dead (tous les fans avaient quand même répondu présent), voici que débarque la série qui devaient enfin apporter aux fans la suite qu'ils réclamaient, puisque Bruce Campbell était à nouveau de la partie. C'est un argument certes sympathique, mais la série avait encore beaucoup à prouver pour nous convaincre. Elle assume tout d'abord sa parenté avec Army of Darkness pour l'essentiel (malgré beaucoup de plans du premier film pendant la séquence flash back), dans le ton et dans l'univers. A l'exception de la séquence dans la maison, rien ne sera jamais sérieux, c'est la gaudriole de Raimi avec son humour cartoonesque sans la moindre surprise (le coup de la poupée démoniaque en est la manifestation la plus évidente, l'humour de cette scène étant aussi forcé que lourd). Et cette formule gâche très vite le modeste spectacle vintage qu'était sensé être ce petit retour aux sources.
Dans les décors et les ingrédients, Ash vs the evil dead s'assume comme un programme bis ultra référentiel, avant tout taillé pour le fan service (du moins pour ce qu'en montre son pilote, la suite du programme ne pouvant pour l'instant remplir que le prochain épisode). On retrouve davantage Bruce Campbell que Ash, et c'est d'ailleurs à partir de là que je sentais la débandade... Ash était un anti-héros qui devenait héros dans le second, et un héros cynique et quelconque, plus proche du mercenaire fluctuant que du héros à l'américaine du dernier plan du film Army of Darkness. Le personnage était lisse, il n'était pas beauf gras (et d'ailleurs, son univers banal restait sobre). Ici, on voit ash qui fait une levrette en lançant de la fessée avec sa prothèse, Ash qui fume du bédo en lisant des passages du Necronomicon (ce prétexte de lancement de série a intérêt d'être rectifié et complexifié dans les prochains épisodes sans quoi ma note baissera encore), et les epics facts numériques si hideux que j'ai pensé à Spartacus... Le personnage est devenu vulgaire et complaisant, ses déboires romantiques sont exactement à cette image, et d'ailleurs, l'ensemble des personnages sort du bourbier de la médiocrité. L'humour est d'un tel niveau régressif qu'il en paralyse l'absurde étrange qui faisait la spécificité du second film (clairement celui qui est visé dans les séquences gore-humour), ne laissant plus au spectateur la moindre chance de surprise.
Le gore est toutefois assez audacieux pour une série à public large (classée R quand même), mais ce premier épisode ne manifeste aucune envie d'enrichir la saga. Fatalement, il en explore les grands avatars (le centre commercial, une autre grande bâtisse, et maintenant une caravane tout droit sortie de Bruce tout puissant) en se lançant en roue libre, puisque toute ambition sérieuse a été évacuée du projet.
Cet avis ne se base que sur un pilote, il faudra donc voir comment il enchaînera les péripéties pour tenir au fil des épisodes, mais dire que le départ est boîteux n'est vraiment pas exagéré. La nostalgie du ton (mise en scène très série B, à l'ancienne dans l'idée, qui évoque hélas la norme du DTV moderne) et les multiples clins d'oeil sont de bien modestes caches misères pour acheter mon indulgence, espérons vraiment que Raimi se reprenne un peu sur l'écriture et qu'il remette un peu de sérieux dans ses personnages. Parce que de la gaudriole si grasse à ce rythme, dans 3 épisodes, c'est Monster Man le retour...