Il me semble impossible de prétendre que pareil programme puisse se targuer d'être une œuvre d'art hautement complexe et prétentieuse prétendant sonder la profondeur des rapports humains de l'une de ces manières tellement appréciées dans les salons huppés... Ce qui n'empêche qu'elle est parfaitement adaptée à ce qu'elle est censée être : une continuation pour fans en manque des aventures du très hautement iconique Ash Williams joué par Bruce Campbell. Mieux - et ça à une époque où toute série semble créée sur des airs de fausse profondeur - cette série tente d'être sincère. Pas de faux message. Pas de prétention cachée. Juste l'histoire d'un vieil homme presque valide et de ses sidekicks ridicules face au mal ultime. Une comédie stupide avec juste assez de gore. Simple. Efficace. Rentable. Un pur plan Sam Raimi.
Alors, il est évident que ce n'est pas l'une de ces productions de bon ton que l'on regarde en baillant d'un air distrait tout en prétendant que décidément c'est trop profond car la pression sociale de notre milieu exige que nous nous conformions au diktats de celui-ci. Non. Certaines créations peuvent être articulées autour du fait que décidément - même à son âge - Bruce Campbell est un extraordinaire acteur comique dans la grande tradition des années trente. Sa capacité à faire tourner un fusil de chasse à canon scié près de trois fois avant de le rengainer est toujours d'actualité. Et, m*rde, il est toujours très classe quand il coupe la tête des gens avec la tronçonneuse qui lui sert de bras droit. Vous savez, des plaisirs sains dépourvus de toute malice. Ceux-là mêmes qui sont la base d'une forme spéciale - et pourtant parfois magnifique - d'expression cinématographique.
Tel est l'évident problème de la carrière de Sam Raimi : les "cinéphiles" à lunettes n'aiment pas qu'on vise la pure rentabilité. Ils aiment leurs films lents, suédois, et si possibles volontairement déprimants. (Un théorème qui s'applique d'ailleurs aussi à ceux qui écoutent à longueur de journée de la musique triste : sont-ils triste à cause de leur musique ou écoutent-ils celle-ci car elle correspond à leur état d'esprit?) Ce qui nous arrive à tous; hein. Mais de là à reprocher à une série compétente réalisée sur le tard pour faire plaisir de ne pas être la somme des désidératas d'une génération entière. Faut pas pousser. Donc, pour résumer. Vous pouvez avoir vos productions cossues en costume d'époque où rien ne se passe pendant quatre saisons tandis qu'au loin un canard en images de synthèse représentant l'industrialisation de l'Écosse lit des passages choisis - et ô combien tendancieux! - de l'œuvre de la Comtesse de Ségur.
Nous... on a Bruce Campbell. Échec et mat, Numéro 6, échec et mat.