Atlanta
7.9
Atlanta

Série FX (2016)

Voir la série

Saison 1:


Fan du rappeur Childish Gambino, j’étais curieux de le voir évoluer en tant qu’acteur, en tant que Donald Glover donc. Et je découvre en fait un comédien, scénariste, à l’image de son rap, intelligent, très riche, d’une percussion et d’une diversité très puissantes.


La série est presque un sitcom. Le format ne dépassant pas la demi-heure, ainsi que le ton volontiers humoristique y font songer bien entendu. Mais qu’on y prenne garde : la comédie n’est ici qu’un medium de base, en aucun cas une structure, encore moins une finalité.


Le cadre général ne s’y prête guère : on est dans les classes inférieures de la société américaine, pas encore le rebut mais presque. On se situe à la marge, chez les noirs pauvres qui vivent de petits boulots. On sent bien qu’il y a de l’éducation, un esprit critique, de la dignité. Avec des fins de mois (ou de semaine en l’occurrence) moins difficiles, on pourrait presque parler de classe moyenne. Seulement, les places qui restent sont difficiles à obtenir selon le quartier où l’on est né. Earn (Donald Glover) vivote on ne sait trop comment, aux crochets de sa copine qui a de plus en plus de mal à supporter son dilettantisme. Il a été viré de chez ses parents. On ne peut pas non plus dire qu’il ne fait pas preuve de bonne volonté : il a un petit boulot ingrat à l’aéroport d’Atlanta, mais sa vie est d’un ennui terrible et surtout ses perspectives d’avenir sont minces. Seuls quelques point lui permettent de s’accrocher : sa petite fille, éventuellement sa copine qu’il aimerait convaincre qu’il n’est pas un loser patenté et puis bien sûr le rap. Comme pour beaucoup, la musique constitue un lien fort dans la communauté de la démerde en bas de l’échelle, potentiellement un moyen d’accéder à un statut social, une reconnaissance véritable. Ca, ou le deal, mais cette éventualité ne l’intéresse pas, le bonhomme étant loin d’être un con.


Voilà en gros le canevas sur lequel repose cette première saison : comment Earn prend sa vie en main, comme manager de son cousin rappeur Paper Boi (Brian Tyree Henry). Ce qui est très bien fichu dans cette série, c’est sa capacité à décrire ce monde sans jamais sombrer dans le pathos ou la violence crue, éléments présents, sous-jacents, mais dont le récit ne se repaît pas à l’excès.


Bien au contraire, l’essence de vie est au coeur de la série, à la fois dans son récit et dans le ton général de chaque scénario qui joue sur des situations comiques, et les dialogues sont parfois très drôles, piquants, faisant même penser à du Woody Allen par moments. Les personnages sont remarquablement écrits avec des psychologies denses, de la matière, de l’émotion variée. Incarnés par de très bons acteurs, ils offrent quelques très belles scènes.


Donald Glover est d’une sûreté, d’une aisance naturelle surprenante. Je suis sous le charme : son jeu est élégant, drôle et d’une efficacité qui ne se dément jamais.


J’aime beaucoup Brian Tyree Henry. Je ne le connaissais pas du tout et il a de très bons atouts à faire valoir, notamment dans le comique, mais pas seulement. A n’en pas douter : du très bon comédien à suivre!


Même si elle apparaît moins, Zazie Beetz fait preuve d’une belle maîtrise, tout en délicatesse, avec un jeu sobre et sûr également. Sa présence est marquante dans un ou deux épisodes où son personnage prend de l’ampleur.


A suivre également, le personnage haut en couleurs, de compagnon dégingandé, totalement à l’ouest de Darius est incarné avec élégance et sureté par Lakeith Stanfield.


Mais il convient aussi de mettre à l'honneur la réalisation d'Hiro Murai, tout en légèreté, beaucoup de richesse, de variété dans les plans, dans les cadres, dans le mouvement. La mise en scène évolue selon la tonalité du scénario qui change souvent selon les épisodes. Le récit peut être proche du noir, souvent parodique, encore plus souvent la série s'élève vers des cieux gracieux à la poésie qui touche sans manquer. Très très fort. Certains plans sont à tomber, la photographie étant toujours très soignée, étudiée pour être belle mais en adéquation avec le traitement de l'histoire.


Je vous dis : c'est un petit bijou cette série! Et par conséquent, elle est dans mon viseur : je vais me jeter sur la saison 2.


Saison 1 trombi et captures

Alligator
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Séries

Créée

le 13 févr. 2019

Critique lue 402 fois

2 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 402 fois

2

D'autres avis sur Atlanta

Atlanta
JuliaR1
7

Coolitude et résistance

Il est des acteurs dont on ne se rend pas compte qu’on en tombe amoureux. Découvert dans la série Community dans le rôle de l’irrésistible Troy, Donald Glover a tranquillement poursuivi son opération...

le 2 oct. 2016

20 j'aime

1

Atlanta
Necrosterone
9

Pourquoi une pêche?

Cette série est démente!!!! Je pourrais y mettre un 10 rien que pour le personnage de Darius qui est clairement sur un autre fuseau horaire que le commun des mortels, perché H24 ce perso! Je pourrais...

le 8 sept. 2016

14 j'aime

2

Atlanta
CharliePicart
8

Une série Rare

Atlanta est drôle - très drôle même parfois - mais jamais burlesque, grotesque, ridicule ni même 'comique' au sens classique du terme. L'écriture est d'une finesse et d'une intelligence rare et fait...

le 9 févr. 2017

10 j'aime

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16