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Netflix m'a littéralement scotchée et engluée dans mon canapé. C'est un peu hasardement que je me suis arrêtée sur un épisode, puis deux et puis l'entière saison, que j'ai engloutie telle une boulimique. Je dois bien reconnaître que la narration était percutante, me faisant découvrir au fil des passages, de nouveaux axes de réflexion, m'apportant des interrogations nouvelles et des sursauts déconcertants. J'ai presque envie de dire qu'une omniscience et une faux détachement s'y sont insinués.


Sincèrement, si un scénariste avait dû inventer les protagonistes de cette histoire "quelque peu" - à peine - loufoque, tordante et attachante, il n'aurait probablement pas pu être aussi Créatif, tant les personnes sont inattendues, riches en matière à décortiquer et débordantes de surprises éclatantes. Complètement barrées, il faut le souligner tant cela en deviendrait presque choquant d'exagération si cela avait été inventé. Bien souvent, je me répétais que ça ne pouvait pas être possible, tant les rebondissements, les conversations et découvertes, plus surprenantes les unes que les autres, me laissaient muette d'absurdité. On patauge constamment dans l'hyperbolique, avec un plaisir incommensurable et une jouissance "synesthésique" qui vaut le détour. Il y a un petit côté fascinant, parfois même dérangeant, comme si on se trouvait les spectateurs d'une injustice contre laquelle une emprise n'est plus tolérable. Les jeux étaient (presque) faits dans ce spectacle digne d'un Cirque aux allures d'un Freak Show.


Joe Exotic, ce Tiger King m'a vendu du rêve, fait sourire et m'a parfois subjuguée d'étonnement. Puis soyons honnête, chaque chanson est un pur bijou à la fois d'ignominie et de rires gras. C'en est délectable à souhait. C'est, vraiment, à la fois quelqu'un avec qui j'aurais tout autant adoré parler que de fuir. Ses extravagances décapantes, son style inimitable, et ses houleuses et relations passionnées, tiennent en haleine, et donnent souvent envie de rassurer, secouer et consoler.


Cela questionne aussi beaucoup sur l'Humain à mon sens, et peut-être même sur la notion de monstruosité et même de morale. Surtout en comparaison, ou disons plutôt "en compagnie" des animaux, car il ne faudrait pas les oublier, ces acteurs principaux et déterminants dans les choix de toutes parts. La grande question qui demeure toujours, à mon sens, même après le visionnage est : Est-ce que détenir un animal sauvage en captivité signifie qu'on le prive de sa nature profonde? Finalement, là-dessus repose l'entièreté du documentaire, à savoir si c'est bien ou mal d' "élever" de grands fauves au même titre qu'un chat.


Les valeurs de justice, honnêteté, amitié, confiance et estime seront souvent questionnées, complètement bousculées, et c'est précisément ça qui nous fait du bien. Ca pousse à méditer, à analyser, tout en étant titillé par les sentiments parce qu'on a beau lutter, on ne peut pas rester insensible quel que soit l'épisode. Parce que nombreuses sont les scènes difficiles à regarder, car la Violence, sous toutes ses formes, peut jaillir à tout moment et vous éclater grossièrement au visage. Presque comme si vous receviez une vraie claque de sidération, et que vous la sentiez brûler sur votre joue. Mais c'est probablement aussi ce qui peut nous embêter dans notre confort, qui nous rend plus riche de compréhensions, et qui justifie qu'on finit par tendre l'autre joue.


La trame est bien ficelée, et il est pratiquement impensable de rester stoïque face aux personnalités charismatiques et secouantes qu'on rencontre au fil des heures. S'en suivent attachement, colère, compassion, et même tendresse pour bon nombre d'entre eux, qui finiront même par se glisser dans nos alcôves, et presque intégrer une part de notre foyer.


A côté de ça, il y a comme une neutralité dans le désir de prendre un parti. C'est parfois en empruntant une voie, qu'au fur et à mesure de fouilles, l'avis évolue et croyez-moi, il y a matière à creuser.


Le dernier épisode est tout aussi intéressant de profondeur et renforce incontestablement l'affection. Je finirai en disant que je suis aussi un peu amère quant à certaines décisions, et que parfois, les héros ne sont pas toujours ceux que l'on pense ou qu'on veut dépeindre. Je citerai même mon cher Stephen King parce que je trouve que cela s'y prête admirablement bien : Monsters are real [...]. They live inside us and sometimes they win.

Lellfee
9
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le 10 juin 2020

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Lellfee

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