donc c'est l'histoire d'un mec, sur une moto, elle-même sur un palanquin porté par des gars torse nu

Quand j'étais ado, je ne regardais pas la télévision. J'avais mieux : un ordinateur (familial puis, progressivement, personnel) ! Et via ce petit accès à internet, je regardais des séries qui ne passaient pas exactement sur les chaînes gratuites : des webséries amateures ! Pensez Le Visiteur du Futur, la Flander's Company, Noob (qui continue à avoir des épisodes en l'an de grâce 2024 !!!! Ça a commencé en 2008 !!!!! Et malheureusement pour moi, j'ai jamais réussi à accrocher), bref: voir des adultes à l'acting variable se filmer dans leurs appartements puis faire semblant de se taper dessus, en costume, dans le parc du coin, pour les prétextes d'un scénario absurde (le tout sur leur temps libre), j'étais fan.

Ah, et puis y avait France Five, aussi, qui était un peu un précurseur. Mais ça datait de 2000, la qualité d'image était dégueulasse, et ça semblait pas fini : j'ai regardé 5 minutes d'un épisode avant de passer à autre chose. France Five, c'était une sorte de parodie des Power Rangers (non, non, des Super Sentai japonais ! Les Power Rangers, c'est la version américaine des séries Super Sentai, où ils ne gardent que les scènes où les personnages sont dans des costumes bariolés, et remontent l'histoire avec des scènes filmées avec les acteurs américains !), mais en version culture française poussée à l'extrême (Red Fromage, Black Beaujolais, Yellow Baguette...).

Aussi, quand quelques 10 années plus tard, mon partenaire, avec qui je regarde séries et films depuis notre rencontre, me propose de regarder ensemble Avataro Sentai Donbrothers, un Super Sentai qu'il a tout particulièrement apprécié, j'accepte en me disant pourquoi pas ("moi j'ai adoré, mais si t'aimes pas, on arrête, y a pas de souci").

Le truc, c'est que les Super Sentai, ça alterne entre des scènes en costume où ça fait semblant de se tataner dans des lieux publics, à grand renfort de transformations de plus en plus puissantes (c'est pour les enfants, faut vendre des jouets, d'où les robots géants et fusions entre robots géants) et des scènes de scénario à cohérence et écriture variables (c'est pour les femmes au foyer qui regardent avec leurs enfants, il faut du soap opera).

Donc forcément, j'ai adoré.

On m'a dit que Donbrothers était une parodie / inversement des codes des Sentai (un genre très, très codifié). Quand c'est le premier Sentai qu'on regarde, bon, on s'en rend pas forcément pas compte, et ça fait que c'est une série assez unique parmi ses compatriotes. On peut tout de même y noter le premier ranger rose masculin officiel (le jour un salaryman loser yandere qui ne vit que pour son épouse, et sa forme transformée est une abomination cg de 2m de haut, c'est glorieux) !

La force de Donbrothers est ses personnages : le groupe central est composé de gens particulièrement bizarres qui sont tous persuadés d'être la seule personne normale dans la pièce. On a :

• le leader qui est le meilleur dans tout ce qu'il fait (ce n'est pas une qualité) et qui est incapable de mentir (ça lui est si difficile qu'il en meurt. semi-régulièrement.) ;
• une lycéenne mangaka qui préfère résoudre ses problèmes par la violence (elle a volontairement rallongé une prise d'otages pour lui donner une référence pour son manga) ;
• un mec qui n'a jamais eu de taf dans sa vie et qui survit grâce à la charité des gens à qui il donne des conseils parce qu'il est allergique à l'argent, a un ego grand comme le ciel ;
• le salaryman yandere mentionné ci-dessus ;
• un fugitif qui passe les 3/4 de la police à essayer à esquiver la police, sa transformation c'est un chien noir (qui pourrait sortir de Sonic) en cg dégueulasse, et d'une manière ou d'une autre c'est la personne la plus normale du groupe.

Bref, Donbrothers, c'est ces zigotos qui n'ont rien en commun et qui apprennent à se soutenir tant bien que mal tout en jonglant entre leur vraie vie et leur activité de super-héros (ah, oui, y a des combats, bon, même des fois la série oublie qu'elle est supposée en avoir - on va avoir 17 minutes de slice of life entre les personnages, et 2 minutes à la fin de combat parce que c'est dans le cahier des charges). La seule chose que je peux vraiment dire sur les combats, c'est que tout le monde n'aimera pas (la cg est, bon. bon.) mais que personnellement j'ai vécu chaque séquence (complète avec explosions, transformations, attaques spéciales, flashes, fusions, bruitages et voix off) comme une injection de cocaïne directement dans mon cerveau. Et puis c'est des bougs en costume spandex qui font semblant de se taper dessus dans des lieux publics, donc forcément, je pars biaisée.

Le post est déjà assez long comme ça donc je vais me retenir de détailler tout ce que j'ai aimé dans cette série (l'humour, le gérant du café, les antagonistes - gravement homosexuels, le chaos omniprésent, le générique). J'ai vécu ma vie devant chaque épisode, poussant des exclamations et pointant du doigt l'écran, mais je reconnais absolument que c'est un 10 personnel et non objectif : il ne sera pas facile pour tout le monde de rentrer dans Donbrothers, qu'on soit déjà adepte des Sentai ou non. Mon seul conseil : mettez-vous dans la peau de votre vous de 12/13 ans, qui vient de revenir de l'école, et qui prend son goûter devant son épisode hebdomadaire de Donbrothers à la TV. C'est l'état d'esprit parfait.