Le titre de la critique est l'exacte phrase que j'ai lancé à mon compagnon alors qu'il épluchait le catalogue Netflix. Une phrase qui suffit à placer l'anime dans la liste des séries à voir. C'est ça un catalogue diversifié : on peut tomber sur du excellent comme du très mauvais, mais aussi des créations incongrues qu'on suit jusqu'au bout pour voir la finalité de tout ce pataquès.
Back Street Girls fait partie de ces multiples animes/mangas s'amusant à écorner l'image si reluisante des yakuzas. L'anime commence directement sur les chapeaux de roues : un trio a mal mené sa mission et leur chef ne leur laisse guère le choix sur la punition subie. Au lieu de les tuer, comme le veut la tradition, il les envoie en Thaïlande afin de subir des opérations chirurgicales et devenir des filles. Voyant dans les idols un moyen simple de gagner de l'argent, le chef du gang va exploiter ses anciens hommes de mains, désormais connus sous le nom de Gokudols.
La série fonctionne sur une succession de sketchs suivant un ordre chronologique. Tout l'humour va reposer sur le contraste entre le statut d'idols des trois demoiselles et leurs caractères de yakuzas. Lorsqu'elles ne sont pas sur scène, les Gokudols boivent comme des poivrots, s'assoient les cuisses écartées, jouent au mahjong...
Même si le manga a été écrit par une femme, l'humour verse souvent dans la blague lourde et bien crasseuse. Lors d'un show radio, l'une des Gokudols va parler de poil pubien par exemple, et un épisode est même consacré à Mari, membre du groupe victime d'hémorroïdes. Le décalage entre le visuel assez mignon des idols et leur franc-parler de mecs causant entre couilles suscite nombre de réactions dans leur entourage, surtout ceux n'ayant pas connaissance de leurs véritables identités.
La série datant d'il y a quelques années et jouant à fond la carte de la surenchère et de l'humour graveleux, les questions subtiles sur le changement de sexe ne sont nullement présents. Clairement la série pourra déplaire par son ton gras, n'y allant pas par quatre chemins. D'autres personnes sont victimes de l'humeur du chef des yakuzas et la Thaïlande est perçue comme le pays où les chirurgiens effectuent des opérations de changement de sexe à tour de bras.
Un personnage masculin va même se retrouver avec une paire de seins pour avoir tenté de peloter une Gokudol, tandis qu'un autre va se retrouver avec des seins... sur les bras.
Niveau animation on reste sur du basique : des images très peu animées, l'humour reposant sur le décalage des comportements et les propos. C'est sobre mais pas spécialement dérangeant.
Si vous souhaitez poser votre cerveau durant une saison, Back Street Girls se laisse regarder. Il y a quelques blagues qui restent drôles (j'ai surtout apprécié un des derniers arcs avec la femme du chef des yakuzas et tous les quiproquos qui résultent entre eux).
Parfois la série se permet de légères critiques sur le monde des idols mais sans aller trop loin. On sent que l'idée est de rester dans l'humour et le second degré. J'aurais apprécié quelques incursions plus poussées (d'autant plus que l'univers des idols est loin d'être tout rose).
Mais si vous cherchez de l'humour avec des yakuzas, je vous conseille le manga La voie du tablier dont les blagues sont plus raffinées (si je puis dire) et comporte un cheptel de personnages haut en couleur. D'ailleurs j'attends beaucoup le drama qui va en être tiré.