Deux semaines que je n'ai pas vu de films juste pour vérifier que BSG c'était pas du flan. J'ai lu tellement de choses descendant la bêtise et l'illogisme du show que je voulais en avoir le coeur net, savoir si ce n'était pas la simple nostalgie de la série originale qui était remontée pour mieux faire passer le tout, au moins en revoyant un épisode... Peut-être étais-je trop amoureux de SF pour être objectif et voir que ça s'adressait aux débiles congénitaux qui sait ?...
Peine perdue, je me suis refait les quatre saisons fissa avec "Razor" et "The plan" intercalés aux bons moments, décortiquant chaque détail et cernant mieux encore tous les tenants et aboutissants de cette vaste épopée ou les non dits ne riment pas avec hasard.
Scénaristiquement, c'est superbe n'en déplaisent aux détracteurs qui insistent sur les soit disant improvisations qui s'amoncellent dans les deux dernières saisons et ce penchant monothéiste miraculeux soit disant pontifiant et abscon. En fait, il n'y a pas de solution divine, c'est justement toute la beauté de BSG de nous laisser y croire.
GROS SPOIL Il y a juste plusieurs générations qui se mélangent pour ne plus savoir qui d'entre eux sont des Dieux, des Hommes ou des cylons. Le terrien crée le cylon, le cylon crée le kobolien, le kobolien crée le capricien, le capricien recrée le cylon, comme une boucle sans fin qui se nourrit de ses légendes pour écrire son futur, comme une divination salvatrice là où il n'y a qu'évolution, fuite et affrontement, là où il n'y a qu'affres humains.
Niveau personnages c'est très loin, à l'opposé même, du simple manichéisme bête et méchant. Pas un qui ne soit pas torturé par les choix qu'il se doit de prendre. Même les plus campés vers le bien commun comme Lee ou la Présidente n'échapperont pas à leur convictions mises à mal ni à l'éclatement de leurs faiblesses.
L'urgence de la survie de la flotte est palpable. Les épisodes stand alone que je trouvais moins intéressants la première fois, mettant en attente la suite de la trame globale, sont en fait parmi les plus solides, de ceux qui complètent parfaitement le background de la flotte jusque dans ses recoins oubliés (l'usine, la prison, les cargos en galère, la maladie, la ségrégation, les pénuries, etc).
La couverture politique, sociale et philosophique n'a pas à rougir devant celle d'un The Wire. Évidemment, c'est de la Science-Fiction. Il y a des vaisseaux, des choses improbables, des raccourcis commodes, des attaques à répétition au point qu'on ne sait plus à un moment comment les Cylons n'ont pas encore pu éradiquer le Galactica et sa flotte et ce qu'ils attendent. Pourtant, tout s'explique. Le plan n'est pas du flan... Et Gaius Baltar, c'est du caviar.
Franchement, une série d'un tel standing, qui sait aussi bien grandir dans l'utilisation des effets spéciaux avec des prises de vue spatiales de plus en plus remarquables, ne pas s'étioler jusqu'à un nombre infini de saisons, qui sait aussi bien développer ses personnages, avec des acteurs aussi impliqués et une palette de situations aussi grande, avec du mysticisme, de l'univers, de la foi remise en cause, de la politique, de la survie, de l'infini, du vaisseau spatial, du Saul Tigh... Et une Bande Originale qui tue autant. Dites moi qui peut se targuer de faire mieux ou aussi bien que j'y vole ? (The Expanse). Certains passages sont certes plus téléphonés mais ça reste minime.
Revoir BSG fut donc un très grand plaisir et je ne peux que confirmer mon choix de le placer premier devant tous les autres.
So say we all.