Théopolitique de l'espace, et plus encore
C'est peu dire si j'ai abordé la série avec un énorme à-priori. J'étais tombé, à l'époque, sur un épisode de la première saison, centré sur Gaius Baltar et le début de la fuite de Sharon et Helo sur Caprica. Évidemment, je n'avais rien compris, en plus de pâlir devant la lenteur du récit des évènements. J'ai rapidement relégué cette série au rang des trucs à ne pas regarder. Pourtant, accablé par le flot des innombrables retours positifs et quelques discussions engageantes avec des amis, j'ai finalement décidé de prendre sur moi et de lui laisser une seconde chance. Ce faisant, je prenais l'une des décisions les plus intelligentes de ma vie culturelle.
Au bout de l'épisode pilote de deux heures, j'étais certes toujours déconcerté par la lenteur et le minimalisme de la réalisation et le peu d'action (malgré le contexte de guerre). En revanche, ce seul épisode a suffit à combler les incompréhensions que je trainais depuis mon premier contact avec la série. L'univers est vite posé, et plutôt bien avec ça, pour qu'on n'ait aucun mal à comprendre les tenants et aboutissants. En tout cas, une fois imprégné de l'histoire, j'ai voulu en savoir plus.
Bien qu'ayant dévoré les 4 saisons en l'espace de deux mois, je ne peux nier que l'ensemble de la narration reste très mou, qu'il y a des épisodes qui sonnent très creux et qu'on a parfois l'impression pas toujours agréable de revoir des scènes et des situations déjà croisées précédemment. Malgré ça, je suis resté admiratif devant la richesse des personnages, devant leur psychologie qui évolue, devant leurs évolutions à mesure que le contexte se transforme, devant la justesse et la neutralité des réflexions menées sur la justice, la politique, la démocratie, la foi, l'armée, la tolérance, la peur, la loyauté et j'en passe. Tous les aspects d'une civilisation sur le déclin sont passés au crible, point par point, sans que cela nuise au développement de l'histoire, et c'est toujours fait avec beaucoup de recul.
Du coup, il est difficile de classer cette série qui n'est certainement pas un simple space-opera. Rien à voir avec Star Wars ou Star Trek. Ici, c'est autre chose. C'est un mélange savant de science-fiction, de théologie, de politique, de film de guerre et de plein d'autres bonnes choses.
À aucun moment, et c'est chose rare, à aucun moment je n'ai été déçu par un choix scénaristique en quatre saisons. Bien sûr, c'était parfois maladroitement amené (mais parfois introduit avec génie), souvent ça trainait en longueur, mais jamais ça ne me décevait. J'ai été régulièrement surpris, agréablement, encore plus en constatant que tout restait cohérent.
Battlestar Galactica est une série intelligente, profonde et extrêmement riche. Seulement, elle est aussi très peu accessible à cause d'une lenteur qui sert certes parfois la narration mais qui peine à accrocher le spectateur égaré, mais aussi à cause de la complexité du traitement des thèmes abordés.
Si je l'ai d'abord détestée, Battlestar Galactica s'est élevée sans difficulté dans les premières places de mes séries préférées. Une excellente expérience que je conseille à tous, à voir une fois. Une fois, oui, pour découvrir l'histoire et toutes ses intrigues annexes souvent passionnantes, mais je ne suis pas certain qu'elle dispose d'un fort potentiel de re-visionnage à cause de sa lenteur, à quelques épisodes près qui se suffisent à eux-mêmes.