BSG a rythmé mes soirs du deuxième confinement. (Oui j'arrive après la bataille, mais il vaut mieux tard que jamais.) J'avais peu d'attentes au début, et peut-être certains préjugés tels que "oh encore un space op, c'est du vu et revu", alors que finalement, cette série m'a laissé bien plus encore que la simple satisfaction d'avoir vu un bon divertissement.
Voici ce que vous y trouverez:
Des personnages riches, bien développés, qui laissent peu de place au manichéisme habituel : les points de vues sont variés et la série facilite notre empathie à leur égard même si nous ne sommes pas forcément d'accord avec les choix, les actes de ceux-ci. En somme, je me suis souvent posé cette question: "Est ce que je n'aurai pas fait la même chose à sa place, compte tenu des informations que j'ai à ma disposition?"
De plus, la série nous amène à travers une quête identitaire profonde à travers les personnages, et nous fait nous demander ce qu'est l'amour, ce qu'est le fait d'être humain, et plus généralement ce qu'est le fait d'avoir une conscience, une morale...
Des interactions entre personnages qui cassent les stéréotypes liés au genre et à l'orientation sexuelle : cette série offre des humains (et des cylons d'ailleurs, ne les stigmatisons pas) qui ont indistinctement leurs forces et leurs faiblesses. On y voit des femmes qui cassent des gueules, qui ont des accès de colère et qui trahissent, et des hommes qui pleurent, qui font preuve de compassion et qui savent élever des enfants seuls. Le traitement des relations sexuelles et sentimentales offre une diversité remarquable;
(grosse mention pour le couple Adama / Roslin qui est vraiment spectaculaire)
Même si on voit peu de relations autres que H+F, tous les personnages semblent considérer l'homosexualité ou la bisexualité comme normales, ce qui fait beaucoup de bien.
Une fiction qui soulève des questions philosophiques et politiques importantes pour notre civilisation:
. La démocratie est-elle vraiment adaptée à une période de crise majeure, et de ce fait, n'importe quel individu est-il vraiment à même de privilégier l'intérêt du groupe?
. La religion est-elle indispensable ou dangereuse dans une situation d'incertitude?
. Comment prévenir et gérer l'émergence de pensées et actes extrêmes?
. Est-il moral de forcer les naissances lorsque le peuple semble s'être affranchi depuis longtemps de leurs rôles biologiques?
. Pourquoi une intelligence synthétique doit paradoxalement faire constamment preuve d'humanité pour ne pas être considérée comme inférieure?
. De ce fait, en tant que groupe, sommes nous prêts à faire émerger des consciences synthétiques sans nous exposer aux problèmes que nous avons eu par le passé (et que nous avons encore) liés à l'asservissement d'autrui, à la xénophobie, etc?
L'opposition constante et l'entremêlement de la rationalité et l'intuition, qui pousse largement à sortir de sa zone de confort mais qui tient en haleine tout le long de la série.
Petits bémols cependant:
- Il y a quelques épisodes fillers, certains où un plot commence au début et se résout à la fin, ce qui est dommage, mais que je trouve anecdotique dans le plaisir que la série m'a procuré. Si vous voulez revoir la série, je vous conseille cette liste (en anglais) qui suggère ce que vous pouvez skip ou pas.
- Les mystères non résolus qui s'expliquent souvent par "C'est Dieu qui l'a fait" me mettent un poil mal à l'aise. C'est comme un léger arrière goût de TGCM mais je chipote.