Berserk version 2016, c’est un peu comme si tu avais pris l'une des sagas de dark fantasy les plus cultes, lui avais donné un traitement moderne… mais en te trompant complètement de direction artistique. Guts, notre héros aussi balèze qu'un tank et avec une épée aussi grande qu'un bus, revient pour trancher du démon, de la chair et des âmes, mais le vrai ennemi dans cette série, c'est surtout l'animation.
L’histoire, fidèle au manga de Kentaro Miura, continue de suivre Guts, alias "le Chevalier Noir", dans sa quête sanglante et désespérée pour survivre dans un monde aussi sombre que brutal. Après les événements traumatisants de l’Âge d’Or, Guts est littéralement en croisade contre les apôtres démoniaques, tout en portant sa fameuse rage contre Griffith, son ancien camarade et désormais ennemi juré. C’est l’épopée classique du solitaire torturé avec un passé douloureux, un futur incertain, et une épée capable de fendre une montagne. Sauf que la série semble avoir oublié de bien polir son arme principale : l'animation.
Le plus gros problème de Berserk 2016, c’est son utilisation maladroite de l’animation en 3D. Si le sang coule à flots, on ne peut pas dire que l’animation soit aussi fluide. Les personnages bougent comme des marionnettes rigides, et certaines scènes te donnent l’impression de regarder un jeu vidéo des années 2000, mais sans la manette pour intervenir. La série aurait pu être un chef-d'œuvre visuel, mais les textures étranges et les mouvements saccadés t’empêchent de vraiment t’immerger dans cet univers chaotique. Quand Guts frappe avec son épée, tu devrais ressentir l’impact… mais tout ce que tu ressens, c’est l’envie de revoir la version de 1997.
Côté histoire, on est toujours dans le bon. L’univers de Berserk reste l’un des plus impitoyables et fascinants de la dark fantasy. Guts est un héros qui souffre, et la série ne te laisse jamais oublier à quel point ce monde est cruel. Les démons, les massacres, les trahisons... Tout est là pour te rappeler que l’espoir est une denrée aussi rare que la lumière du soleil dans cette série. Mais même si l’intrigue est captivante, l’exécution visuelle te fait constamment décrocher. Tu veux t’impliquer émotionnellement dans le drame de Guts, mais tu te retrouves distrait par une animation qui rend même les moments les plus sombres un peu… ridicules.
Les combats, qui devraient être le point fort de la série, sont souvent gâchés par cette animation CGI bancale. Guts se bat contre des hordes de monstres, mais les coups manquent de poids, et l’action manque d'intensité. On sent bien que l'équipe derrière la série voulait recréer la brutalité du manga, mais à chaque swing d’épée, tu te retrouves à te demander pourquoi tout semble si… plastique. Les adversaires de Guts sont tout aussi impressionnants dans leur design, mais ils bougent comme s'ils étaient coincés dans une vieille cinématique de jeu vidéo.
Le ton de la série, quant à lui, est fidèle à l'univers de Berserk. On est plongé dans un monde où tout est noir, dépressif, et violent. Les thèmes abordés – trahison, vengeance, lutte contre les démons intérieurs et extérieurs – sont toujours aussi percutants. Mais là encore, à cause de l’animation, cette atmosphère oppressante ne prend pas autant qu’elle le devrait. Les dialogues, souvent intenses, manquent parfois de fluidité à cause du décalage entre l’émotion des personnages et leur expression figée.
En résumé, Berserk 2016 est une série qui avait le potentiel de briller grâce à son intrigue sombre et son héros torturé, mais qui trébuche sévèrement à cause d’une animation qui semble coincée dans une autre époque. Si tu es fan de l’histoire et des personnages, tu trouveras peut-être de quoi t’accrocher dans ce carnage visuel, mais si tu espérais un spectacle digne du chef-d'œuvre original, tu risques de passer plus de temps à maudire les choix esthétiques qu’à savourer les combats épiques. Berserk tranche toujours fort, mais ici, c’est surtout ta patience qui prend un coup.