L'idée même d'un spin off à Breaking Bad (soit la meilleure série du monde) avait de quoi diviser. Oui, l'univers et les personnages de Breaking Bad offraient nombreuses possibilités, des personnages aussi géniaux que Mike ou justement, Saul Goodman n'avaient pas vraiment eu leurs moments de gloire (logique ceci dit pour des personnages secondaires). Il y avait donc matière à faire une série.
Sauf qu'on parle quand même de Breaking Bad, une œuvre si marquante et si réussie que faire un spin off s'apparentait évidemment à faire moins bien. Breaking Bad est un miracle, et malgré le génie de Vince Gilligan et de Peter Gould, on pouvait douter de leur capacité à réitérer l'exploit.
En tout cas, la première fois que j'ai regardé Better Call Saul, c'est ce que je m'étais dis. On est quand même à des années lumières de l'incroyable réussite qu'est Breaking Bad. Bon, à l'époque, il n'y avait que deux saisons, et pour être tout à fait honnête, je suis devenu fan de Breaking Bad qu'à partir de la troisième saison (même si maintenant, j'adore l'ensemble). Tout ça pour dire que plusieurs années après, maintenant que nombreuses saisons sont disponibles, je me suis relancé dans Better Call Saul pour avoir un avis global.
Et en fait, c'est carrément bon. C'est pas un chef d’œuvre, comme je l'ai dis, on est bien loin de Breaking Bad, mais dès le début, Better Call Saul part de façon très louable pour une raison: il ne se prend pas pour Breaking Bad. Évidemment qu'on y retrouve l'univers, certains personnages, la mise en scène virtuose et le style de narration, mais dans son ensemble Better Call Saul n'essaye pas d'être Breaking Bad, mais essaye de se créer sa propre singularité.
De ce fait, si Breaking Bad nous montrait un homme plongeant dans le monde abyssal du crime pour ne jamais en sortir, Better Call Saul nous présente ici un homme qui a déjà goûté à la criminalité, mais qui essaye de s'en extirper. Le personnage, c'est James McGill, bien avant d'être l'avocat véreux sous le pseudonyme de Saul Goodman, est ici un gars en galère, qui tente tant bien que mal de s'en sortir financièrement dans un domaine cruel qu'est celui de la justice.
Penchant constamment entre avocat honnête voulant faire le bien, et grosse raclure transgressant la loi pour parvenir à ses fins, Jimmy McGill est un personnage passionnant à suivre. Pas seulement parce qu'il est hilarant, mais parce qu'on nous présente là un personnage qu'on avait toujours vu sûr de lui dans Breaking Bad et qui, ici, est en constante galère. On y rencontre un Saul Goodman bien plus humain, plus touchant et surtout plus fragile. Et sincèrement, j'en suis juste devenu fan. Suivre Jimmy dans ses galère juridique et financières est un véritable plaisir.
D'autant plus que la série ne se limite pas qu'à Jimmy. On y suit également Mike qui lui aussi plonge inexorablement vers la criminalité. D'ailleurs, on pourrait presque dire que Better Call Saul regroupe deux séries en une. Car en vérité, même si Jimmy et Mike se croisent de temps en temps, ils font très souvent leurs trucs chacun de leur côté. Le soucis, c'est que les deux histoires sont carrément différentes, même dans l'ambiance, ce qui crée parfois une certaine irrégularité dans la narration. Alors oui, c'est génial de voir Mike travailler avec Gus contre les Salamanca, c'est aussi génial de voir Jimmy faire ses magouilles, mais voilà, les deux histoires n'ont pas grand chose à voir et des fois, ça se fait sentir.
Mais tout ça est sauvé par le fait que la série encore une fois, ne se limite pas qu'à ces deux personnages qu'on connaît, mine de rien, plutôt bien. La série introduit nombreux personnages comme Chuck, le frère de Jimmy, Kim sa copine ou encore Nacho, un homme de main de Hector Salamanca. Nacho d'ailleurs, j'étais persuadé qu'on en entendrait plus parler au bout de deux saisons, et pourtant, il s'est imposé comme un personnage passionnant à suivre qui lui aussi, tente en quelque sorte de s'extraire du monde violent de la criminalité (et comme pour Walter White dans Breaking Bad, ses agissements ont des conséquences sur sa famille).
Enfin voilà, je ne pense pas que Better Call Saul ait à rougir de Breaking Bad bien qu'il s'agit là d'une série inférieure. Parce qu'au final, la nouvelle création de Vince Gilligan a réussi à créer sa propre singularité et se détacher assez bien de Breaking Bad pour devenir unique à sa façon. En tout cas, il s'agit là d'une série extrêmement prenante à suivre, mais voilà, il ne faut pas s'attendre à un Breaking Bad bis, et tant mieux.
Pas de quoi stresser, it's all good man !