Better Caul Saul, le retour de l’avocat véreux de Breaking Bad.
En juillet 2012, Vince Gilligan parle d’un possible spin-off de Breaking Bad se concentrant sur l’avocat véreux et amusant de Walter White et Jesse Pinkman. Les fans, évidement, s’emballent. En avril 2013, la série est annoncée officiellement. C’est en deux parties, dimanche et lundi, qu’est passée cette introduction des aventures de James "Jimmy" McGill, sept ans avant sa rencontre avec notre professeur de chimie préféré, et avant qu’il n’adopte son pseudonyme : Saul Goodman.
Les spin-off sont souvent décevants, les chaînes misant sur la popularité d’un show, usant d’équipes moins talentueuses et d’histoires moins bien écrites pour se faire de l’argent facilement. C’est cette appréhension que nous avions en regardant le pilote de Better Call Saul, tout de même un peu rassuré par la présence de Vince Gilligan et Peter Gould aux manettes, de Bob Odenkirk et Jonathan Banks au casting.
Les premières minutes de la série nous dépeignent un Saul Goodman post-Breaking Bad: moustachu, déprimé, craintif, forcé de se cacher et ruminant une gloire passée. Quelques minutes silencieuses, en noir et blanc, qui font immédiatement penser à ces moments qui ouvraient régulièrement les saisons et épisodes de la série dont il est dérivé. Mais notre avocat s’installe dans son fauteuil, insère une cassette dans son magnétoscope. On entend alors les fameuses publicités de l’âge d’or de notre héros, et peu à peu, les couleurs reviennent, subtilement, dans les lunettes du vieux Saul. Le show semble alors crier: « Breaking Bad, c’est fini! Better Call Saul c’est parti! ».
On retrouve tout de même le style Gilligan : une esthétique soignée mais jamais tape à l’œil, des cadrages dont l’originalité accentue l’efficacité ainsi qu’une palette de couleurs, décors, ambiances et lumières, le Nouveau-Mexique semblant convenir parfaitement au showrunner. Toutefois si vous vous attendiez à voir un Breaking Bad bis, vous serez déçus. Dès le début, malgré une esthétique similaire, le ton semble différent, de par le personnage sur lequel on se focalise. Il est ici au tout début de sa carrière. Fauché, avec une clientèle inexistante et un bureau miteux, le personnage d’Odenkirk amuse de par son côté loufoque et malchanceux, une espèce de raté flamboyant qui cherche à trouver sa place en tant qu’avocat respectable.
Le personnage pourrait être tout droit issu d’un film des frères Cohen, tellement la lose semble inscrite dans son ADN. Notre héros prend alors ici beaucoup plus d’épaisseur : on lui découvre un quotidien, des frustrations, un frère et sort assez vite du carcan d’avocat rigolo pour devenir un personnage aux multiples facettes, à la fois grave et amusant, honnête et magouilleur. Et si à la fin du premier épisode on pourra croire que la série a des velléités comiques, la seconde partie du pilote nous rappellera l’univers dans lequel se passe cette histoire, celui de la pègre, de la drogue, de la violence. Et c’est l’angle choisi pour le décrire qui dénote et marque une profonde différence avec le show original. Le héros n’a plus la même place dans cet univers, et nous permet de le voir d’une autre manière, sans impression de redondance mais plutôt avec la fraîcheur d’un regard neuf.
Better Call Saul s’impose magistralement en deux épisodes grandioses, rappelant parfois ses origines sans être lourd. Le show reste accessible au plus grand nombre, ne nécessitant pas d’avoir vu Breaking Bad au préalable pour le comprendre, même si cela ne le rend que plus appréciable. On retrouve une écriture et une esthétique connue, mais utilisée pour mettre en valeur un angle différent du monde criminel. On ne peut alors que recommander ce pilote pour sa qualité d’écriture, son ambiance fun et pour assister à la genèse de, ce qui sera sas doute une grande série drama, avec une bonne dose d’humour noir.