Avis saisons par saisons de Better Call Saul.
Saison 1 : Sans doute le meilleur spin-off au monde.
(Avis écrit le 9 avril 2015)
Je regarde maintenant assez peu de séries, mais je me suis laissé tenté par Better Call Saul en pensant que ça serait une sitcom qui se regarde rapidement. C'est faux.
Il n'en reste pas moins que c'est un spin-off comme on aimerait en voir plus souvent : Beaucoup de spin-offs ne réussissent pas à s'éloigner suffisamment de la série de base, ou se construisent sur des personnages qui s'avèrent être peu intéressant en eux-même ou demeurent des "sous produit" de la série originale.
Ici, ça peut se regarder sans avoir vu d'épisode de Breaking Bad et les deux personnages de la série mère (+ un guest) sont correctement réintroduits et auraient pu être des personnages originaux sans que l'on sentent la différence. La série réussit à réimplanter l'univers de Breaking Bad, sa façon de filmer le Nouveau Mexique et d'utiliser des personnages "moralement gris" sans qu'on ai une impression de redite. C'est comme vivre une autre histoire.
Ici, on est plus axés sur les crimes et les dealers, mais sur un série sur la magouille aux USA vu au travers de l'avocat toujours à la limite de devenir un avocat marron : le comptable qui détourne l'argent de sa boite, les types qui simulent un accident, les maisons de retraites qui surfacturent les petits vieux, et les arnaques de bars (le dernier épisode est un florilège d'arnaques complètes....) Le tout avec des personnages intéressant, parfois attachant et une trame sur la saison qui est maîtrisée.
De plus, cette série m'a permis de voir l'évolution de la diffusion des épisodes. Moi qui en était resté limite au hertzien dans ma tête, je m'aperçois qu'on peut trouver non seulement un épisode sous-titré mais carrément doublé LE LENDEMAIN DE SA DIFFUSION. Et qu'il y a des pubs dans Télérama pour une série qui n'en est qu'à sa diffusion US.
Whaaa....
Saison 2 : Being good sucks.
Et on est reparti pour une saison 2 du "spin-off le plus réussi du monde" et c'est toujours un plaisir de voir l'évolution des personnages.
Bon, après il faut vraiment se l'avouer, Better Call Saul est une ressucé de la formule Breaking Bad mais dans un monde d'avocats. Là où l'on regardait Walter White s'enfoncer peu à peu et devenir le big boss du deal d'amphétamine, on regarde Jimmy Mc Gill s'enfoncer dans l'illégalité.
Du coup, cette année, c'est l'année où Jimmy tente vraiment de rentrer dans le rang, d'éviter les petites magouilles et de faire un travail correct pour le bien de tous. J'avais gueulé à la fin de la saison 1 lorsqu'il faisait demi-tour en dépit de toute caractérisation (tout ça pour le revoir changer de position après le premier épisode de la saison 2.) Je détestais ça puisqu'on voyait dans la saison 1 que l'affaire lui tenait à coeur, qu'il était à l'aise avec les petits vieux, qu'il avait la tchatche et qu'il réussissait. Or, cette saison, s'il travaille bien sur cette affaire (et en est rétribué monétairement et socialement pour...) on l'interdit de faire ce qu'il aime faire : plus de sollicitations, plus de petites magouilles et même le spot de télévision (horriblement kitsch et relativement putassier) qu'il fait ne plait pas. (Ceci dit, la manière dont il l'a imposé à sa direction est stupide... A quoi tu pensais Jimmy ?)
Mais du coup, ça donne une saison où l'on a droit à un peu moins du Bob Odenkirk show et où l'on se concentre un peu plus sur les personnages de Kim et de Mike. (A une lettre prêt on avait un palyndrome...)
Avec Kim, on sent que les scénaristes tentent de ne pas refaire l'erreur de ce qu'ils avaient fait avec Skyler dans Breaking Bad : s'il s'agit d'un personnage féminin (et love interest) qui tente de ramener le héros sur le droit chemin, Kim est bien moins "mère la morale coincée" que Skyler. Elle est bien plus ambigüe, se laisse tenter par le monde des petites magouilles et on voit beaucoup plus les choses de son point de vue (lorsqu'elle tente de remonter la pente à HHM après avoir endossé les responsabilités pour Jimmy.)
Quant à Mike, il fait son bout de chemin avec une intrigue très proche de l'univers de Breaking Bad (on retrouve certains personnages de trafiquants de drogues qui viennent faire des coucous...) dans laquelle il s'enfonce malgré ses bonnes intentions. C'est très sympa, bien écrit et nerveux (et Johnatan Banks y est génial) mais pour le coup, ça fait un peu une intrigue parralèle et je vois déjà les gens se plaindre d'un syndrôme à la Desperate Housewive (où les quatre héroïnes vivaient leurs intrigues chacune dans leur coin et se faisaient coucou de temps en temps...)
De plus, la saison manque d'un grand final :
A la fin de la saison, Mike est toujours coincé dans son statut quo contre les Salamanca et Howard cherche encore à faire en sorte que son frère ne puisse plus jamais exercer la profession d'avocat, malgré toutes les gentillesse qu'il lui fait. Ce qui aboutit à une conclusion totalement peu satisfaisante.
Au final, toute l'affaire autour des maisons de retraites arnaquant les personnes âgées passera totalement au second plan pour avoir des histoires d'avocats (et de frangins surtout) se tirant dans les pattes.
J'en attends du coup, pas mal de la saison 3 !
Saison 3 : Hé bah, heuuu...
(avis écrit le 27 août 2017)
En lisant sur le site de critique de série PerdUSA qu'ils avaient complètement oubliés de regarder la troisième saison de Better Call Saul, j'ai fait un "quoi, elle est passée ?" Je crois qu'en ce moment c'est dur pour une série de refaire parler d'elle après trois saisons si elle ne s'appelle pas Game Of Thrones ou Walking Dead.
Du coup... j'ai regardé ça et j'ai pas grand chose à dire de plus que la saison 2 : On suit la lente chute de Jimmy McGill. Chute qui est d'autant plus lente qu'il lui pousse très souvent des élans de bonté entre deux moment où il agit comme un salaud. Et surtout, les personnages sont suffisamment bien planté pour qu'on comprenne pourquoi il en arrive, par exemple, à se séparer de son frère. (Chuck devenant de plus en plus odieux.)
Du coup, c'est pas mauvais, c'est juste qu'on sait pas trop où ça mène. On se dit que les scénaristes se donnent 6 ans et à chaque fois qu'il y a un pas en avant vers la situation que l'on connait dans la série Breaking Bad il est noyé au milieu d'intrigue, et on voit parfois arriver des pas en arrière. L'ajout de Gustavo Fring cette saison continue à unifier l'univers qui au final fonctionne pas mal.
Bref, c'est pas mauvais, ça manque juste d'un truc qui permettrait de le sortir du train-train.
Saison 4 : Better a cold soul
(avis écrit le 28 octobre 2017)
Je n'ai pas grand chose à dire par rapport aux années précédentes : ça reste une excellente série qui prend son temps. Pour le coup, cette année on voit s'amorcer le virage tant attendu depuis longtemps, même si la série nous piège plusieurs fois en nous faisant croire que ICI on allait trouver le changement : que ce soit dans son business des téléphones portables, dans la mort de Chuck ou dans sa relation de couple. Et elle nous laisse nous prendre le pied dans certains chausses trappes.
On trouve aussi une magouille assez drôle à voir même si tiré par les cheveux. Et du côté de Mike, la descente vers l'illégalité est parallèle : lente, prévisible, mais bien amenée. Quant à Kim, on voit que les scénaristes ont retenu la leçon de Skyler : c'est un personnage qu'on aime bien et qu'on aime suivre.
On sent aussi qu'elle se débarrasse des personnages dont elle n'a pas grand rôle à donner : Nacho a des épisodes où il n'apparait pas et le personnage d'Howard est très très en retrait.
Saison 5 : Ça sent la fin :
(Critique écrite le 22 avril 2020)
J'ai commencé à regarder cette saison un peu comme une formalité et qui a fini par me prendre aux tripes. Il faut dire que la série que la commence à trop se rapprocher de Breaking Bad : on a Hank et son pote qui viennent le temps de quelques épisodes et on a la raison pour laquelle Crazy-8 est leur indic, et pourquoi il s'appelle Crazy-8. On avait peut-être pas besoin de tout ça.
Mais la série arrive toujours a trouver un équilibre entre "histoires de gangsters" et "histoire de magouilles judiciaires." Côté judiciaires on a eu cette année "1001 astuces pour retarder la démolition d'une baraque" tandis que côté gangster, on a Lalo qui est un bon personnage qui s'ajoute assez bien à la figure des bandits de la série et un épisode "coup de poing" dans l'avant-avant dernier épisode.
Better Call Saul reste ma foi assez bien foutu. Ca prend toujours un poil trop son temps, mais ça déjoue toujours nos attentes (le fameux épisode "Goodman vs Waxler" n'est pas du tout ce que l'on croit.) Kim toujours impeccable et il y a une vraie alchimie entre elle et le personnage de Jimmy (la scène des bières balancées au balcon vaut le coup.)
Howard est devenu un peu le butt-monkey de Jimmy et j'avoue que je me demandait la moitié du temps à quoi servait ses apparitions, mis à part qu'il fait parti du casting. Mais... avec le dernier épisode, on commence ENFIN à voir où ils veulent en venir depuis tout ce temps. D'ailleurs quelques wagons semblent être raccrochés avec la saison 1 de Breaking Bad (une histoire de cadavre sous un porsche à un moment) et du coup, j'espère que la saison 6 va enfin nous offrir le final tant espéré après une saison qui reste quand même dans sa majorité un gros gros build up.
Saison 6 : Final de toute beauté
(Critique écrite à la mi-Août 2022)
Ça y est. Après 7 ans d'attente (et 6 saisons) Better Call Saul est enfin fini. Ce qui marque une fin super attendue, puisque c'est à la fois la celle de la série spin-off mais de tous le "Breaking Badverse" (qui compte Breaking Bad, le téléfilm El Camino et Better Call Saul.)
Et d'ailleurs, c'est pas trop tôt parce que malgré le fait qu'on soit content que la série puisse offrir des scènes supplémentaires avec les personnages de Breaking Bad, c'est assez évident de voir qu'ils ont bien vieillis. Et c'est d'autant plus drôle quand on sait que l'action de la série se déroule entre 2002 et 2010 (soit 8 ans) mais les deux séries cumulées auront duré 14 ans. (De 2008 à 2022)
On voit donc enfin la descente aux enfers programmées de Jimmy McGill pour se transformer en le corrompu Saul Goodman, même si les scénaristes ont choisis de faire une ellipse abrupte de six mois. Alors moi qui disait que la série pouvait se regarder indépendemment de Breaking Bad, je dois avouer que sur cette saison, c'est un peu compliqué. J'ai même du re-regarder l'épisode nommé "Better Call Saul" de Breaking Bad avant l'épisode "Breaking Bad" de Better Call Saul, tant les deux sont entrecroisés. Et surtout, si vous voulez savoir ce qu'il arrive à Mike ou Gus Fring, il vaut mieux mater Breaking Bad.
Mais pour le reste, on est sur une fin de saison incroyable, qui boucle toutes les intrigues, ce qui est d'autant plus dingue que je me suis souvent demandé où la série voulait en venir (notamment sur les saisons 3 et 4) notamment durant la toute première partie de toute cette saison où l'on voit Jimmy et Kim hourdir un plan secret. Et puis, tout se met en branle dans l'épisode de fin de partie. S'en est suivit une seconde partie où chaque fin d'épisode, j'étais scotché, et je me disais "mais ils parlent de quoi la semaine prochaine ?" A chaque épisode que je commençais, j'étais parti pour une heure sans discontinuer.
Les personnages sont impeccables, et chapeau à celui de Kim Wexler, est officiellement le personnage féminin le mieux écrit du breaking badverse. D'ailleurs, cela donne l'impression
que la série pourrait être résumé comme une histoire d'amour non conventionnelle.
Le dernier épisode n'est pas en reste, avec en prime une photo impeccable et un jeu sur le noir et blanc. J'ai suivi tout ce film comme j'avais suivi le film The Barber des frères Cohen 20 ans plus tôt : cette impression que ça pourrait se finir à tout moment mais qu'on est tellement bien dans cette histoire qu'on savoure chaque scène.
Bref, rien à redire. Masterclass absolue.