*Saison 1 :
Précédé d'une réputation flatteuse (la 1ère série capable de succèder à "Six Feet Under"), "Big Love" commence forcément par décevoir, sans doute parce qu'à l'universalité du thème de la mort, se substitue ici une peinture de la singularité sexuelle et religieuse face aux normes de la société américaine. Puis, à force de glissements subtils de la narration, et surtout grâce à la plus belle troupe d'acteurs (... venant du cinéma, cette fois, il est vrai) réunie dans une série TV, nous voilà conquis, puis enthousiastes : si la mise au point politique est claire - références régulières à l'Irak, parallèle entre la polygamie et l'islam -, c'est la douce ambigüité qui régit les rapports - obligatoirement - complexes entre les membres de cette famille "spéciale", et leurs interactions avec les autres communautés qui les rejettent et les attirent pourtant, qui fait tout le prix de "Big Love". Les derniers épisodes "décollent" d'ailleurs de manière surprenante, avec plusieurs scènes d'une rare intensité. Vivement la saison 2 !
[Critique écrite en 2008]
Saison 2 :
A sa deuxième saison, voilà que "Big Love" se hisse clairement au pinacle des grandes, des immenses séries TV, tout près des "Sopranos" et de "Six Feet Under", deux autres réussites de HBO... Des "Sopranos", elle reprend d'ailleurs le principe extrêmement ambitieux de l'empathie envers des personnages qui nous sont de plus en plus étrangers (dans leur fanatisme religieux, leur obscurantisme, leurs pratiques littéralement "déviantes") et nous restent pourtant étrangement proches - le "plus" de la durée apportée par la série. De "Six Feet Under", elle sait reproduire la finesse cafardeuse de l'analyse de relations familiales fondamentalement vouées à l'échec, malgré tout l'amour qui existe entre les personnages. Mais le vrai "tour d'écrou" donné à cette saison 2, c'est incontestablement son scénario foisonnant, à la richesse et la complexité bluffantes : on passe du rire à l'émotion, de l'angoisse à la légèreté à chaque scène, voire même à chaque instant. Attention : chef d’œuvre !
[Critique écrite en 2008]
Saison 3 :
3 ans ont passé depuis le choc de la Saison 2 de "Big Love", et c'est avec fébrilité que je me suis lancé dans cette 3ème fournée de scènes de la vie conjugale mormone... Quelle déception ! Les 3 premiers épisodes - au moins - sont tout simplement ennuyeux, les scénarios ronronnant autour de situations déjà largement explorées, avant que l'intrigue principale ne se développe enfin, et que l'on se rende compte que... on ne comprend pas grand chose à ces histoires de lettres validant ou non la polygamie, et de batailles d'influence autour de la véracité ou non de ce document. Difficile dans ce contexte de se passionner pour les affres de la famille Henrickson, au long de scènes si répétitives que même les acteurs - si brillants jusque là - semblent avoir baissé les bras. On s'achemine doucement, avec quelques coups de force quand même, vers une conclusion joliment tendue, qui pourrait conclure proprement toute la saga, et on classerait presque "Big Love" dans la catégorie des grands espoirs déçus, s'il n'y avait ce 6ème épisode qui emmène notre petite troupe dans un road movie baroque, et qui touche au pur génie.
[Critique écrite en 2011]