Sorte de House of Cards de la justice et de la haute finance, centré sur l'affrontement très personnel d'un procureur fédéral et d'un milliardaire, Billions est une série au propos souvent très cynique mais de qualité.
J'avais écrit une longue critique après avoir vu la saison 1, reprochant surtout à la série son scénario de charger trop la barque du procureur (et des divers représentants de la justice, soit carriéristes soit semblant nourrir surtout des rêves de vengeance anti-riches ou mus par des penchants inavouables - le personnage principal semblant avoir un goût particulier pour les relations basée sur la domination- et sortant régulièrement des clous) par rapport à celle du milliardaire (apparaissant comme le personnage le plus humain, normal et sympathique de la série malgré ses magouilles, en plus d'être d'un machiavélisme génial, pendant une grande partie de celle ci). Au point que je lui prêtais l'intention perverse de manipuler le spectateur pour le conduire à prendre le parti de la finance face à la justice.
La saison 2 renversant les rôles en conduisant bien plus à épouser le point de vue du procureur, qui se retrouve cette fois sur le banc des accusés pour certains abus de la saison précédente, et insistant bien plus sur les conséquences de la fraude financière tout en rendant le milliardaire à la fois moins humain (s'il hésite, il choisit bien le coté sombre de la force quand il a le choix entre deux politiques) et moins surhumain (il fait finalement assez d'erreurs pour apparaître réaliste quand dans la saison 1 il se montrait souvent excessivement génial) ; je me dois de reconnaître que ce reproche était immérité. Et par ailleurs je trouve cette s2 bien plus prenante et mieux réalisée que la une.
Plus globalement il faut juste accepter pour l'apprécier que l'intérêt de cette série est plus dans le coté machiavélique des stratégies déployées par les deux camps, et les twists qu'elles entrainent, que dans une représentation réaliste des mondes concernés (enfin à moins qu'on juge le réalisme à la noirceur de la vision de la justice américaine et de la finance qui s'en dégage) ou un discours moral/politique. Après elle est très bien interprétée et pas mal réalisée, laissant juste à déplorer la présence de quelques intrigues qui font un peu trop bouche-trous entre personnages secondaires (classiques intrigues amoureuses ou rivalités professionnelles entre second rôles, ou péripéties familiales sans grand intérêt).