Les jeux vidéos ont GTA, les séries télévisées ont Banshee, les films ont des références à n'en plus finir. ll fallait bien que le domaine de l'animation japonaise, très prolifique, puisse se targuer elle aussi de posséder d'un univers où les armes chantent à gogo, dans un milieu d'une violence et débauche si extrême qu'elle en devient jouissive. Une fois n'est pas coutume, il s'agit d'une adaptation de manga. La critique qui suit porte sur les deux saisons de l'anime.
Autant le dire directement, je n'ai pas caché mon plaisir. À la manière d'un Cowboy Bebop, Black Lagoon débute par une série de minis arcs plutôt indépendants où l'on voit toute l'imagination du créateur se déployer devant nos yeux. Eh oui, les idées fusent tellement que ça en devient vite trépidant. On n'échappe à rien : les nazis qui font une chorale, la servante avec un arsenal d'armes, les jumeaux vampires psychopathes et incestueux, les bonnes sœurs avec des flingues. On est pleinement immergé (comme le Black Lagoon) dans un milieu truffé de femmes badass, des guerres entre mafias.
Au début, j'aurais presque pu dire que l'anime ne se prenait pas au sérieux. Qu'il s'agissait d'une série B parfois absurde qui enchaînait les gun-fights qui pouvaient parfois s'avérer répétitives. il existe une certaine profondeur, des arcs plus sérieux. Bien évidemment, l’invincibilité des personnages réduit les véritables possibilités de tensions dramatiques, mais certains personnages d'apparence simplistes présentent un aspect plus mature lors des discours qui exhalent même une portée philosophique.
Cet anime présente une galerie de personnages assez variée. Bien évidemment, le héros demeure trop classique pour le genre, voire plutôt plat par moments. Il est gentil, souhaite aider les autres, déplore la violence du milieu. Bref, il sert surtout à l'identification, tant il ne se démarque que vers la fin. Car le personnage qui crève l'écran, c'est bien entendu Revy ! Elle est badass, elle est cool, elle manie bien ses armes, mais au-delà de cette simplicité, elle fait preuve d'intelligence par moments, et nous sert des scènes de baston mémorables, le tout dans une tenue trop légère pour être crédible. On pourrait presque dire qu'il n'y en a que pour elle. Pour les autres personnages principaux, c'est un peu dommage : Dutch et Benny, importants au début, deviennent quasiment figurants dans les derniers épisodes, et n'ont pas le développement qu'ils méritent. Sinon, les personnages secondaires pourraient presque tous être qualifiés de "géniaux" : entre Balalaïka, presque touchante vers la fin, Eda, amie et rivale de Revy, Ginji, badass et j'en passe. Au surplus, Black Lagoon peut se targuer d'une bonne diversité culturelle : les personnages sont chinois, américains, japonais, sud-américains, taïwanais, sans parler des différentes religions. Pour résumer, presque que du bon. Quel dommage pour le traitement inégal de certains.
En ce qui concerne l'animation, hormis quelques plans un peu laid, je n'ai rien à reprocher : c'est fluide, dynamique, et les couleurs vives conviennent à l'ambiance installée d'épisodes en épisodes. Il en va de même pour les musiques, bien que la plupart soient plutôt oubliables, voire répétitives.
Concernant l'ambiance générale justement, si elle parvient à rendre la violence "jouissive", l'anime n'oublie jamais de parler, et sans vergogne d'ailleurs, de guerre entre mafias, assassinats, trafics d'enfant, drogue. Elle évite juste le sexe, de peu si j'ose dire. Et elle ne traite pas juste de des thèmes-dans un semblant de maturité, il s'agit d'un choix pleinement assumé.
Black Lagoon n'est pas un anime spécialement profond, épique, dramatique ou humoristique. Disons qu'il oscille entre toutes ses phrases, marquant une identité forte dans son milieu. Il maîtrise ses sujets et se révèle même plus intelligent qu'il n'y paraît. Un divertissement très efficace, en somme.