C’est une petite caméra, portative, très performante, idéale pour filmer en basse lumière, en clair, et pour résumer, une bête de course. Bien qu’abordable pour un public amateur, je n’ai pas encore eu les ressources nécessaires pour m’offrir un tel joujou. On le sait, la qualité ça se paie, ça se mérite même. Et pour les films aussi. Peut-on dire que Black Magic m-66 en a « fait les frais » ?
Quelle que soit la réponse, il est clair que c’est ce que j’espérais. Je voulais voir quelque chose d’inoubliable, de démentiel, je voulais poursuivre mon voyage au travers des pépites méconnues de l’animation japonaise. Les décors peints, l’ambiance eighties, les animations dessinées au crayon, tout ça c’est très bien. Mais est ce que le charme des vieilles planches suffit à sauver un film ? Non. Alors je rassure, Black Magic n’est pas à « sauver ». C’est un très bon divertissement qui rappelle quelques souvenirs de Terminator. Néanmoins… Quelle déception. Un tel gâchis d’idées, de personnages, qui se mêlent joyeusement dans une histoire clichée et vide de sens. Certains plans m’ont mis hors de moi, mais d'autres m'ont carrément inspiré ! Parfois, je m'imaginais même refaire le film. Et c’est peut-être pour ça, finalement, que je la voulais, cette blackmagic.
Nous suivons Sybel, reporter libre et intrépide qui se hisse dans les endroits les plus dangereux à la recherche du meilleur scoop. Armée de sa caméra, elle s’immisce dans des affaires qui ne la regardent pas, mais va se révéler décisive dans une mission-sauvetage incluant l’armée. Pas besoin de beaucoup plus pour nous attacher à ce personnage. Son seul défaut est son sidekick comique, moins personnage à part entière que faire-valoir ridicule, dont la présence, certes sympathique, ne mène malheureusement pas à grand-chose.
Mais dans le cas de Black Magic M-66, je ne pense pas que le manque de développement des personnages soit un problème, critique que je trouve çà et là sur le net. Pour moi, ce qui manque, c’est une touche d’originalité, c’est ce quelque chose qui nous rappelle l’œuvre, c’est une folie dans sa réalisation, une excentricité dans son récit, dans ses thèmes, bref, quelque chose qui élèverait un peu le matériau de base… En fait, on a l’impression d’être face à une coquille vide. C’est vraiment du divertissement sans prise de tête. Et c’est dommage… parce qu’il y avait réellement moyen de faire quelque chose de plus grand, de prolonger cette ébauche d’univers, où les rues crades et jazzy semblent être restées dans les années fin de siècle, où les gratte-ciels opaques qui disparaissent dans la nuit s’illuminent à mesure que l’on descend vers la ville, où enfin ces bars brumeux dans lesquels se rejoignent espèces et modes vestimentaires toutes plus étonnantes les unes que les autres. C’est ça le cyberpunk, c’est le rêve, c’est le point de réunion de divers genres, de diverses époques, de diverses espèces. C’est cet androïde androgyne, si beau et effrayant à la fois. Mais peu importe les conneries que l’on souhaite lui associer, ce qui est sûr, c’est que cet univers n’aurait pas dû s’arrêter à ce petit OAV.
En bref, j’ai eu l’impression d’effleurer quelque chose de grand, une ambition à demi-avouée, sans que le film n’ait eu l'envie de me le faire découvrir. Au lieu de ça, il a préféré se satisfaire de son fan-service et de ses quelques blagues, pas toujours très concluantes. Les designs des robots me plaisaient pourtant, le caractère de l’héroïne aussi, mais le fond, le fond....
A l’instar de son histoire qui a fini dans le journal du soir, comme un vieux fait-divers sans lendemain, ce film, qui aurait mérité quelques suites ou quelques minutes de plus, ne devrait pas rester bien longtemps, lui non plus, ancré dans nos mémoires.