"We're not bad people. But we did a bad thing".

Bienvenue chez les Rayburn, une famille aisée américaine qui à réussi à se construire une réputation dans les Keys, région paradisiaque du sud de la Floride. En apparence, rien de plus classique, avec cette idée du self made man, Robert et Sally Rayburn (respectivement joués par Sam Shepard et Sissy Spacek) ayant crées de toutes pièces l’Hôtel qui campe le récit. L'endroit parfait pour oublier tous les soucis du quotidien ?
Et bien pas vraiment...

On sait d'entrée que ce drama ne se préoccupera pas des petits problèmes entre voisins sans intérêts.

Sometimes, you know something's coming. [...] A voice in you head telling you that something is gonna go terribly wrong. And there is nothing you can do to stop it.

Le tout filmé par un travelling aérien sur un bus. "Someone's coming". Le cadre est directement posé dans ces deux minutes introductives : images léchées, voix-off prophétique et mystères à venir. Cette ambiance nous suivra jusqu'au dénouement de l'intrigue. Le fin du pilot nous éclaire encore plus sur la situation, en nous préparant au pire.
Mais ce serait trop facile.

L'intrigue posée -en partie-, la série suit son cours, sur un rythme lent mais prenant. Sur les quatre enfants qu'ont Sally et Robert, on constate qu'il y a une vraie rupture : John (Kyle Chandler), Kevin (Norbert Leo Butz) et Meg (Linda Cardellini), tous trois très attaché à leurs parents et vivant à proximité de l’hôtel familial, et Danny (Ben Mendelsohn), le mouton noir qui a tout l'air du déserteur. C'est son arrivée qui va tout chambouler, et tous ne sont pas heureux de le voir débarquer à commencer par Robert, le père. Il y a comme qui dirait anguille sous roche.
C'est à partir de là que des secrets bien enfouis vont ressurgir. Difficile d'en parler davantage sans révéler des éléments importants de l'intrigue, ce que je ne souhaite pas faire.

Côté réalisation, la triplette KZK (Kesssler-Zelman-Kessler) fait très bien le boulot, aucun soucis à ce niveau là. Le show se base également sur une photographie sublime, vraiment il n'y a pas d'autre mot. Jamais une plage n'avait été aussi bien filmée. En parallèle on note une bande son envoutante, qui se marie très bien à l'ensemble.
Sans surprise, les acteurs sont au niveau. On retrouve le Kyle Chandler de FNL, Linda Cardellini (Freaks and Geeks ou plus brièvement de Mad Men) ou encore Sissy Spacek (Badlands, Carrie au bal du Diable) qu'on ne on présente plus. Ben Mendelsohn est monstrueux, à tous les sens du terme.

Bloodline trouve sa conclusion dans un season finale absolument magistral, répondant à la perfection à ce qu'on avait entrevue dans le pilot et par les flashforwards incessants de début d'épisodes.
Cette série est une série sur la relativité du souvenir. La mémoire est un élément décisif du récit, et lie tous les personnages et intrigues que ce soit par les flashbacks ou par les évocations des personnages, tous deux récurrents. Ces souvenirs peuvent même devenir très personnels, comme dans ce final.

Mélodrame familial profond, Bloodline est exigeante, fascinante et mystérieuse, à la manière de The Leftovers, et permet à Netflix de poursuivre son ascension. House of Cards m'avait déjà tapé dans l’œil, avec Bloodline je suis conquis.

On peut dire que Bloodline n'aurait même pas besoin d'une suite, de par la maitrise parfaite de cette saison, et l'impression que la boucle est bouclée. Apparemment ce n'est pas le cas, KZK ayant prévu plusieurs saisons. Assurément une série à suivre, avec de belles promesses pour l'avenir, mais aussi quelques inquiétudes.
Pour cela, Bloodline devra passer le cap de la première saison, ce qui ne sera pas une tâche aisée.

We're not bad people. But we did a bad thing.