Sans âme

Sur un plan purement formel, cette série est à la fois très aboutie, surpassant bon nombre des séries actuelles, et à la fois insuffisante.

La série se veut à mon avis trop cinématographique, et oublie de ce fait de lui donner une âme. Ce n'est qu'un énième film de mafia, mais en version longue, ce qui peut par moment laisser le spectateur sur place. Quand je dis énième, je ne dis pas qu'elle n'apportera jamais rien, au contraire, les saisons à venir donneront sans aucun doute une épaisseur rarement (jamais ?) vu jusqu'alors cinéma - sur le sujet, entendons nous bien.

Mais c'est qu'en voulant imiter de trop près le grand écran et en se focalisant trop sur son sujet, Boardwalk Empire oublie de nous faire vibrer pour ses protagonistes. Contrairement aux Sopranos (par exemple), chaque scènes, ou presque toutes, se doivent d'être utile ici. Et en cela, en oubliant de donner une dimension humaine aux personnages, la série a beaucoup de mal à instaurer une proximité avec le téléspectateur.
Par ailleurs, les personnages sont très inégaux et souvent les femmes sont inconsistantes, se contentant de faire la pute.

Artistiquement, ça manque aussi cruellement d'originalité. D'abord la bande originale qui par moment est carrément envahissante (notamment l'épisode 1, le moins réussi selon moi), et parfois complètement transparente. On aurait aimé un peu plus d'audace.
Même critique pour la photo, la palette de couleur à elle seule suffit à vous endormir, tout ça est très académique. La série manque sérieusement de force.

Faudrait pas se méprendre non plus ; malgré ses défauts, Boardwalk Empire devrait clairement prendre de l'ampleur au fil des saisons, et réussir enfin à nous faire vibrer, mais un peu par la force des choses.

En attendant ça reste très plaisant, quoique parfois un peu fastidieux (surtout que le rythme est lui aussi pas toujours bien géré).